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Chez Noremat, la maintenance industrielle comme conviction
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Chez Noremat, la maintenance industrielle comme conviction

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En recrutant de nombreux alternants, en mobilisant les esprits sur le remanufacturing et en créant une filiale dédiée à la réparation des machines, le groupe lorrain Noremat, fabricant de matériels pour l’entretien des bords de routes, mise sur un secteur en manque de vocation : le service après-vente industriel.

Le groupe lorrain Noremat possède une filiale au Brésil et réalise 15 % de son chiffre d’affaires à l’export, dans 40 pays — Photo : Lucas Valdenaire

"Dans nos métiers, des ingénieurs pour concevoir des machines, on en trouve. Des personnes non qualifiées pour faire du montage, on en trouve aussi. Mais le corps intermédiaire de niveau Bac/Bac + 2 pour faire de la maintenance, on ne trouve pas." A Ludres, près de Nancy, le constat de Christophe Bachmann, directeur général de la société Noremat (68 M€ de chiffre d’affaires en 2020, 300 salariés), spécialisée dans la construction de matériels pour l’entretien des accotements routiers, est le même chaque année : les profils techniques dédiés au service après-vente industriel lui font toujours autant défaut. Un comble pour celui qui s’est engagé il y a déjà plusieurs années dans le reconditionnement de pièces mécaniques et la rénovation de matériel. "La principale difficulté du remanufacturing (refabrication, NDLR), c’est de trouver les gens qui savent faire. C’est comme dans le BTP : rénover entièrement une maison nécessitera toujours plus de compétences que de la construire."

C’est pourquoi, à défaut de trouver du personnel qualifié, Christophe Bachmann a créé sa propre structure de formation. Après neuf mois de travaux et cinq millions d’euros d’investissement, la filiale Maneko a vu le jour à l’automne 2020 sur l’ancien site Kleber, à Toul (Meurthe-et-Moselle). Les 7 500 m², dédiés au recyclage et à la reconstruction de matériels d’entretien de voirie, accueillent désormais une douzaine d’apprentis, en partenariat avec le réseau Envie œuvrant pour l’inclusion en entreprise. "Nous comblons le manque de techniciens service après-vente en allant les chercher en dehors des écoles", décrit Christophe Bachmann, qui vient de déposer le nom de sa formation. Il souhaite accompagner une vingtaine d’apprentis par an jusqu’au diplôme de "technicien SAV en matériel de collectivités". Le but étant de les recruter dans la foulée, comme pour la plupart des personnels formés au sein de l’entreprise ludréenne.

15 % des salariés issus de l’apprentissage

Un espoir partagé par Juliette Jalet. Elle a 20 ans et contrôle déjà la sécurité des machines de l’atelier de production, dans la zone d’assemblage des faucheuses et des débroussailleuses. Celle qui a signé son contrat d’alternance en septembre 2020 aimerait devenir responsable QSE (Qualité, sécurité, environnement) et se verrait bien continuer l’aventure chez Noremat.

Christophe Bachmann est le directeur général de l’entreprise Noremat, fondée en 1981 par son père Jacques — Photo : Lucas Valdenaire

"Nous avons toujours eu l’objectif de garder nos alternants à la fin de leur contrat, répond Christophe Bachmann. Ils sont tous intégrés dans un circuit de prérecrutement. Nous avons la chance d’avoir quarante années de croissance derrière nous et il n’y a qu’un seul but que nous n’avons jamais atteint : celui d’avoir un effectif au complet." C’est pourquoi la direction embauche une trentaine de personnes en CDI chaque année.

5 600 heures par an dédiées à la formation des salariés

Pour accompagner ces nouveaux venus, un poste de responsable emploi/formation existe depuis vingt ans. Selon les statistiques établies par le groupe, 5 600 heures sont dédiées chaque année à la formation des salariés. Chez Noremat, près de la moitié des recrues ont moins de 26 ans. Tous les ans, l’entreprise accueille une vingtaine d’alternants et une trentaine de stagiaires, du collège à l’université. La DRH a fait le calcul : sur ses 300 collaborateurs, 15 % sont issus de l’apprentissage. La moyenne d’âge des salariés ne dépasse pas 36 ans.

