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Coronavirus - Philippe Vaché (Dynavert) : « Nous voulons juste conserver la rentabilité de nos entreprises »
Témoignage Var # Agriculture

Coronavirus - Philippe Vaché (Dynavert) : « Nous voulons juste conserver la rentabilité de nos entreprises »

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Depuis les premières mesures de confinement, Philippe Vaché, dirigeant de Dynavert, entrepreneur dans l’horticulture depuis 1997, se retrouve dos au mur et n’a d’autres solutions que de jeter chaque jour ses plantes ornementales en pot. Il juge les aides - qu'elles émanent de l’État ou de la Région- insuffisantes, dénonce des effets d’annonce et appelle de ses vœux un Plan Marshall.

Ces géraniums en pot de l'entreprise horticole Dynavert auraient du êtres vendus depuis 2 semaines. « Ils finiront à la poubelle car le stock vivant se dégrade très vite », déplore le dirigeant Philippe Vaché. — Photo : Dynavert

Normalement, en cette période de l’année, c’est l’effervescence chez Dynavert et Midi Plantes Azur, deux entreprises horticoles implantées à Hyères et La Londe-les-Maures dans le Var dont la spécialité est de produire des plantes ornementales en pot. Mais, le confinement est passé par là et, pour elles, l’interdiction de livrer les magasins distributeurs, des fleuristes, des marchands ambulants, des jardineries comme Botanic, Truffaut ou Villaverde et des enseignes indépendantes.

« L’arrêt a été total et depuis, notre dette explose, confie leur dirigeant Philippe Vaché. À l’image de nombreuses exploitations horticoles, notre résultat net n’est pas très important, notamment en raison de la concurrence mondiale. L’année dernière, ce résultat avoisinait les 13 000 euros pour un chiffre d’affaires consolidé de 3,7 millions d’euros. Ajoutez à cela que, jusqu’en mai, nous devrions perdre 690 000 euros de chiffre d’affaires ! Nous avons calculé qu’il nous faudrait 14 années pour financer les dettes de cette crise. Pendant ces 14 prochaines années, nous allons donc utiliser l’intégralité de notre résultat pour rembourser les banques, sans pouvoir investir un centime, sans pouvoir moderniser notre outil de production… En termes de motivation, on a connu mieux », déplore le dirigeant.

« Il nous faudra 14 années pour financer les dettes de cette crise »

« Trop riches » pour prétendre aux aides

Depuis deux semaines, plus aucune plante en pot ne sort des 6 hectares de serres de cette entreprise horticole, alors qu’en période normale, elle expédie chaque jour quatre camions de 19 tonnes. Aucun saisonnier n’a été recruté et seuls 10 salariés sur les 30 habituels continuent de travailler… Pour entretenir les plantes, rempoter et finalement jeter un stock qui se déprécie chaque jour ! C’est un peu comme si vous rouliez à 200 K/h sans frein et qu’un obstacle était annoncé 4 kilomètres plus loin », remarque Philippe Vaché. Certains lui ont bien conseillé de mettre en place un service de click & collect, mais l’entrepreneur ne dispose pas des équipements nécessaires. « Nous n’avons pas de protections pour nos salariés, notre espace de production n’est pas adapté à la vente au détail… Enfin, nous voulons respecter le confinement. »

Pour faire face à cette situation, Philippe Vaché réclame un Plan Marshall pour les entreprises et constate, amer, qu’il n’a pas droit aux aides existantes. « L’aide régionale est réservée aux entreprises qui font moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires… Nous sommes donc considérés comme trop riches ! Nous avons juste droit au chômage partiel et au chômage technique mais pour l’heure, nous faisons les avances et nous espérons que nous serons payés un jour. Et ce n’est pas avec les reports d’échéances de la MSA ou de nos banques que nous serons sauvés ! »

« Ce n’est pas avec les reports d’échéances de la MSA ou de nos banques que nous serons sauvés ! »

Pour sauver toutes les entreprises, l’entrepreneur attend un plan d’envergure et de rappeler : « Nous ne sommes pas des héros, nous voulons juste conserver la rentabilité de nos entreprises, protéger et préserver nos salariés. En Allemagne, aux États-Unis, les plans économiques sont drastiques et ils parlent déjà du redémarrage des entreprises. Ici, à part des effets d’annonce il n’y a rien ! »

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