C’est une histoire nordiste, et une affaire de textile. Celle de RougeGorge (700 salariés, 140M€ de CA), enseigne spécialisée dans la lingerie féminine basée à Wasquehal, qui propose, depuis 2018, une gamme de soutien-gorge et maillots de bain adaptés aux femmes ayant subi une mastectomie. Et celle de Lattice Medical (24 salariés), start-up créée en 2017 à Eurasanté par un ancien ingénieur textile, qui a vu dans la dentelle de Calais-Caudry le dessin d’un implant nouvelle génération, à même d’améliorer la reconstruction mammaire pour les femmes atteintes d’un cancer.
Deux savoir-faire différents
Modélistes et ingénieurs ont développé conjointement, pendant un an, un soutien-gorge post-opératoire destiné aux femmes ayant reçu l’implant développé par Lattice Medical, très spécifique. Une démarche inédite pour RougeGorge, qui a dû adapter ses techniques de corseterie à un produit se rapprochant d’un dispositif médical.
"Les femmes qui ont subi une reconstruction mammaire doivent porter un soutien-gorge en permanence, dès trois mois après l’opération. C’est une phase délicate pour elles, elles doivent se réapproprier leur féminité et un corps qui a changé. Il fallait allier l’esthétique et le médical. Nous avons conçu ce soutien-gorge pour qu’il soit très doux sur la peau, sans couture ou point dur sur les cicatrices. Surtout, la contention est dégressive, au fur et à mesure que le sein de la patiente se reconstruit," détaille Catherine Gallais, la directrice générale de RougeGorge.
C’est en effet la particularité de l’implant mis au point par Lattice Medical. Constitué d’une résille de biopolymères, à base d’acide lactique, il est résorbable. Il est implanté avec à l’intérieur, un lambeau de tissu adipeux, prélevé sur la patiente. En quelques mois, le tissu se régénère pour épouser la forme de l’implant, qui lui même se dissout progressivement. Il est complètement éliminé par l’organisme après 18 mois.
"Chaque année, 240 000 masectomies totales sont pratiquées en Europe et aux États-Unis. Seulement 20 % de ces femmes optent pour une reconstruction, parce que les méthodes existantes sont trop invasives, ou requièrent des prothèses en silicone. L’implant Matisse autorise une opération unique : en une heure et demie, le chirurgien réalise l’ablation du sein puis la pose de l’implant. La patiente a moins de cicatrices et de douleurs, les suites post-opératoires sont plus simples. C’est en tout cas ce que nous nous apprêtons à démontrer lors de notre essai clinique", explique pour sa part Julien Payen, le directeur général de Lattice Medical.
Lancement d’un essai clinique en France
L’aboutissement est en effet proche pour Lattice Medical, qui a obtenu cet été l’autorisation de lancer un essai clinique en France, un an après la première implantation de Mattisse sur une patiente géorgienne. Le recrutement des premières patientes françaises est en cours, et la première opération devrait avoir lieu au centre CHU de Lille dans le courant de l’automne. L’essai, qui courra sur trois ans, concernera une cinquantaine de patientes, à Lille, Paris et Strasbourg, ainsi qu’en Espagne et en Géorgie. Ces premières patientes se verront offrir le soutien-gorge mis au point avec RougeGorge. Après validation lors des essais cliniques il devrait être commercialisé à l'horizon 2025/2026.
