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Comment ce chef d’entreprise a transmis Sepal à ses trois enfants
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Comment ce chef d’entreprise a transmis Sepal à ses trois enfants

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Jean-Yves Roullier a récemment cédé les rênes de Sepal, une PME mayennaise spécialisée dans le négoce de produits alimentaires, à ses trois enfants. Une transition familiale qui s’est faite en douceur.

Jean-François, Audrey, Jean-Yves et Émilie Roullier. Les trois enfants ont repris les commandes de l’entreprise de leur père — Photo : Rémi Hagel

Sepal (Société européenne de produits alimentaires) est désormais dirigée par un trio. Les deux sœurs, Audrey et Émilie Roullier, assurent chacune une direction générale de cette PME mayennaise de 35 salariés, spécialisée dans le négoce de produits alimentaires à destination de la restauration hors domicile et de l’industrie agroalimentaire. Audrey assure la direction des achats-ventes, Émilie celle de la logistique et des approvisionnements. Les deux sœurs partagent l’actionnariat majoritaire avec leur frère Jean-François, responsable quant à lui des services informatiques. Leur père, Jean-Yves, leur a transmis l’entreprise le 1er janvier 2022.

Intégration progressive

"Cela s’est fait petit à petit, naturellement. Je n’avais pas l’idée formelle de leur transmettre il y a dix ans", témoigne l’intéressé. "C’est issu d’une espèce d’évidence, qui est arrivée petit à petit…" De fait, les trois enfants ont intégré Sepal au fil du temps, facilitant la transmission le moment venu. D’abord, Audrey, dès 2009, au service commercial. Puis, Émilie, logisticienne, en 2016. En 2017, "l’évidence" de transmettre à ses enfants est alors apparue à Jean-Yves, qui a annoncé son intention au personnel de l’entreprise. Développeur informatique, Jean-François n’était pas encore présent. Il a toutefois structuré l’ERP de Sepal pendant deux ans, en tant que prestataire, avant d’entrer dans l’entreprise en 2021.

Sur le plan capitalistique, Jean-Yves Roullier a réalisé une première étape de donation mi-2021, puis les trois associés familiaux ont racheté le reste le 1er janvier 2022, Jean-Yves Roullier conservant un tiers des parts. Il avait repris l’affaire en 1995, avec 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il l’a transmise avec un chiffre d’affaires près de 20 fois plus élevé.

Jean-Yves Roullier avait fait passer l’activité de Sepal de 3 millions d’euros à plus de 56 millions en 2021 — Photo : Rémi Hagel

Les décisions stratégiques sont désormais prises à trois. "Il y a parfois débat, mais nous avons souvent la même vision. Nous sommes complémentaires, on se fait confiance puisque nous avons chacun un domaine d’expertise", décrit Jean-François. S’il faut voter, le nombre impair facilite l’opération. Président non exécutif, Jean-Yves donne parfois son avis, mais "je ne me sens plus trop concerné. En étant de moins en moins au courant du quotidien, je finis par me désintéresser. D’autant que les choses ont changé très vite depuis deux-trois ans, la situation est devenue complexe".

Pas de solitude du dirigeant

Avec l’année 2022, le baptême du feu du trio a été particulièrement sévère. "C’était le pire moment pour reprendre la boîte !", commente Jean-Yves. "Mais c’est génial !", ajoute Audrey. "On se casse les dents tous les jours, mais on ne subit pas la solitude du dirigeant". Le principal aléa de l’année est venu du ciel. Sepal vend notamment des produits de plein champ, importés (d’Amérique latine, d’Asie du Sud-Est, d’Europe). En particulier, les tomates constituent le cœur de métier : 27 000 tonnes par an, soit 60 % des volumes, un quart du chiffre d’affaires. Cette année, la sécheresse a contraint les fournisseurs méditerranéens à contingenter leurs produits. "L’an prochain, on ne trouvera peut-être plus de plats à base de tomates… Nous menons une réflexion pour développer de nouveaux produits, à forte valeur ajoutée, plus innovants, par exemple sur le marché des protéines végétales", décrit Audrey. Si le chiffre d’affaires devrait atteindre 70 millions d’euros en fin d’année, cette augmentation de 25 % est surtout due à une répercussion de la hausse des coûts.

Audrey Roullier, directrice générale en charge des achats-ventes — Photo : Rémi Hagel

À court terme, l’entreprise a besoin d’espace. 8 000 palettes sont stockées dans les 8 500 m2 d’entrepôts, mais un site loué à l’extérieur en accueille 1 500 supplémentaires. "Nous sommes à saturation", commente Émilie. Sepal cherche à construire de nouveaux entrepôts. Le contexte économique troublé et la difficulté à trouver un terrain freinent pour le moment ce projet.

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