Après le choc du plan social, coup d'envoi de trois mois de négociations chez Airbus
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Après le choc du plan social, coup d'envoi de trois mois de négociations chez Airbus

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Près de 3 600 emplois perdus à Toulouse, un millier en Loire-Atlantique : les principaux sites d’Airbus en France supportent l’essentiel des 5 000 suppressions de postes annoncées par la direction. Des consultations régulières sont prévues jusqu’au mois d’octobre, et les premiers départs pourraient intervenir début 2021.

Airbus prévoit de supprimer 3500 postes en région toulousaine, dont 2400 à la production — Photo : Airbus S.A.S

L’impact social de la restructuration engagée chez Airbus se précise chaque jour un peu plus. Après l’annonce ce mardi 30 juin en comité européen de groupe du chiffre de 15 000 suppressions de postes, la direction de l’avionneur (134 000 salariés, CA 2019 : 70 Md€) a détaillé ce jeudi 2 juillet ses projets pour ses effectifs en France.

La région toulousaine paie le plus lourd tribut avec 980 suppressions de postes au siège, environ 2 400 à la production, et plus de 200 dans les filiales (186 chez ATR et 36 chez Stelia). Un millier d’emplois doivent également disparaître en Loire-Atlantique : 484 sur le site de Nantes-Bouguenais, 386 au sein d’Airbus Saint-Nazaire, et 201 postes dans la filiale de Stelia à Saint-Nazaire. Les sites de Stelia à Rochefort (17), Mérignac (33) et Méaulte (80) vont eux aussi perdre plusieurs centaines de postes : une première information doit être faite ce vendredi 3 juillet dans chacun des établissements d’Airbus Avions.

En France, pas de départs avant 2021 ?

Le processus de négociations qui s’engage devrait durer au moins trois mois. « Au niveau européen, des consultations régulières sont annoncées jusqu’à la fin septembre, précise Philippe Fraysse, élu Force Ouvrière (syndicat majoritaire en France) au comité européen de groupe. On se situe dans le cadre de la directive Vilvorde, qui oblige les entreprises présentes dans plusieurs pays de l’UE à informer les représentants du personnel de toute décision sur l’emploi : les négociations seront ensuite fonction du droit social de chaque pays. » Pour la direction d’Airbus, l’objectif est de conclure l’ensemble des procédures « avant la fin du mois d’octobre », et que tous les départs soient effectifs à l’été 2021.

En France, compte tenu des délais de préavis, il est possible qu’aucun départ ne puisse intervenir avant le début de l’année 2021. C’est sur ce délai que les organisations syndicales fondent une partie de leur stratégie pour réduire l’ampleur du plan de restructuration. « Il faut que le gouvernement ouvre la porte à des mesures d’âge pour faciliter les départs en retraite anticipée et éviter tout départ contraint, poursuit Philippe Fraysse. On peut aussi espérer que la reprise arrive avant que les premiers licenciements n’interviennent. »

Le chômage partiel pour sauver 1 000 à 1 500 emplois

Mise sous pression par le gouvernement, la direction d’Airbus renvoie la balle à Bercy avant d’envisager une évolution de son plan de restructuration. « Lorsque les décrets d’application allongeant les mesures de chômage partiel seront implémentés, cela pourrait nous permettre de sauver aux alentours de 1 000 emplois en France, indique Matthieu Duvelleroy, porte-parole d’Airbus. Les aides envisagées pour soutenir la recherche sur l’avion décarboné auront aussi un impact positif sur 400 à 500 postes d’ingénieurs. » Des estimations légèrement plus basses que celles du secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari mercredi au micro de BFM TV : « Si vous mettez en place l’activité partielle, vous sauvez 1 500 emplois. Et vous en sauvez 500 de plus en développant l’avion bas carbone. »

Premier appel commun des syndicats représentatifs

En parallèle des discussions entre Bercy et la direction d’Airbus, les syndicats français mobilisent leurs troupes. Près de 5 000 salariés se sont réunis ce 2 juillet sur le site de Saint-Martin-du-Touch, entre Colomiers et Toulouse, au moment où la direction précisait son plan de restructuration. Et les trois syndicats représentatifs au niveau du groupe en France (Force Ouvrière, CFE-CGC et CFTC) ont publié une déclaration commune appelant les dirigeants d’Airbus à assumer leurs responsabilités.

Outre la « ligne rouge » concernant les départs contraints, les organisations demandent que l’avionneur généralise l’activité partielle de longue durée, engage des actions de formation, et soutienne les jeunes en formation en garantissant « une embauche pour deux départs ». La CGT Occitanie a pour sa part appelé à un premier rassemblement le 9 juillet, et demandé l’organisation d’assises régionales sur l’aéronautique.

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