"Maintenant, nous allons travailler sur un grand quart Est de la France", se félicite François Lyon, le dirigeant de SBA Eurofournil, société basée à Rambervillers (Vosges) qui fournit du matériel pour équiper les boulangeries et les professionnels des métiers de bouche, et qui a réalisé 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Avec son associé Frédéric Leibel, les deux dirigeants viennent de boucler le rachat de FrancoDep, société installée à Héricourt en Haute-Saône et dont l’activité a atteint les 2,3 millions d’euros en 2020, pour 12 salariés.
"Je l’avais dans le viseur depuis un moment", concède François Lyon, qui estime que les deux entreprises sont "très complémentaires" : les deux sociétés adhèrent en effet au groupement d’achat C9, une plateforme qui rassemble 19 entreprises dans toute la France et travaille avec une cinquantaine de fournisseurs de matériel de boulangerie. Du pétrin au four, en passant par les équipements du froid et l’aménagement du point de vente, les artisans peuvent ainsi aménager entièrement leur boulangerie.
Ensemble, les deux sociétés pèsent plus de 4,3 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploient près de 25 salariés. "Le C9 a alloué le Grand Est à SBA Eurofournil, et la Bourgogne Franche-Comté à FrancoDep. Au-delà de l’évidente synergie géographique, je veux maintenant faire jouer des synergies de gestion", détaille François Lyon. Une stratégie visant à développer l’activité que le dirigeant prépare depuis la reprise de SBA Eurofournil en janvier 2020. "Évidemment, le Covid a tout bousculé, mais nous avons aussi pu montrer que notre activité peut traverser une crise de cette ampleur", souligne François Lyon.
Deux fonds au capital
Début 2021, le dirigeant a ouvert le capital de sa société, pour "trouver des fonds en haut de bilan" et lancer le rachat de FrancoDep. Après avoir détenu pendant un an 100 % du capital de SBA Eurofournil, François Lyon est aujourd’hui associé à Frédéric Leibel, qui détient 22 % du capital du nouveau groupe, et à deux fonds régionaux, le groupe ILP et Ader Investissements, qui sont entrés à hauteur de 10 % du capital. "J’ai préféré travailler avec des fonds régionaux, car leur approche est nettement moins agressive que celle des fonds nationaux", insiste François Lyon, qui veut maintenant se donner le temps d’exécuter son plan de développement.
Le dirigeant mise tout d’abord sur l’ouverture d’agences : actuellement, SBA Eurofournil opère depuis Homécourt, en Moselle, et Rambervillers, dans les Vosges, et l’activité se concentre le long du Sillon lorrain. "Nous n’avons rien en Alsace, rien en Champagne. Il y a de l’activité à trouver là où nous ne sommes pas présents", estime le dirigeant de SBA Eurofournil. Ensuite, François Lyon compte sur le développement de la vente de matériel d’occasion : accessible depuis le site internet du groupe, ce matériel de seconde main a trouvé acquéreur en 2020, et "le stock constitué diminue à vue d’œil", assure le dirigeant. Enfin, François Lyon va mettre sur le marché un contrat d’entretien pour ses clients : "Nous devons faire plus de préventif que de curatif", assure le dirigeant, qui veut aller voir ses clients "une à deux fois par an" pour faire une révision complète de tous les équipements, du four au pétrin, en passant par le groupe froid de la vitrine. Actuellement, SBA Eurofournil assure une permanence téléphonique 24 heures sur 24 pour aller dépanner les clients dont le matériel serait en panne. "Ce type de contrat de maintenance est très peu répandu dans notre secteur d’activité et c’est un très bon point d’entrée pour convaincre les boulangers de la qualité de notre service", assure François Lyon.
Jouer la carte de la proximité
Prudent par nature et bousculé par la crise sanitaire, le dirigeant se refuse à faire des prévisions pour 2021, malgré un très bon niveau d’activité sur les premiers mois de l’exercice : "Sur le périmètre SBA Eurofournil, je veux retrouver les 2,3 millions d’euros de chiffre d’affaires qui ont été réalisés en 2019", dévoile le dirigeant, qui manque de visibilité sur le périmètre couvert par FrancoDep : "Nous devons mettre en place très rapidement des indicateurs pour piloter l’entreprise, pour surveiller les marges et la trésorerie", souligne François Lyon.
Chez les fabricants de matériel pour la boulangerie, les grandes manœuvres ont commencé depuis longtemps : après avoir racheté l’Alsacien Bongard en 2007, le groupe italien Ali (CA : 2,2 milliards d’euros ; effectif : 10 000) continue ses achats dans le secteur, le dernier en date concernant un fabricant nord-américain. "Les grands groupes font de la concentration soit verticale, soit horizontale", analyse François Lyon, qui veut tirer son épingle du jeu grâce à la proximité. "Nos clients sont des artisans, qui sont très sensibles à ce type d’arguments."
