En pleine épidémie de coronavirus, les entreprises ont toutes été contraintes de s’organiser à la va-vite en télétravail. Pour les aider à garder le lien collaborateur et à gérer leurs projets à distance, de nombreux éditeurs se sont mis en action pour mettre à disposition leurs solutions numériques en accès gratuit ou à tarif préférentiel.
Des éditeurs en mode gestion de crise
Membre du Netx40, un dispositif du gouvernement qui réunit les start-up jugées les plus prometteuses, le rennais Klaxoon (240 salariés), un éditeur de logiciels spécialisés dans le travail en équipe, a montré la voie, dès le 10 mars. « Nous étions présents début janvier sur le CES de Las Vegas, explique Matthieu Beucher, PDG de l’entreprise. On parlait déjà du coronavirus. Puis on a eu des remontées clients. Il y avait des signaux assez clairs, dans le monde entier, que les structures étaient en train de se transformer et passaient en télétravail. On a senti qu’il faudrait être au point ». Au début du confinement, Klaxoon est donc passé en mode gestion de crise. « Nous avons changé nos méthodes, nos pratiques. On accompagne jusqu’à 1 000 nouvelles entreprises chaque jour, de toutes tailles et de tous secteurs. »
Les ESN vigilantes
L’éditeur breton n’est pas le seul à avoir avancé ses pions. Concurrent de Klaxoon, la start-up nantaise Beekast, inventeur d’une plateforme interactive dédiée aux réunions et aux formations, a proposé une offre similaire, gratuite pendant trois mois. La PME alsacienne Systancia a fait de même, en mettant à disposition sa solution qui permet d’accéder aux postes de travail et aux applications de l’entreprise, depuis n’importe quel ordinateur. De nombreuses entreprises de la tech répondent à l’appel de Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, et mettent leurs services à disposition des entreprises afin de les aider à faire face à la crise.
Annulation de projets
Malgré cette digitalisation accélérée, ESN et éditeurs de logiciels n’échappent pas à la crise. En cause : l’annulation ou la suspension de projets. Une enquête réalisée par ADN Ouest mi-avril (association qui fédère les acteurs du numérique de l’Ouest) estime que la moitié des entreprises du numérique devrait avoir un chiffre d’affaires impacté entre 10 et 30 % en 2020. Les conséquences pourraient s'avérer désastreuses. En Occitanie, l’arrêt de missions pourrait ainsi entraîner la destruction de 8 000 à 10 000 emplois sur les 45 000 que compte la filière numérique région, chiffre le Syntec Numérique.
Dans ce contexte, les organisations professionnelles (Cigref, Syntec, Tech In France) ont formulé des propositions pour tenter de relancer un secteur qui pèse 1 million d’emplois et 10 % du PIB national. Parmi celles-ci, figurent la mise en place d’un crédit d’impôt pour la transformation numérique ou le ciblage d’investissements publics et privés dans le numérique en fonction de critères d’indépendance stratégique, de résilience et de protection.
Le dirigeant de Klaxoon a cependant bon espoir d’opportunités à saisir à l’avenir. « Le terrain est assez ouvert pour les entreprises qui proposent des services de qualité, dans le domaine du travail à distance, mais aussi sur la partie marketing et accompagnement du client. Tout ce qui va aider l’activité à exister en ligne va sacrément s’accélérer. Mais probablement à la faveur de ceux qui ont déjà fait leurs preuves… »
