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Bongard investit pour optimiser sa production de fours de boulangerie
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Bongard investit pour optimiser sa production de fours de boulangerie

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L’industriel alsacien Bongard lance un investissement de 3,7 millions d’euros pour doter son usine de fours de boulangerie d’une découpe laser et de robots. L’entreprise centenaire modernise son outil de production pour gagner en productivité.

Quelque 2 000 fours de boulangerie sortent de l’usine de Bongard dans le Bas-Rhin chaque année — Photo : Philippe Stirnweiss

Benoît Sevin, président de Bongard, pose le décor : "En France, 60 % des boulangeries sont équipées d’au moins un appareil de notre marque". L’entreprise centenaire (70 M€ de chiffre d’affaires, 230 collaborateurs en Alsace et 250 techniciens et 150 commerciaux à travers ses distributeurs) se présente comme un ensemblier, pour les boulangeries artisanales (70 % de la clientèle) et les grandes surfaces (30 % de la clientèle) disposant de fournils. Chaque année, 2 000 fours sortent de l’usine alsacienne, installée à Holtzheim dans le Bas-Rhin. La marque compte aussi trois sites de fabrication partenaires dans la Creuse, la Nièvre et en Italie, pour proposer au total 1 500 références en catalogue. Bongard conçoit et commercialise quatre familles de produits, les fours, les appareils de froid (pour la fermentation et la surgélation), les machines façonneuses et les machines à mélanger (batteurs, pétrissage, etc.).

Optimisation de l’espace

Pour fluidifier l’organisation de l’outil productif dans l’usine de 35 000 m², l'ETI investit aujourd'hui 3,7 millions d’euros dans une découpe laser de 30 mètres de long et deux robots. "Le site industriel d’Holtzheim est là pour rester, avec des activités à forte valeur ajoutée. L’objectif de cet investissement est de gagner en capacité de production en découpe de tôlerie jusqu’à 30 %, mais aussi en espace", détaille Benoît Sevin.

L’installation du nouvel équipement a débuté en août et doit s’échelonner jusqu’au printemps 2023. À l’issue, il devrait dégager 1 500 m² supplémentaires dans l’usine. Ce qui ouvre la réflexion pour "développer d’autres lignes de production", évoque prudemment le dirigeant.

Durant cet intervalle, le site continue de tourner. "C’est un jeu de Tetris pendant une année, toute l’usine va être reformatée", décrit Didier Wanaverbecq, ingénieur au bureau d’études de Bongard. Cet investissement devrait permettre de créer 15 emplois.

Automatisation

Avec les deux robots, Bongard va automatiser le décrochage des pièces découpées de la plaque de tôle d’origine et automatiser le stockage. L’entreprise y voit ainsi un moyen de "limiter le port de charge pour les opérateurs et de réduire les risques de troubles musculosquelettiques".

Pour financer cet investissement, Bongard s’appuie sur les banquiers locaux et une subvention de 200 000 euros de la Région Grand Est et du fonds d’accélération des investissements dans les territoires.

Un investissement validé par les actionnaires de Bongard, qui appartient au groupe familial italien Ali (CA : 2,5 Mds € ; 9 000 salariés) depuis 2007. L’entreprise alsacienne est ainsi l’une des marques du portefeuille de l’italien, qui en possède 80 dans l’univers de la cuisine professionnelle, dont l’un des concurrents de Bongard sur le marché français, le drômois Pavailler.

Un exercice "historique"

Bongard a bouclé son exercice 2022, clôturé fin août, avec un résultat net de 4,5 millions d’euros et un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros, en croissance de 20 % par rapport à son exercice de référence, en 2019. Ses carnets de commandes sont pleins jusqu’au premier trimestre 2023. Le président, entré chez Bongard en 2004 comme contrôleur de gestion, qualifie cette année "d’historique" pour l’entreprise. Il explique ces bons résultats par le fait que les boulangeries se sont équipées et ont renouvelé leur matériel. "Elles ont bénéficié de prêts garantis par l’État (PGE) qui leur ont permis d’investir. Durant les confinements, les boulangeries étaient des commerces essentiels de proximité qui ont bien fonctionné", estime le dirigeant.

Pour l’exercice 2023, l’objectif de l’ETI alsacienne est de stabiliser l’activité au niveau de 2022. "Nous observons un ralentissement sensible sur les marchés européens, dû aux incertitudes liées au conflit ukrainien et à la crise énergétique. Nous misons donc sur certains marchés grand export, qui représentent des leviers de croissance", projette Benoît Sevin.

Axe de progression à l'international

L’ensemblier réalise 50 % de son activité à l’export et l’autre moitié en France. Le marché hexagonal de l’équipement du fournil représente 230 millions d’euros de chiffre d’affaires, Bongard y contribue pour 70 millions d’euros à travers la distribution. En France, la marque alsacienne est vendue à travers un réseau de concessionnaires. À l’étranger, elle compte aussi sur des distributeurs multimarques. La marque, qui se positionne dans le haut de gamme, est installée dans 140 pays. "En France, le marché est mature. Nous avons encore un axe de progression à l’international, notamment là où les populations locales commencent à manger du pain, auparavant davantage destiné aux touristes", esquisse Benoît Sevin. L’entreprise qu’il préside est présente à l’étranger en accompagnant ses clients français de la GMS dans leur développement à l’international.

Alors que l’Ukraine et la Russie représentaient deux grands marchés pour Bongard, les ventes s'y sont totalement arrêtées depuis le début de la guerre. En parallèle, une opportunité s’est ouverte pour l’entreprise sur deux marchés où elle n’était pas encore bien implantée, en Argentine et au Mexique. L’affaire a été conclue cette année par la filiale commerciale que Bongard compte en Espagne avec une équipe de 18 personnes.

En plus des conséquences sur les exportations de l’entreprise, le conflit en Ukraine n’est pas sans répercussion sur les utilisateurs des appareils Bongard. L’industriel alsacien produit, à la commande, des fours au gaz et des fours électriques (90 % des ventes en France). Les boulangers subissent de plein fouet les hausses des factures d’énergie. "Leur souci du moment est de consommer moins et de changer les équipements. Actuellement, c’est un retour sur investissement très rapide", pointe Benoît Sevin.

La baisse de la consommation électrique des fours à l'étude

Pour proposer des équipements les moins énergivores possibles, le bureau d’études de Bongard planche sur l’isolation de ses équipements et sur leur consommation énergétique. L’entreprise participe cette année à un cycle de formation proposé par la CCI. Dix industriels du Grand Est viennent avec un projet et confrontent leurs idées. Bongard y a présenté une nouvelle version d’un four ventilé, "pour vérifier que les économies d’énergie et le choix des matières premières détectés par le bureau d’études sont pertinents", décrit Didier Wanaverbecq.

Enfin, pour s’adapter aux évolutions du métier et améliorer le confort d’utilisation, Bongard développe des platines électroniques intégrées aux équipements et reliées à un cloud. Le développement de cette technologie, dont Bongard est propriétaire, a nécessité plusieurs centaines de milliers d’euros. Elle va être progressivement déployée en 2023.

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