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NatUp cultive de nouveaux leviers de diversification
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NatUp cultive de nouveaux leviers de diversification

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Le groupe coopératif NatUp affiche d’excellents résultats malgré une conjoncture sanitaire et économique délicate. Avec une capacité d’investissement annuelle de cinquante millions d’euros, la coopérative agricole poursuit sa politique de diversification et s’engage dans la création de nouvelles filières.

— Photo : © NatUp

Né de la fusion des coopératives Cap Seine et Interfaces Céréales en décembre 2018, le groupe NatUp, basé à Mont-Saint-Aignan, enregistre, pour sa première année comptable pleine, de très bons résultats. Malgré un chiffre d’affaires de 1,192 milliard d’euros en léger repli, le groupe affiche une double progression de l’excédent brut d’exploitation (EBE) et du résultat net. Ce dernier passe de 35,3 millions d’euros à 41,3 millions d’euros cette année, tandis que l’EBE passe de 15,2 millions d’euros à 17,7 millions d’euros. Selon le directeur général du groupe, Patrick Aps, « cette croissance est la résultante des diversifications engagées depuis huit ans par la coopérative, comme le développement de la filière légumes, et de la résilience des activités dans un contexte pourtant très difficile. Ce spectre d’activités beaucoup plus large nous rend moins sensible à la conjoncture actuelle. » Une belle croissance qui a permis au groupe, dont les fonds propres et provisions s’élèvent à 221 millions d’euros contre 201 millions d’euros l’année dernière, de redistribuer cinq millions d’euros à ses adhérents cette année. « Cet exercice est d’autant plus satisfaisant que l’on dispose encore de leviers à actionner pour continuer à performer. »

« Cet exercice est d’autant plus satisfaisant que l’on dispose encore de leviers à actionner pour continuer à performer. » Patrick Aps, directeur général de NatUp

De nouvelles filières de niche en développement

Culture de pommes de terre à NatUp — Photo : © NatUp

Le groupe coopératif (7 000 agriculteurs – 1 550 collaborateurs) poursuit sa stratégie « NatUp 2025 » qui a pour objectif d’accélérer la transformation du groupe, notamment en accentuant sa politique de diversification et d’innovation. En productions animales, le groupe explore des solutions techniques innovantes en matière de nutrition, ou économiques pour les sections spécialisées, et développe des partenariats avec des filières rémunératrices pour les éleveurs (Lidl, Bleu Blanc Cœur, Label Rouge…) Au total, ce sont désormais plus de 16 filières qui sont aujourd’hui proposées aux éleveurs bovins, ovins ou encore en volailles de plein air.

NatUp travaille également sur des leviers de diversification en matière de productions végétales : « Le travail de construction de filières se poursuit, tant dans la consolidation des grandes filières du groupe comme le colza érucique mais aussi dans la création de filières de niche telles que les lentilles, les pois jaunes, et le blé dur », confirme Patrick Aps. Le groupe teste aussi de nouvelles productions sur le plan agronomique et met l’accent sur la recherche de débouchés pérennes innovants. Ainsi en est-il du lancement de la filière sorgho qui donne « de bons résultats » selon le président du groupe Jean-Charles Deschamps. « Cette filière du sorgho aura pour principal débouché l’aliment du bétail. Un peu plus de mille hectares seront semés et récoltés pour la prochaine campagne », précise-t-il.

Une ferme d’élevage d’insectes en partenariat avec NextAlim

Cherchant à valoriser l’économie circulaire, NatUp a signé un partenariat avec NextAlim, spécialisé dans la valorisation industrielle des matières organiques par l’insecte à Poitiers, visant à lancer une étude de faisabilité pour la construction d’une unité d’élevage d’insectes en Normandie. Cet élevage permettrait de produire entre 10 000 et 15 000 tonnes de larves d’insectes par an et de créer de 20 à 40 emplois. « Ce projet d’économie circulaire a pour objectif de nourrir les insectes avec des déchets de légumes du groupe normand Lunor, pour ensuite servir à l’aquaculture ».

Le groupe NatUp explore de nouvelles approches d’agricultures plus respectueuses de l’environnement pour ouvrir de nouveaux débouchés rentables à ses adhérents. Parmi les démarches menées cette année, l’engagement de la filière légumes aux côtés de la marque « C’est qui le patron » avec des pommes de terre issues de l’agriculture raisonnée, répondant au minimum à une certification environnementale de niveau 2 (respect d’un référentiel comportant 16 exigences efficientes pour l’environnement, NDLR). « Une certification qui sera proposée très largement aux adhérents en 2021 », confirme Patrick Aps.
Avec seulement 230 agriculteurs en production bio, NatUp veut accélérer le développement de la filière bio : « Nous venons d’embaucher un collaborateur spécialisé dans le travail du grain en bio pour mener à bien le développement et l’accompagnement de la production bio chez nos agriculteurs », ajoute le directeur.

Cinquante millions de capacité d’investissement annuel

"Le groupe présente une capacité d’investissement de 50 millions d’euros par an" Jean-Charles Deschamps, président de NatUp

Le groupe NatUp affiche de nombreux programmes d’investissements : « Chaque année, nous investissons environ vingt millions d’euros dans la maintenance et la mise aux normes de nos installations. Compte tenu des bons résultats de l’entreprise, le conseil d’administration a voté, en plus, un million d’euros d’investissement par an pour embellir les sites », confirme Jean-Charles Deschamps qui assure que le groupe présente une capacité d’investissement de 50 millions d’euros par an et reste en veille permanente sur le rachat potentiel d’entreprises externes. La dernière en date étant l’entrée au capital de la société Lemaitre-Demeestere (33 salariés), dernier tisseur de lin français basé dans les Hauts-de-France en juin 2020.

Vers la relocalisation d’une filature de lin en Normandie

Le groupe coopératif NatUp ambition de relocaliser une filature de lin en Normandie — Photo : © NatUp

En entrant au capital du dernier tisseur de lin français basé dans les Hauts-de-France, Lemaitre Demesteere (33 salariés) en juin 2020, la branche fibres de NatUp ambitionne de créer de la valeur supplémentaire pour le lin sur son territoire et porter un projet de relocalisation d’une filature de lin en Normandie. La coopérative projette en effet, d’installer une filature normande, à proximité des zones de production de lin, et d’investir sur l’aval de la filière. Le coût du projet s’élève à 3 et 4 millions d’euros. La Région Normandie soutiendra financièrement ce projet. « Les appels d’offres concernant le matériel ont été lancés », annonce Jean-Charles Deschamps, président de NatUp.

Il s’agira de créer une plateforme collaborative pour la structuration et la fédération des acteurs du lin textile normand : « Cet outil productif va permettre à la filière de se compléter et d’avoir l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur sur le territoire en circuit court avec le lin teillé, le lin filé et le lin peigné. Notre objectif est de produire au départ 250 tonnes de fils par an et de créer une filière tracée 100 % fabriqué en Normandie ».

L’usine, qui sera basée à Saint-Martin-du-Tilleul dans l’Eure, et produira du fil « en mouillé », une technologie qui n’existe plus en Europe, selon Jean-Charles Deschamps. « Rapatrier cette technique en France est un vrai challenge. Nous sommes accompagnés par des grandes marques françaises qui sont intéressées par cette aventure comme Le Slip Français, Saint-James et Petit Bateau. » L’usine devrait être opérationnelle courant 2021.

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