Une dynamique encouragée par le gouvernement via son plan national "1 jeune, 1 solution", lancé en juillet 2020. Noremat fait partie des entreprises soutenues. Pour autant, Christophe Bachmann n’a pas attendu le plan gouvernemental pour recruter des jeunes. "Ce programme nous a permis d’accentuer le mouvement, mais ce n’est pas nouveau. Cette démarche, nous l’avons engagée il y a déjà plus de vingt ans", tient à rappeler le dirigeant lorrain.

Industrialiser le remanufacturing

En investissant dans la formation et les métiers de la maintenance industrielle, Christophe Bachmann s’inscrit ainsi dans une logique sociale mais aussi environnementale de réparation. Pour sa première année d’existence, la filiale Maneko s’apprête à reconditionner une cinquantaine de machines usées, avant de monter en puissance au fil des ans. En plus du matériel issu des ateliers Noremat, celui des clients ou des collectivités locales est récupéré par les équipes de la filiale touloise du groupe. "Avec deux débroussailleuses en fin de vie, on en reconstruit une comme neuve", se réjouit le dirigeant meurthe-et-mosellan. De quoi faire des économies de matières premières et limiter l’empreinte carbone associée. "Acheter de l’acier à l’autre bout du monde pour construire et jeter avant de racheter, ce n’est plus du tout le bon modèle. Et comme la France ne produit plus d’acier et n’a quasiment plus de constructeurs, nous avons tout intérêt à nous lancer dans le remanufacturing qui, en plus, est difficilement délocalisable."

Christophe Bachmann en est conscient : le marché de la réparation est de plus en plus porteur. "Cela fait vingt ans que nous travaillons sur ça. J’ai toujours été convaincu par la vente de l’usage et non la vente de produits. Je remercie pour ça les applications comme Vinted (vente en ligne de vêtements et objets de seconde main, NDLR) et autres Autolib (voitures en libre-service, NDLR). Le mouvement sociétal actuel nous fait du bien. Maintenant, à nous d'industrialiser le remanufacturing avec toute la traçabilité nécessaire, l’analyse de risque et le respect des normes."

En plus de s’approvisionner au plus près du territoire (les moteurs hydrauliques viennent d’Azerailles en Meurthe-et-Moselle, les vérins de Haute-Saône et les axes de la Meuse), Noremat pousse la notion de recyclage jusqu’au bord des routes en récupérant l’herbe coupée pour en faire de l’énergie, via un processus de méthanisation. Ce qui a d’ailleurs valu à l’ETI lorraine un trophée RSE Grand Est en 2019.

Selon la direction, entre 5 et 7% de la masse salariale est consacrée à la formation "pour favoriser l'évolution interne." — Photo : Lucas Valdenaire

Une activité toujours en progression

Cette diversification des activités permet à Noremat de garder le cap malgré la crise. "Le marché n’est pas en croissance et nos confrères sont à -20 % sur l’année, confie Christophe Bachmann. Mais nous, en 2020, nous avons réorienté nos efforts commerciaux et activé l’ensemble de nos relais de croissance : la vente mais aussi l’occasion, la réparation, la location, les services. Cette notion d’offre globale, en direct avec le client, nous a permis de sauver l’année."

Affichant 68 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 (soit un million de plus que l’exercice précédent) Noremat n’a aucune raison de baisser le rythme de ses investissements, notamment dans la R & D et l’intelligence artificielle. Après Cholet en 2020, la société lorraine compte également ouvrir sa dixième agence française dans le Nord de la France et renforcer sa position à l’export, qui représente 15 % du chiffre d’affaires (en hausse de 20 % par rapport à 2019). Sans oublier de recruter une trentaine de collaborateurs et d’intensifier, encore une fois, ses efforts de formation.

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