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Ces PME vendéennes dans la course du Vendée Globe
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Ces PME vendéennes dans la course du Vendée Globe

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Nombre d'entreprises ont bu la tasse avec la crise du Covid. Le Vendée Globe, course à la voile quadriennale autour du monde, est une belle bulle d’air pour reprendre une partie de leur souffle. L'implication de fournisseurs vendéens dans la course et ses à-côtés est aussi une manière d’afficher leurs attaches à leur territoire.

La course, qui se lance cette année le 8 novembre des Sables d'Olonne, a, selon les estimations, engendré 38 millions d'euros de retombées en 2016 — Photo : Photo Jean-Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

Alors que la tempête Covid a soufflé bien des événements et que nul ne sait quand elle retombera, le cap de la 9e édition du Vendée Globe a été maintenu vaille que vaille. Malgré les remous - l’entreprise de recyclage Paprec, sponsor d’un skipper, avait par exemple demandé le report de la course en 2021- la célèbre course à la voile autour du monde s’élancera bien le 8 novembre des Sables d’Olonne, en Vendée. Avec son volet sportif bien sûr, et ses 33 skippers qui bravent, en solitaire, les mers du monde entier. Et son aspect économique incarné entre autres par le village départ levant son rideau le 17 octobre. Pour les les entreprises vendéennes, les enjeux sont considérables.

38 millions d’euros de retombées économiques en 2016

Le Vendée Globe s'élance le 8 novembre 2020 des Sables d'Olonne — Photo : PHOTO MARK LLOYD / DPPI / VENDEE GLOBE

Lors de la dernière édition, en 2016, le nombre de visiteurs au village départ des Sables d’Olonne a été estimé à 2,25 millions. Les organisateurs, regroupés au sein de la société anonyme d’économie mixte (SAEM) associant le Département de Vendée, la Ville des Sables d’Olonne, la Région Pays de la Loire et 32 entreprises vendéennes, avaient chiffré à 38 millions d’euros les retombées économiques immédiates pour le territoire, tant pour les entreprises locales que pour les commerces ou encore l’hôtellerie-restauration.

Toutefois, pour cette édition 2020 où le Covid s’invite, un changement de taille est à noter : la jauge au village est limitée à 5 000 visiteurs par jour au lieu de 50 000 habituellement. Reste que les organisateurs se félicitent que les partenaires soient demeurés fidèles. "Le maintien d’un village ouvert au public et du départ le 8 novembre prouve que l’ensemble des acteurs de cette course a su s’adapter aux circonstances", résume le président de la SAEM Yves Auvinet.

Certes, les retombées économiques ne devraient pas atteindre celles de 2016 au regard de la jauge du village. Mais les fournisseurs locaux (au total, plus de 80 entreprises travaillent pour le Vendée Globe, tous métiers confondus) ont poussé un gros ouf de soulagement en apprenant le choix de maintenir le village départ. Une annulation eut été catastrophique. Et elles en font un événement incontournable de leur calendrier, ne serait-ce que sur un plan symbolique. Lorsque l’on interroge les entrepreneurs vendéens sur leur volonté de participer au Vendée Globe, une course qui n’a lieu que tous les quatre ans, tous ou presque affichent leur fierté de s’impliquer. Mais aussi car en cette période post-confinement et de crise, le Vendée Globe est un marché qu’il fait bon prendre. Surtout pour ceux que les mois sans guère d’activité ont mis la tête sous l’eau.

Une bouffée d'air pour les entreprises de l'événementiel

C’est le cas pour trois agences d’événementiel vendéennes. Habituellement concurrentes, elles ont pour la première fois décidé de répondre de concert à l’appel d’offres pour fonder le collectif By. Elles se nomment Krescendo aux Sables d’Olonne (650 000 € de CA, 2 salariés), O Box Events (880 000 euros de CA, 6 salariés) à Mouilleron-le-Captif et Showtime à Givrand (5 salariés, 980 000 euros de CA). Elles assurent la commercialisation et la gestion du village hospitalités. Soit l’espace destiné aux entreprises, un environnement 100 % B to B avec lieux de réunion, restauration… Il est installé aux Sables d’Olonne, tout comme l’ensemble du village, trois semaines avant la date de départ de la course. « Le Vendée Globe est un vrai appel d’air, avoue Olivier Boisseau d’O Box Events. L’événementiel est sinistré, nous sommes quasiment à l’arrêt depuis mars et le confinement. Mais c’est aussi une parenthèse, car l’événement est éphémère. » Sur le village hospitalités, les trois sociétés tablent sur une moyenne de 1 200 visiteurs par jour.

