Forêt d’ici change de dimension pour trouver des moyens face au changement climatique
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Forêt d’ici change de dimension pour trouver des moyens face au changement climatique

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Issue de la fusion entre Forêts et Bois de l’Est, Nord Seine Forêt 2A et Cosylval, la toute jeune coopérative Forêt d’Ici regroupe 13 800 propriétaires forestiers dans 35 départements du quart Nord et Est de la France.

Le nouveau président de la coopérative forestière Forêt d’ici, Pierre-Olivier Drege (au centre), est entouré (de gauche à droite) de son directeur général, Alain Jacquet, de ses deux vice-présidents, Michel Vannesson et Jean-Louis Zentz et de Pierre Ducray, directeur général — Photo : Jean-François Michel

Selon Pierre Ducray, le directeur général de la coopérative forestière Forêt d’ici, "les réflexions lancées il y a plus d’un an et demi au sein des trois anciennes coopératives ont convergé vers l’idée d’une fusion". Le 29 février à Nancy, la première assemblée générale de la nouvelle coopérative forestière, Forêt d’ici, a scellé la fusion de Forêts et Bois de l’Est, Nord Seine Forêt 2A et Cosylval.

Basé à Épinal, dans les Vosges, le nouvel ensemble pèse un total de 95 millions d’euros de chiffre d’affaires, emploie 200 salariés et rassemble 13 800 propriétaires forestiers, possédant 196 000 hectares de forêts plantées dans 35 départements, du Calvados au Haut-Rhin et de l’Ain à la Somme. "Pour autant, nous sommes une petite PME, prévient Pierre-Olivier Drege, le nouveau président de Forêt d’ici. Une nouvelle entreprise dans laquelle chaque propriétaire a accès aux techniciens qu’il connaît déjà, et qui est là pour récolter les bois des adhérents."

Un milliard d’arbres en 10 ans

Avant l’officialisation de la fusion, les coopératives forestières Nord Seine Forêt 2A et Forêts & Bois de l’Est ont coopéré pour décrocher des financements dans le cadre de France Relance : "Près de dix millions d’euros d’aides publiques nous ont permis de multiplier par deux les travaux dans la forêt", souligne Pierre-Olivier Drege. Le président de Forêt d’ici veut désormais capitaliser sur le changement de dimension de sa coopérative forestière pour décrocher des budgets France 2030, aujourd’hui fléchés vers un fonds baptisé "Fonds pérenne forestier". "En 2024, l’État a mis près de 200 millions d’euros sur la table, rappelle Alain Jacquet, directeur général de Forêt d’ici. L’objectif a été fixé par le président de la République, c’est de planter un milliard d’arbres en 10 ans".

Donner de la visibilité aux adhérents

Pour l’équipe de la coopérative, l’enjeu est de "régénérer des peuplements en impasse" : concrètement, face au changement climatique, les espèces d’arbres plantées dans les forêts françaises doivent changer. "Nous n’avons plus le temps de nous adapter. Si on ne fait rien, nous ne pourrons que constater le dépérissement de la forêt", estime Alain Jacquet.

Outre les fonds publics, la nouvelle coopérative pourra désormais s’appuyer sur 15 millions d’euros de fonds propres pour investir au service de ses adhérents : massification des achats de plants, mise en œuvre de nouvelles technologies pour mieux comprendre l’évolution des arbres ou encore plateforme en ligne présentant un suivi des flux financiers entre l’adhérent et la coopérative.

"Nous allons privilégier les contrats d’approvisionnement. Cela donne de la visibilité à nos adhérents comme à nos clients, les transformateurs", annonce Pierre-Olivier Drege. Pour le président de Forêt d’ici, l’enjeu est de sortir de "l’économie de la cueillette", soit la pratique consistant à vendre les arbres sur pied, dans la forêt, au profit de la vente de "grumes en bord de route", soit des volumes de bois précis, dont la qualité est connue : "C’est le seul moyen de remédier à la déficience de la transformation en France", estime Pierre-Olivier Drege.

Investir dans l’aval de la filière

Plus grosse coopérative forestière sur les trois fusionnées, soit près de 60 millions d’euros de chiffre d’affaires, Forêts et Bois de l’Est, à Épinal, a racheté en 2016 la scierie Genet, en Haute-Saône, puis la scierie Capibois en 2022, toujours en Haute-Saône. Un total de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et une activité qui permet d’offrir un débouché aux adhérents de la coopérative. Pour autant, "pas question de se substituer aux clients", prévient Pierre-Olivier Drege. "L’idée est de garantir des débouchés là où la filière avale n’est pas en capacité de le faire." Une stratégie qui sera déclinée "dans le Nord et l’Ouest" du territoire sur lequel opère Forêt d’ici. Sans donner les noms des scieries ciblées par un futur rachat, l’équipe de Forêt d’ici confirme travailler sur le sujet.

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