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Coronavirus : la coopérative viticole Estandon résiste malgré la crise
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Coronavirus : la coopérative viticole Estandon résiste malgré la crise

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Estandon Coopérative en Provence, qui réunit 300 vignerons coopérateurs, a dû faire face à une baisse de 50 % de ses ventes au mois de mars. Depuis, les ventes remontent, mis à part dans la restauration, l’export reste bien orienté et l’entreprise résiste finalement plutôt bien, notamment grâce au vin rosé, qui serait peu sujet aux fluctuations économiques, selon son dirigeant Philippe Brel.

Philippe Brel dirige Estandon Coopérative en Provence, qui est l’union de 300 vignerons coopérateurs, qui représentent 10 % de la production des Vins de Provence — Photo : Estandon

Chez Estandon Coopérative en Provence, première entreprise vitivinicole de Provence, qui réunit 300 vignerons coopérateurs, les équipes ne se sont jamais arrêtées de travailler. Cette décision, « sage et difficile, s’est imposée comme la meilleure solution », selon les mots du directeur général, Philippe Brel. Dans cette coopérative qui a adopté les principes du management libéré depuis quelques années, la décision a été discutée et partagée et depuis, « nous avons renforcé le dialogue et les échanges en interne et accordé une importance toute particulière au bien-être de nos salariés », assure le dirigeant.

Les effectifs (120 salariés) ont néanmoins été adaptés à la situation sanitaire : certains salariés ont bénéficié de l’arrêt de travail pour garde d’enfants, d’autres, vulnérables, ont été protégés et petit à petit une nouvelle organisation s’est mise en place dans les bureaux et va se poursuivre au-delà du 11 mai. « Nous allons développer l’alternance entre télétravail et travail en présentiel pour assurer le respect des mesures de distanciation sociale dans les bureaux. Moi-même, je viens un jour sur deux », souligne Philippe Brel. À la logistique, les gestes barrières ont été adoptés. Les postes de travail sont désinfectés lorsqu’ils sont utilisés par différentes personnes. « Nous continuerons de faire le maximum pour éviter la contamination tout en assurant la présence de nos produits auprès des consommateurs », ajoute le dirigeant.

Une trésorerie préservée

Malgré une baisse des ventes de 50 % au mois de mars, en partie absorbée par la présence d’un effectif restreint, le directeur a mis un point d’honneur à payer toutes ses factures à l’heure et a sollicité des reports d’échéances de prêts et de charges sociales et un remboursement de TVA, qui lui était dû depuis plusieurs années. « C’était pour nous une question de citoyenneté de ne pas faire d’épargne de précaution et ainsi de préserver le système économique d’une embolie. » Quant au prêt garanti par l’État, si l’entrepreneur pense en avoir besoin d’ici à la fin de l’année, il ne l’a pour l’heure pas encore sollicité, préférant attendre de voir comment les affaires reprennent pour estimer au plus juste ses besoins. « Traditionnellement, notre besoin en trésorerie est fort en cette période de l’année, mais le fait d’avoir baissé notre production a engendré une baisse de notre besoin en fonds de roulement. »

« C’était pour nous une question de citoyenneté de ne pas faire d’épargne de précaution et ainsi de préserver le système d’une embolie. »

Car la crise n’a pas été sans conséquences sur les ventes et la production. « La première quinzaine du confinement, nos ventes ont chuté de 50 %. Les grossistes, qui fournissent les bars et restaurants ont stoppé net leur activité, la grande distribution a réorganisé ses flux et certains cavistes ont commencé par fermer leurs boutiques avant de rouvrir progressivement. Chez Estandon, au cours de cette même période, l’absence de certains personnels a permis de maintenir un niveau de production à hauteur de 50 % », raconte Philippe Brel. Quant au stock, il sera certes plus important quelques mois, mais le gel de nombreuses parcelles en début de confinement devrait permettre d’équilibrer les stocks l’année prochaine et « nous ne devrions pas connaître de déséquilibre majeur. »

Un vin rosé peu sujet aux fluctuations économiques

Depuis le début du mois d’avril, la coopérative implantée à Brignoles réalise 65 à 75 % de son volume d’activité habituel (20 millions de bouteilles produites par an). « Des personnels ont repris le chemin du travail, le télétravail s’est organisé et nous avons adapté nos stocks en arrêtant la production de références destinées à la restauration, une branche qui représente 25 % du chiffre d’affaires (45,50 M€ en 2018). Pour la première fois de ma carrière, nous faisons face à un secteur fermé administrativement. C’est imparable et totalement inédit. Nous ne l’avions pas anticipé et il n’y a pas grand-chose à faire à part de faire le dos rond. »

La grande distribution a quant à elle retrouvé un niveau normal et l’export, qui représente 25 % du chiffre d’affaires, est resté orienté positivement. « Les marchandises partent et arrivent et après quelques jours de flottement, le portefeuille de commandes a retrouvé un niveau normal. Les Pays-Bas, notre premier pays d’exportation, ont passé les commandes prévues, aux États-Unis et en Angleterre aussi. Seule la Chine est à l’arrêt et tarde à redémarrer mais cette destination reste encore marginale pour les rosés de Provence. Nous espérions y développer nos ventes en 2020… Ce n’est que partie remise. »

Pour le dirigeant, cette stabilité à l’international, mais aussi sur le marché domestique, via la grande distribution, s’explique par la nature même du vin rosé : « Ni produit refuge, ni produit réservé à de grandes occasions de joie et de victoire, le vin rosé est peu sujet aux fluctuations économiques. C’est un produit de bien-être, accessible à toutes les bourses, dont les consommateurs ont besoin en toutes circonstances. »

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