Le groupe Cougnaud services fournit la structure de l'espace média sur le village du Vendée Globe — Photo : Cougnaud services

Le Covid a également contraint la Sémaf (27 salariés, 6,8 M€ de CA) à revoir ses ambitions à la baisse. L’entreprise vendéenne, basée à Venansault, loue des chapiteaux. « Nous montons la loge VIP sur le village, une structure de 15 mètres sur 50 sur deux niveaux, présente son directeur général Cyrille Geneste. Nous aurions dû en monter le double, mais les restrictions imposées par les mesures sanitaires font que ce n’est pas possible ». Mais lui voit le verre à moitié plein : « Je suis heureux, et même chanceux, que nous participions à cette édition. Car à fin août, le chiffre d’affaires de la société était en retrait de 82 %, c’est violent. L’événementiel est sûrement le secteur le plus touché par la crise actuelle. »

Une vraie question d’image et de notoriété

Pour les grands groupes, la parenthèse du Vendée Globe évoquée par le dirigeant d’O Box Events est enchantée. Mais elle « ne rattrapera pas le chiffre d’affaires perdu », témoigne Christophe Cougnaud, directeur général de Cougnaud Services, constructeur de bâtiments modulaires aux 1 500 salariés et dont le siège se situe à Mouilleron-le-Captif. Le marché conclu avec le Vendée Globe se chiffre à 700 000 € HT, ce qui n’est pas une goutte d’eau mais pas non plus la mer à boire pour l’entreprise aux 305 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. « Nous fournissons 3 000 m2 d’espaces modulaires, dont 1 200 m2 pour le PC course et 1 300 m2 pour l’espace média », précise le dirigeant. Ce fournisseur officiel du Vendée Globe, fidèle depuis de nombreuses éditions, voit dans sa présence moins un moyen de rattraper le retard de l’année qu’une manière de valoriser l’image de l’entreprise. « Vendée Globe, le nom est évocateur et porteur, nous pouvons y associer notre image, faire de la communication autour ». Parallèlement, le village de la course est aussi une vitrine pour l’entreprise qui y organise des visites.

Adinfo réduira la voilure cette année sur le Vendée globe — Photo : Adinfo

Des propos qui font écho à ceux de Boris Briaud, l’un des quatre dirigeants du groupe Adinfo, société de systèmes informatiques (170 collaborateurs, 15,7 millions de CA) dont le siège se situe à la Roche-sur-Yon. « C’est davantage pour l’image que nous participons que pour le chiffre d’affaires, être partenaire d’un événement sportif d’ampleur nous permet de montrer notre savoir-faire. Et nous pouvons également associer notre image à celle du Vendée Globe ». Adinfo, qui fournit un hébergement informatique pour l’organisateur, une solution de comptabilité et de gestion ainsi que des ordinateurs portables, doit lui aussi réduire la voilure suite aux contraintes sanitaires. « Nous avons revu à la baisse les nombreux événements que nous voulions organiser sur le village. »

Une expérimentation en mer

Photo : Titok

A quelques encablures du village départ se trouvent les locaux de Titok (50 salariés, 13 M€ de CA), un fabricant olonnais de préparations culinaires déshydratées. Christophe Landais, son fondateur, consent que l'installation de son activité dans la ville du Vendée Globe n’est pas étrangère à sa volonté de travailler avec la course . A l’instar de ses homologues entrepreneurs vendéens, il insiste lui aussi sur cette question d’image et de notoriété. D’autant que sa société a grandi avec la course. « Nous avions commencé à titre expérimental à faire des échantillons de plats lyophilisés pour les marins en 2004. A l’époque, nous avions accueilli chez nous le PC course pendant six mois, et c’est ainsi que nous avons commencé à faire ce genre de produits. » Aujourd’hui, Christophe Landais annonce être « leader dans cette famille de produits » et fournir « au moins 80 % des marins de cette édition » en alimentation lyophilisée, dont le skipper "local" Arnaud Boissières, qui testera cette année des huîtres lyophilisées.

L’innovation, c’est aussi ce qui guide Cécile et Michel Rodet, cofondateurs d’Adrena à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique). Leur société de 5 salariés (383 000 € de CA en 2019) conçoit des logiciels de navigation. "Nous équipons 100 % de la flotte avec notre logiciel, les coureurs l’utilisent pour étudier la stratégie de route en fonction des prévisions météo, précise Cécile Rodet. Nous sommes également partenaires techniques de l’organisation de la course qui utilise notre logiciel pour suivre les bateaux." Leur premier Vendée Globe fut en 2004, un an après la création de l’entreprise. "Nous équipions alors un ou deux bateaux, nous étions tout petits. 2020 est la deuxième édition où nous sommes partenaire de l’organisation de la course et où nous équipons tous les bateaux. "Le Vendée Globe, qui représente environ 10 % du chiffre d'affaires, nous permet d’être à la pointe sur le plan technologique puisque nous travaillons avec les coureurs pour apporter des évolutions. Et sur le plan commercial et communication, c’est une très belle signature, une très belle référence."

Les premiers marins sont attendus en janvier ou février 2021 sur la ligne d'arrivée aux Sables d’Olonne. Les suivants des jours et même des semaines plus tard. Il sera ensuite l’heure de faire les comptes de cette édition si particulière.

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