Sophia Antipolis
Argeville parfume le monde entier
Sophia Antipolis # Industrie # International

Argeville parfume le monde entier

S'abonner

Implantée dans le secteur ultra-concurrentiel des parfums, arômes alimentaires et ingrédients naturels, la PME familiale Argeville poursuit son expansion aux quatre coins du globe. L’entreprise azuréenne ouvrira cette année son septième centre à l’international.

Xavier Ardizio, président d’Argeville a repris les rênes de l’entreprise il y a dix ans et a permis à la société de doubler son chiffre d’affaires et ses effectifs, comptant quelque 300 collaborateurs à ce jour — Photo : Olivia Oreggia

Discrètement mais sûrement, rien n’arrête le développement d’Argeville dans le monde. Basée à Sophia Antipolis, l’entreprise spécialisée dans la production de compositions parfumées (qui représente plus de 80 % de son activité), d’arômes alimentaires et d’ingrédients naturels a ouvert en 2021 pas moins de deux nouveaux centres : en Russie, à Moscou, ainsi qu’au Vietnam, à Ho Chi Minh-Ville. Pas question de laisser le Covid perturber les plans. "Nous avons dû nous adapter bien sûr, mais nous avions trouvé les bonnes personnes, il n’y avait donc pas de raison d’arrêter en route", explique Xavier Ardizio, président d’Argeville. "S’implanter dans une période aussi compliquée est par ailleurs vu d’un très bon œil par les clients. Nous montrons ainsi que nous n’avons pas peur et que nous croyons en leur pays où nous investissons. Cela met en confiance." Et Argeville aime précisément prendre le contre-pied des choses.

Deux usines de production

Cent ans qu’Argeville a vu le jour sur la Côte d’Azur. Quarante ans que Jean-Jacques Ardizio a repris la société. Dix ans que son fils Xavier la préside. "C’était une société exportatrice. En dix ans, elle est devenue une société internationale. C’est là la grande évolution, analyse ce dernier. Nous avons ouvert de nombreux centres dans le monde pour nous rapprocher de nos clients, pour fournir un meilleur service, pour mieux comprendre les différents marchés selon les cultures et les goûts et pour être plus réactifs." La PME réalise 90 % de son chiffre d’affaires (60 millions d’euros en 2021) à l’étranger dont, historiquement, près de 30 % au Moyen-Orient.

Mais c’est essentiellement du "made in France" que vend Argeville, avec toute l’aura, l’excellence et le savoir-faire que cela confère à l’étiquette.

Au sein du Domaine d’Argeville, à Mougins, l’unité de production est devenue inadaptée aux besoins et aux ambitions de la société — Photo : Claire Dorn

Dans la Drôme provençale, à La Laupie près de Montélimar, elle dispose d’un site dédié à l’extraction et la fabrication de concrètes. Les équipes y travaillent les matières premières végétales pour la création de parfums (lavande, lavandin, sauge, immortelle, mimosa…). Son centre de production historique demeure quant à lui à Mougins, non loin du siège. Devenu trop petit et inadapté à l’activité industrielle, il déménagera d’ici 2024 près de Grasse dans un bâtiment flambant neuf.

"Argeville était une société exportatrice. En dix ans, elle est devenue une société internationale."

Depuis 2019, Argeville compte une seconde unité de production qui s’étend sur 1 500 m² à Bangkok. "Grâce à ce site, nous gagnons en temps de transport, souligne Xavier Ardizio. D’autre part, la Thaïlande est membre de l’ASEAN, l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est, au sein de laquelle il n’y a pas de droits de douane entre les différents pays. Enfin, cela nous a permis d’atteindre certains clients qui ne souhaitaient pas travailler avec nous car nous n’avions pas d’usine en Asie. Nous nous attachons à avoir exactement la même qualité de produits, avec les mêmes standards, les mêmes normes."

Pour la société azuréenne, il s’agit aussi de choisir ses cibles géographiques à contre-courant de ses concurrents. "Quand nous avons décidé de nous implanter à Bangkok, nous n’y avions pas de concurrents. Ceux-ci préféraient Singapour ou la Chine. De la même façon, lorsque nous avons souhaité nous implanter en Amérique Latine, nous avons choisi la Colombie et Bogota, quand tous nos concurrents sont au Brésil ou au Mexique. Le but est de ne pas être au même endroit que les autres." Se démarquer en occupant un autre terrain, la stratégie est jusqu’alors une réussite. Poursuivant la logique, Argeville ouvrira d’ici la fin du premier semestre, un nouveau centre à Johannesburg afin de mailler l’ensemble du marché africain, qui représente "un très gros potentiel".

