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Les enjeux du mariage d'Alsachim avec le japonais Shimadzu
Strasbourg # Chimie # Fusion-acquisition

Les enjeux du mariage d'Alsachim avec le japonais Shimadzu

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La biotech alsacienne Alsachim s'est mariée avec le groupe industriel japonais Shimadzu. Les étapes d'une union entre la chimie de niche et un équipementier présent sur les cinq continents.

— Photo : ©ALSACHIM - Vincent Ledig

C’est l’histoire d’un petit poucet intégré à un géant japonais. Alsachim ( CA 2017 : 3 M€ ; 30 personnes) fabrique, pour son catalogue mais aussi à façon, 5000 références de molécules marquées aux isotopes stables pour la pharma, les centres de recherche, les hôpitaux etc.

Lancée en 2005 par les scientifiques Jean-François Hoeffler et Toufik Fellague, la société a su trouver sa place dans un marché hyperspécialisé, au point de se faire approcher fin 2016 par Shimadzu (CA : 3 milliards de dollars ; 11 000 personnes), fabricant et distributeur japonais d’appareils de mesure pour la chimie, la pharma, l’agroalimentaire etc.

« Shimadzu est un équipementier et Alsachim fabrique des consommables. Le groupe a connu notre marque car elle était présente et reconnue chez nos clients communs. Celui-ci est venu vers nous fin 2016. Pour poursuivre le développement de l’entreprise, nous étions à un stade où nous envisagions soit une nouvelle levée de fonds, soit un rapprochement avec un industriel. A travers Shimadzu, nous avons rencontré une approche de dirigeants prudents et le projet économique et scientifique présenté nous a séduit. Ce mariage complémentaire s’est fait en mai 2017 », se souvient Jean-François Hoeffler, président d’Alsachim.

Développement maîtrisé

La prudence, c’est peut-être là le maître mot de ce mariage. En effet, Jean-François Hoeffler a été échaudé par la faillite d’une start-up dans laquelle il travaillait avant de créer Alsachim.

« Notre priorité était de trouver un job, par forcément de créer une société. Mon associé et moi avons fondé Alsachim car de grands groupes pharmaceutiques exprimaient, dans une stratégie de réduction des coûts, un réel besoin de sous-traitance dans la fabrication de molécules à isotopes stables et c’est ce que nous savions faire. Nous avons discuté avec Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie de l'Université de Strasbourg, puis nous nous sommes lancés dans les locaux de son institut de science et d'ingénierie supramoléculaires. Notre stratégie a été de proposer, dès le départ, un service pour recevoir une facturation récurrente aux côtés de la R&D, qui nécessite un business model reposant sur des levées de fonds », explique Jean-François Hoeffler. Et le pari a réussi.

Commercialisation de nouveaux produits

Après deux levées de fonds d’amorçage de 300 000 euros chacune, Alsachim est devenu rentable en cinq ans sur un marché de niche. En 2013, ses fondateurs rachètent l’intégralité du capital « pour retrouver une totale liberté » et la croissance double de 2014 à 2015. Après avoir investi près de 3 M€ en 2016 pour l’achat et l’aménagement de 1200 m² de labos et de bureaux au parc d’innovation d’Illkirch, Alsachim se projette déjà dans plus grand, près de 5000 m².

« Ce mariage concrétise nos projets de développement. Nous allons bénéficier du réseau de commercialisation et du SAV de Shimadzu pour distribuer, sous la marque Alsachim, un nouveau produit d'abord sur le marché européen, puis japonais, puis dans le reste du monde. Nous avons développé nos kits clé en main de spectrométrie de masse pour dosage de médicaments en partenariat avec le CHU de Strasbourg dans le cadre d'une collaboration avec le pôle innovation thérapeutique d'Alsace Biovalley. Ceux-ci ont été certifiés en fin d'année dernière. Désormais, ils sont prêts à être produits ici pour une commercialisation en mai », esquisse Jean-François Hoeffler. L'entreprise souhaiterait acquérir de nouveaux bâtiments pour lui donner plus d'envergure.

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