La propagation mondiale du coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19 a enclenché une course contre la montre pour rechercher, valider et administrer de nouveaux médicaments. Dans cette chaîne scientifique, l’un des maillons consiste, pour les laboratoires de recherche, à disposer de matériels de référence pour procéder à des contrôles qualité et à certifier les résultats d’études cliniques. Une partie de ce maillon se situe en Alsace, dans le parc d’innovation d’Illkirch-Graffenstaden, dans le Bas-Rhin.
La société Alsachim (CA 2019 : 3,6 M€ ; 40 collaborateurs) fabrique, pour son catalogue mais aussi à façon, des molécules marquées aux isotopes stables pour le secteur pharmaceutique, les centres de recherche ou encore les hôpitaux. Aujourd’hui, la medtech joue un rôle dans la lutte contre le Covid-19 puisqu’elle est en mesure de fournir des standards de référence essentiels aux laboratoires et aux hôpitaux dans la réalisation des dosages de médicaments dans le plasma sanguin de manière réglementaire.
Une longueur d'avance grâce à la veille scientifique
« Notre travail de veille scientifique nous a permis d’être attentifs dès le début de l’épidémie de Covid-19 en Chine et d’anticiper les besoins », explique Jean-François Hoeffler, président d’Alsachim, qui a rejoint en 2017 le groupe japonais Shimadzu (3,2 Md de dollars, 11 000 salariés), équipementier en instrumentation analytique. Dès mi-février, Alsachim a ainsi accéléré son activité pour fournir des standards de références pour les cinq antiviraux et antibiotiques les plus cités dans les études cliniques mises en place pour combattre le Covid-19, à savoir la chloroquine et l’hydroxychloroquine, le remdesivir et le Favipiravir (deux antiviraux testés contre le virus Ebola) et l’azithromycin, antibiotique testé en combinaison avec la chloroquine et l’hydroxyquloroquine.
Alsachim au point de départ de la recherche
« Ces standards de référence sont livrés à nos clients, les laboratoires d’analyse, les centres de recherche privés et les hôpitaux. Ils peuvent permettre un contrôle de qualité pour sécuriser le résultat de l’étude clinique réglementaire qui pourrait mettre à jour des effets toxiques ou thérapeutiques des traitements », souligne Jean-François Hoeffler.
Le chimiste de formation insiste sur le fait « qu’Alsachim ne produit pas de médicaments mais se positionne comme point de départ de la recherche effectuée par (ses) clients. Sans standard de référence, pas de suivi thérapeutique ». Dès le début de la crise sanitaire, l’entreprise a fait le choix de maintenir son activité avec des procédures strictes pour travailler dans un environnement sain et sécurisé. Par anticipation, la medtech a procédé à ses premiers tests R & D début mars et a mis en place une organisation de production qui lui a permis de constituer des stocks de standards de référence désormais sollicités par ses clients.
Un surcroît d'activité de 15 %
L’équipe de production d'Alsachim, composée d’une vingtaine de chimistes, assure un surcroît d’activité de l’ordre de 10 à 15 % générée par la lutte contre le Covid-19. « Les demandes en termes de Covid-19 représentent actuellement 80 % des commandes. 50 % d’entre elles sont réalisées par des hôpitaux français et le reste par des hôpitaux européens, japonais et américains, comme le Johns Hopkins Hospital à Baltimore », décrit Jean-François Hoeffler. La fabrication d’autres produits nécessaires à la recherche de traitements pour d’autres maladies se maintient néanmoins.
Pour poursuivre son activité et maintenir son avance sur les stocks, le dirigeant d'Alsachim se dit confiant quant à la chaîne d’approvisionnement. « Depuis 15 ans, nous avons tissé des relations de confiance avec nos fournisseurs et transporteurs. Ils comprennent l’urgence de la situation ».
