Depuis Toulouse, la ministre déléguée à l'Industrie place Airbus devant ses responsabilités
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Depuis Toulouse, la ministre déléguée à l'Industrie place Airbus devant ses responsabilités

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En se rendant au siège de l'avionneur européen Airbus, à Toulouse, la ministre déléguée à l'industrie Agnès Pannier-Runacher a tenu un discours ferme sur la sauvegarde de l'emploi et des compétences. Et rappelé les grands donneurs d'ordres à leurs devoirs vis-à-vis de la sous-traitance.

La ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher lors de sa visite dans les locaux d'Airbus, ce 23 juillet à Colomiers — Photo : © Paul Falzon / Le Journal des Entreprises

Six semaines après avoir débloqué 15 milliards d’euros pour soutenir les entreprises de l’aéronautique, le gouvernement met un nouveau coup de pression sur les grands donneurs d’ordre, à commencer par Airbus, pour limiter l’impact social de la crise du secteur. La visite de la ministre déléguée à l’industrie Agnès Pannier-Runacher en Haute-Garonne, le 23 juillet, a été l’occasion de marteler les lignes rouges de l’exécutif : pas de départ contraint chez Airbus, et un soutien aux sous-traitants pour maintenir la filière en état de marche.

« Un esprit de vigilance »

La visite de la ministre dans les locaux d’Airbus à Colomiers a duré deux heures, qu’elle a équitablement réparties entre la direction de l’avionneur et les organisations syndicales représentatives. Agnès Pannier-Runacher leur a demandé de « converger vers le meilleur plan possible », rappelant qu’elle-même suivait le dossier « dans un esprit de construction, mais aussi de vigilance ». L’avertissement à Airbus est clair : gare « aux économies de court terme, qui sont dangereuses à moyen terme ».

Plus généralement, la ministre a appelé les grands donneurs d’ordre de la filière à « prendre leurs responsabilités, non seulement au sein de leur entreprise […] mais également vis-à-vis de la filière et de leurs sous-traitants ». Objectif : sauver le maximum d’emplois et de compétences, pour préparer une reprise qui interviendrait au mieux en 2022, que ce soit chez les salariés déjà en poste ou pour les jeunes en formation.

Aides publiques : la « boîte à outils » finalisée le 1er août

Si Agnès Pannier-Runacher n’a pas annoncé de moyens supplémentaires, elle a rappelé que les crédits débloqués en juin « sont loin d’avoir été épuisés ». « Ce qui doit être challengé, c’est notre capacité de travail et notre capacité à construire des projets » industriels, a insisté la ministre. Agnès Pannier-Runacher a promis que la « boîte à outils » regroupant l’ensemble des mesures publiques de soutien serait prête au 1er août.

Ce volontarisme sur l’emploi a naturellement été du goût des syndicats représentatifs au sein d’Airbus. « Nous sommes tout à fait satisfaits que la ministre reprenne cette revendication [du zéro licenciement] », a souligné Dominique Delbouis, pour Force Ouvrière. Idem pour Françoise Vallin, représentante CFE-CGC, qui a espéré que cette visite permette de « sortir de l’ornière » dans laquelle les négociations sociales chez Airbus se trouvent actuellement.

Un geste sur les mesures d’âge ?

Les syndicats d’Airbus demandent en priorité des aides, notamment fiscales, pour faciliter les départs anticipés, ainsi qu’un allongement de 24 à 36 mois des mesures d’âge afin d’obtenir un nombre suffisant de volontaires à la préretraite, et ainsi éviter les départs contraints.

Pour Force Ouvrière, Jean-François Knepper a également demandé qu'« au sortir de cette crise, aucun sous-traitant ne manque à l’appel ». Une rencontre a été organisée dans la soirée à la préfecture de Haute-Garonne en présence de plusieurs dirigeants représentatifs de la supply-chain industrielle, dont Mathieu Rossi (Rossi Aero), Philippe Parsoire (Freyssinet Aero), Thomas Corbel (LPF) ou Christian Cornille (Mecachrome). Philippe Robardey, dirigeant du groupe d’ingénierie Sogeclair et président de la CCI Toulouse Haute-Garonne, et Alain Di Crescenzo, dirigeant de l’éditeur de logiciels IGE + XAO et président de la CCI Occitanie, ont également participé aux débats.

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