Une PME farouchement indépendante

Toutes ces ouvertures, quelle que soit la partie du globe choisie, sont également le fruit d’une culture interne, propre à l’entreprise. Car loin d’être de simples bureaux de représentation, ce sont en effet des équipes structurées qui sont à l’œuvre dans chacun de ces centres, avec des collaborateurs le plus souvent issus du siège. Une trentaine de salariés travaillent ainsi à Bangkok. Ils sont tout aussi nombreux au sein du centre créatif de Dubaï créé en 2012, qui regroupent parfumeurs, équipes de R & D ou commerciale. "Nous essayons de faire tourner les gens au maximum. Au-delà de l’expertise, cela permet de véhiculer nos valeurs, notre façon de travailler. Et les collaborateurs peuvent progresser au sein de la société, ils savent qu’ils peuvent partir dans un des centres, c’est assez rare pour une PME et c’est ultra-motivant." A l’image de ce commercial, jusqu’alors positionné sur le marché espagnol, qui va gérer l’ouverture du site sud-africain après s’être proposé pour ce poste.
D’autres centres dédiés au développement devraient voir le jour sur d’autres continents en 2023.
Depuis dix ans que Xavier Ardizio a repris les rênes, la société a doublé à la fois son chiffre d’affaires et ses effectifs, comptant quelque 300 collaborateurs à ce jour. "Les gens sont très attirés par Argeville pour le projet. Ils y voient un sens. Il y a des opportunités. Nous laissons beaucoup de liberté à chacun, à tout niveau. Les collaborateurs sont assez libres de prendre des décisions. Nous sommes très transparents et avons une organisation assez horizontale, nous y avons beaucoup travaillé." C’est là un des atouts de l’entreprise, familiale et indépendante, et qui tient farouchement à le demeurer.

"Les gens sont très attirés par Argeville pour le projet. Ils y voient un sens. Il y a des opportunités. Nous laissons beaucoup de liberté à chacun, à tout niveau."

Si le président avoue avoir été souvent courtisé, il ne se dit "absolument pas intéressé. J’aime beaucoup ce que je fais. Je n’ai aucune raison, ni de vendre ni de céder ne serait-ce qu’une partie de la société. Je n’ai même pas regardé les propositions qui ont pu m’être faites. Je connais tout le monde dans l’entreprise. Il y a une proximité. Nos circuits de décisions et de validations sont courts, ça va vite, il y a une vraie réactivité, peu de reporting. Cela est propre à la PME. Or, si vous faites entrer quelqu’un dans le capital, il faut rendre des comptes."

Flambée des coûts et crise mondiale du transport

Après avoir clôturé l’année 2021 à un niveau égal à 2019, Xavier Ardizio se dit confiant pour 2022 qu’il voit "en progression". Mais si Argeville continue de tracer sa route de par le monde, la société devra composer encore avec des difficultés, mondiales elles aussi : la flambée du coût des matières premières et les difficultés de transport. "Nous avons par exemple une commande qui doit partir de Bangkok vers l’Indonésie. Cela fait deux semaines qu’elle est prête et qu’elle attend un bateau, mais il n’y en a pas. On fait la queue au port ! On subit, sans avoir aucun levier. Quant au transport aérien, les prix sont devenus horriblement élevés. En revanche, sur les matières premières, nous pouvons faire la différence. On peut s’en sortir, avec nos relations, on peut trouver de nouveaux contacts, on peut faire du sourcing. Là, nous pouvons agir."
Agir car Argeville a la volonté de se diversifier. Au-delà de son expertise dans la fabrication des eaux de toilette, elle veut valoriser davantage celle qu’elle possède aussi dans ce qui est appelé le body care (savon, gel douche, shampoing) et le home care (produits d’entretien, linge, parfum d’ambiance). Sur les arômes alimentaires aussi la société est en forte progression et a lancé une stratégie de diversification, en s’appuyant sur sa forte capacité d’innovation. Très présente en la matière sur le marché français, contrairement à la parfumerie, dans les produits laitiers et les boissons, elle vise désormais au-delà, visant notamment les Pays de l’Est

Déjà présent en Chine, à Guangzhou, Argeville a ouvert en 2019, un centre de production à Bangkok — Photo : DR
Sophia Antipolis # Industrie # Banque # Agroalimentaire # Chimie # Services # International
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise ARGEVILLE S A