Faire revivre un demi-siècle de haute parfumerie à la française. Telle est l’ambition d’Anne-Lise Cremona, qui a repris, en 2011, les rênes de l’atelier fondé par son père, Henry Cremona, avec l’envie de diffuser son savoir-faire de parfumeur dans le monde entier, et dans les plus belles villes du globe. "Nous avons pris le parti de rester à l’écart des circuits de la distribution classique dont les contraintes de volume et d’échelle sont incompatibles avec l’éthique de la haute parfumerie", explique l’entrepreneuse. C’est en 2014 que la première boutique Henry Jacques ouvre ses portes au sein du magasin Harrods de Londres.
Un réseau de boutiques en nom propre
La marque varoise de haute parfumerie compte désormais huit boutiques, employant 75 personnes, de Berverly Hills à Hong Kong, de Singapour à Dubaï, en passant par Kuala Lumpur. "Dans quelques jours, nous ouvrirons Abou Dabi. Dès le printemps 2022, nous occuperons 400 m² sur l’avenue Montaigne à Paris", ajoute Anne-Lise Cremona, qui est en passe de réussir son pari, à savoir ouvrir "les arcanes de la maison Henry Jacques au public à travers quelques lieux privilégiés." Elle vise ensuite une ouverture en Chine d’ici un ou deux ans et quatre boutiques aux États-Unis en 2022 et 2023 pour compter à terme "vingt à trente boutiques à travers le globe."
Tout en perpétuant un savoir-faire rare dans la conception de parfums sur-mesure, l’entreprise a ainsi adopté les codes d’une maison de couture pour bâtir deux collections à partir d’une palette de plus de 1 200 composants, essentiellement naturels : "Les Classiques", qui proposent cinquante parfums en "essences" ou en "brumes" et "Les Exceptions". Des accessoires complètent la gamme de produits et Anne-Lise Cremona révèle d’ailleurs le lancement prochain d’un accessoire "qui remettra le rituel du parfum au goût du jour."
Construction d’un laboratoire
Cette nouvelle phase de développement ne pouvait se concevoir sans la création d’un nouveau laboratoire. "Les investigations ont été longues. Nous recherchions un lieu qui corresponde à la fois à nos besoins et à notre image. Je souhaitais aussi rester dans le Var, confirmant ainsi l’attachement de l’entreprise au territoire qui l’a vu naître et aux salariés qui la compose (20 au laboratoire et 15 au siège social)", explique Anne-Lise Cremona. Ce laboratoire de 1 200 m² verra donc le jour à La Motte, près de Draguignan, fief historique de l’entreprise. La première pierre a été récemment posée et 10 000 plants de roses, "la reine des fleurs en parfumerie", ont également été plantés tout autour. La dirigeante a obtenu le soutien de France Relance dans le cadre du programme de soutien aux investissements industriels dans les territoires et ne souhaite pas communiquer les montants investis. Elle préfère retenir, que grâce à cette aide, elle "préserve le savoir-faire d’une maison de parfum, considérée comme l’une des plus belles du monde", qu’elle donne vie à "un projet local, avec des emplois locaux", que "le Var continuera de rayonner dans le monde entier à travers sa marque."
