Lancée il y a trente ans comme une émanation de Phildar, l’enseigne de lingerie féminine Cannelle, rebaptisée Rougegorge en 2010, s’est depuis taillé une belle place sur son marché, et dans les tiroirs des Françaises. "Nous sommes la deuxième chaîne spécialisée en termes de chiffre d’affaires et de nombre de magasins, derrière le leader Etam", souligne Catherine Gallais, PDG de l’enseigne lilloise, aujourd’hui filiale du groupe nordiste Fashion Cube. "Il y a dix ans, nous étions au troisième ou quatrième rang. Depuis, nous avons doublé notre chiffre d’affaires, et notre parc magasins".
Tendance à l’omnicanal
Une belle progression que le Covid a à peine freinée. L’enseigne compte 255 magasins, dont 7 en Belgique, et emploie environ 1 000 personnes, dont une centaine au siège de Wasquehal, où sont conçus tous les modèles. Si les points de vente ont fermé, au cumulé, 20 % du temps entre 2020 et 2021, "l’entreprise repose sur un modèle solide et sain, et elle est restée rentable tout au long de ces deux ans," sourit Catherine Gallais. Le chiffre d’affaires de 2021 reste quasiment équivalent à celui de 2019, autour de 120 millions d’euros.
"Entre 2019 et 2021, nous avons plus que doublé la part du numérique"
Lancé en 2013, le site e-commerce de la marque a vu son activité décuplée pendant les confinements. "Entre 2019 et 2021, nous avons plus que doublé la part du numérique, qui s’établit à 12 % du chiffre d’affaires. Depuis la réouverture des points de vente, l’activité reste bonne sur le site. Mais les clientes reviennent en magasin, pour le plaisir et pour le conseil". Pour autant, les ouvertures vont ralentir pendant quelque temps encore, avec 5 à 6 ouvertures nettes par an sur les prochaines années, contre 20 à 25 parfois, avant le Covid. "Nous avons toujours privilégié les petits magasins, c’est encore plus vrai aujourd’hui. Le besoin de proximité est évident, nous visons donc plutôt les centres de villes moyennes", résume Catherine Gallais.
Élargir les gammes
Rougegorge tend également à se diversifier, en lorgnant le luxe au travers de sa gamme premium "Rose", qui devrait se révéler porteuse à l’international. Mais aussi, en développant Leel, une gamme destinée aux adolescentes aux poitrines généreuses. "Nos modèles offrent une large gamme de tailles, jusqu’au 115G, ce que ne proposent pas nos concurrents. Cela va de pair avec un véritable savoir-faire corsetier, pour garantir le bien-aller à toutes nos clientes. Leel allie ce savoir-faire à un style plus jeune, c’est une demande qui nous est remontée du terrain. Nous avons démarré en 2021, avec un certain succès", décrit Catherine Gallais.
Rouvrir une usine en France ?
En parallèle, la marque réaffirme ses engagements, auprès des femmes d’abord, au travers de soutiens à des associations comme Octobre Rose ou Solfa. La politique RSE de la marque comprend également un important volet environnemental, pour la réduction de son impact carbone, et l’utilisation de matières recyclées. Encore très dépendante de ses fournisseurs asiatiques, l’enseigne travaille à rapprocher ses partenaires. "D’ici deux à trois ans, 25 % des collections viendront d’Europe et du Maghreb", assure Catherine Gallais, qui rêve de voir rouvrir une usine en France. "C’est compliqué en l’état, parce que les savoir-faire ont disparu. Seuls, nous n’y arriverons pas, mais on pourrait s’associer entre plusieurs enseignes, pour partager un outil de production… c’est une piste de réflexion, en tout cas", confie la dirigeante.
