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Quatre cadres se mobilisent pour sauver Maurer-Tempé
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Quatre cadres se mobilisent pour sauver Maurer-Tempé

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Quatre cadres de Maurer-Tempé, dans le Haut-Rhin, se mobilisent pour la reprise de ce fabricant de charcuteries placé en redressement judiciaire en début d'année. Leur dossier est pour le moment le seul à intégrer les deux entités de l'entreprise : le site de production et le réseau de boucheries-charcuteries.

Quatre cadres de Maurer-Tempé, placée en redressement judiciaire, veulent reprendre l'entreprise alsacienne et sauver le site de production ainsi que le réseau de boucheries-charcuteries — Photo : Mathieu Rouillard

Depuis le 10 janvier, le charcutier Maurer-Tempé à Kingersheim (Haut-Rhin) – en procédure de sauvegarde depuis 2014 - est en redressement judiciaire. Quatre cadres de cette PME à l’histoire chahutée - Mathieu Rouillard, directeur commercial et marketing ; Jean-Noël Pourprix, directeur de production ; Analito Gomes, responsable technique et Bruno Chatelet, responsable administratif et financier - ont décidé de se battre pour « recréer de façon pérenne une spirale positive ».

Leur dossier de reprise est le seul qui intègre les deux entités de l’entreprise : le site de production et le réseau de boucheries-charcuteries. C’est donc aussi celui qui sauvegarderait le plus d’emplois : 112 sur 139 en production et 51 des 88 dans les points de vente. L’audience du tribunal de grande instance de Mulhouse a été fixée au 26 septembre. Le dépôt des dossiers est ouvert jusqu’au 31 août. Deux autres dossiers sont connus à ce jour. L’un porté par le groupe Pierre Schmidt ne concerne que le site de production de Kingersheim, l’autre par un investisseur propose un euro symbolique.

Séduire des investisseurs

C’est un dossier complexe, notamment d’un point de vue financier. Malgré un repositionnement depuis fin 2016 qui a commencé cette année à porter ses fruits, les banques, échaudées par les difficultés rencontrées par l’entreprise dans le passé, sont peu enclines à financer ce nouveau projet.

Dans les années 1990, les Maurer cèdent l’entreprise familiale à Coop d’Alsace et au groupe suisse Bell. En 2010, l’entreprise est rachetée par la holding BEA Finances de Dominique Bigard, qui fait l’acquisition deux ans plus tard de Tempé. Tempé, autre entreprise familiale ayant changé de main en 2000, est placée en redressement judiciaire en 2008, en sort puis y retourne en 2012.

Maurer-Tempé, dont l'un des principaux clients, Coop Alsace, dépose le bilan en 2014, est impacté par la flambée du cours du porc qui l’oblige à réduire ses effectifs. L’entreprise est placée en procédure de sauvegarde. L’endettement atteint alors les 10 M€ (pour un chiffre d’affaires de 55 M€ à l’époque). Celui-ci s’est encore aggravé de 3 M€, « du fait d’une structure trop lourde et d’un marché en régression », analyse Mathieu Rouillard.

Une stratégie de relance déjà opérationnelle

Malgré tout, celui-ci, à l’instar de ses trois collègues, n’envisage pas une seconde de baisser les bras. Porté par la conviction que l’entreprise dispose d’atouts et que leur stratégie est pérenne à long terme, l’homme cherche activement à obtenir l’adhésion de financeurs privés – ou fonds d’investissement - et le soutien des acteurs économiques du territoire autour de leur projet. Mathieu Rouillard estime à quelque 2,4 M€ ses besoins immédiats en fonds de roulement.

« La stratégie élaborée pour relancer l’activité est déjà dans un stade opérationnel », assure-t-il. L’idée ? « Capitaliser sur le côté encore très manuel de la fabrication, avec notamment notre propre atelier de boulangerie-pâtisserie pur beurre et un savoir-faire préservé en matière de fumage - et aller à contre-courant de la stratégie des autres industriels du secteur qui se désengagent de leurs réseaux de boucherie-charcuterie », détaille Mathieu Rouillard.

L’objectif étant de se différencier, en misant sur les niches plutôt que sur les volumes. Y compris en grandes et moyennes surfaces : « Elles cherchent à monter en gamme et sont plus sélectives quant à l’origine des produits et leur mode de fabrication. Nous répondons parfaitement à leurs cahiers des charges : on est une PME, on fabrique nos produits en Alsace », indique-t-il.

Déploiement commercial

Depuis novembre 2016, l’entreprise a travaillé à une meilleure segmentation de ses marques : les produits Maurer en libre-service, Tempé à la coupe. En parallèle l’identité graphique a été remise à plat pour moderniser l’image de l’entreprise et réaffirmer son positionnement premium. À fin mai, le chiffre d’affaires (de 31 M€) était en progression de 4 % en grande distribution, avec un référencement chez Grand Frais, la Grande épicerie à Paris ou encore Rob’s à Bruxelles. Pour accompagner ce déploiement commercial - un chiffre d’affaires de 36 M€ est visé à cinq ans -, l’usine de Kingersheim devra être réorganisée pour améliorer sa productivité et sa flexibilité. 300 000 euros devront y être investis à court terme.

Quant au réseau de boucheries-charcuteries, tout reste à faire. « Il va falloir travailler sur un concept fort, une identité, des recettes plus au goût du jour, des produits différents de la GMS, estime le directeur commercial. Ces points de vente pourront représenter de bons laboratoires d’innovations auprès des consommateurs. »

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