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Noremat : quand l'herbe des routes produit de l'énergie
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Noremat : quand l'herbe des routes produit de l'énergie

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ETI familiale basée à Ludres, Noremat s'est donnée le luxe d'attendre que les préoccupations environnementale deviennent un enjeu de société : la société croit depuis 10 ans au potentiel de la collecte de l'herbe coupée au bord des routes pour produire de l'énergie, grâce à la méthanisation. Les premiers succès arrivent.

Dès 2020, le Conseil départemental des Vosges va collecter l'herbe sur 600 kilomètres de route, avec pour objectif de la valoriser dans des méthaniseurs — Photo : © Noremat

«  Nous enregistrons les premiers succès aujourd’hui, mais sur ce dossier, ça fait 10 ans qu’on se bagarre pour faire passer nos idées  ». Ce dossier qui aboutit enfin, à la grande satisfaction de Christophe Bachmann, le directeur général de Noremat, c’est celui de la valorisation de l’herbe coupée au bord des routes, pour en faire de l’énergie.

Fin 2019, le constructeur de machines pour l’entretien des accotements routiers, basé à Ludres, en Meurthe-et-Moselle et qui emploie un peu plus de 300 personnes, aura bouclé sa 39e année en croissance, pour terminer au-delà des 62 millions d’euros atteints en 2018. Mais ce n’est plus vraiment la croissance de son entreprise qui inquiète Christophe Bachmann, mais plutôt son «  efficience  ». «  Si quelqu’un pouvait me présenter une autre mesure que le chiffre d’affaires pour quantifier la performance économique, je serai preneur  ».

Attentif depuis toujours aux questions environnementales, le dirigeant de Noremat voit enfin ses propres préoccupations se mettre en phase avec celles de la société. «  La valorisation de l’herbe coupée par la méthanisation, c’est presque logique  », insiste Christophe Bachmann. «  On compte 1 million de kilomètres de route en France, soit un demi-million d’hectares d’accotements ou encore 5 millions de tonnes d’herbe valorisable par an. Si on rapporte ça en énergie, ça représente 375 millions de litres de fuel par an. Pour simplifier, on peut dire qu’une tonne d’herbe, c’est deux mois d’électricité pour un Français.  » Soit une quantité non négligeable, à l’heure où la raréfaction des sources d’énergies fossiles devient un enjeu planétaire.

«  Modéliser les impacts sur 5 à 10 ans  »

Dans ce dossier, Noremat ne compte pas vraiment vendre davantage de matériel  : «  Il suffit d’une remorque pour collecter l’herbe coupée…  », précise Christophe Bachmann, qui a aussi au catalogue un logiciel maison, développé pour permettre d’entretenir le bord des routes en anticipant les rendements. L’objectif de l’entreprise est d’agir comme un intermédiaire entre différentes entités qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, pour ensuite partager les bénéfices des bonnes pratiques. «  C’est l’entreprise ou l’agriculteur qui a investi dans un méthaniseur, c’est la collectivité qui coupe l’herbe en pensant d’abord à la sécurité, mais qui a, en fait, accès à une ressource. L’entretien des routes, qui était vécu comme une contrainte, peut devenir un process de territoire vertueux  ».

Ce qui semblait un peu fantaisiste il y a encore 10 ans devient une réalité pour certaines collectivités  : le Conseil départemental de la Mayenne pratique depuis plusieurs années le fauchage avec collecte de l’herbe, sur 960 kilomètres de route. D’après les chiffres rassemblés par les équipes de Noremat, la réduction de l’entretien au kilomètre atteint 18  %. Après avoir mené une expérimentation au printemps 2018, le Conseil départemental des Vosges va collecter l’herbe pour la valoriser sur 600 kilomètres de route.

ETI au capital 100  % familial, Noremat a pu s’offrir le luxe d’avoir raison avant tout le monde  : «  Avec un actionnaire pressé, on aurait été obligé d’abandonner depuis longtemps  », concède Christophe Bachmann. Qui veut aujourd’hui aller encore plus loin  : «  Nous allons engager un post-doc pour modéliser sur 5 à 10 ans l’impact des différentes pratiques de fauchage  ».

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