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L'usine de sacs d'aspirateurs Fackelmann accélère sa production de masques FFP2
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L'usine de sacs d'aspirateurs Fackelmann accélère sa production de masques FFP2

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Pour faire face à l’explosion de la demande en masques FFP2, l’usine vosgienne de sacs aspirateurs Fackelmann France a décidé d’accélérer le rythme de sa nouvelle production. Un levier de croissance bienvenu alors que le marché du sac aspirateur s’essouffle un peu plus chaque année.

Le directeur commercial et marketing de Fackelmann France Philippe Bothier a pour objectif de produire 15 millions de masques FFP2 en 2022, contre 10 millions en 2021 — Photo : Lucas Valdenaire

Du sac aspirateur au masque FFP2, il n’y a qu’un pas. Dans les ateliers vosgiens de Fackelmann France à Bussang (CA : 20 M€ ; 66 salariés), les deux lignes de production sont parfaitement alignées et tournent toutes les deux à plein régime. Seule différence : la première, dédiée à la fabrication de sacs aspirateurs, date de 2004. La seconde, mobilisée pour la production de masques, a démarré il y a un peu plus d’un an.

Avant l’arrivée du virus, la filiale française du groupe allemand Fackelmann (CA : 500 M€ ; 4 500 salariés dans le monde) ne s’adonnait qu’à deux activités : la distribution d’ustensiles de cuisine grâce à ses 8 500 m² de stockage et la fabrication de sacs aspirateurs dans les 2 500 m² du hall de production. Mais en mars 2020, la Covid fait son apparition, la demande de masques explose et le président Alexander Fackelmann y décèle un nouveau levier de croissance. Car depuis une décennie, le marché du sac aspirateur, plombé par la dernière génération d’équipements ménagers, chute de 3 % par an en moyenne.

Sous l’œil de son directeur commercial Philippe Bothier et de son responsable production Alexandre Thuillier, Fackelmann France fabrique chaque année 10 millions de sacs aspirateurs à destination du marché français et européen (Espagne, Belgique, Suisse, Slovénie) — Photo : Lucas Valdenaire

"En mars 2020, au tout début de la pandémie, notre PDG nous a questionnés pour savoir si nos sacs aspirateurs pouvaient servir de masque, raconte le directeur commercial et marketing de l’usine de Bussang Philippe Bothier. Nous les avons envoyés à la DGA (la Direction générale de l’armement sollicitée pour tester l’efficacité des masques au début de la pandémie, NDLR) qui nous a répondu que cela pouvait fonctionner. Nous connaissions déjà le non-tissé et la soudure ultrason. Il ne nous manquait que l’outil industriel."

Barrettes et robots vosgiens

Fackelmann se rapproche alors du spécialiste allemand des casques, lunettes et autres équipements de protection Uvex qui compte également une filiale française à Val-de-Moder (Bas-Rhin). "Ce partenaire a investi dans les machines et nous nous sommes appuyés sur sa connaissance du marché du masque pour gagner un temps précieux", détaille Philippe Bothier. Et pourquoi pas les masques chirurgicaux ? "Nous nous sommes vite aperçus que la Chine avait une longueur d’avance alors nous avons, dès le départ, fait le choix du FFP2", répond le cogérant vosgien.

En un peu plus de six mois, le projet devient réalité. Une enveloppe d’un million d’euros est débloquée (avec le soutien de la Région Grand Est à hauteur de 80 000 euros) et la ligne de production est installée en décembre 2020. En son cœur trône un robot de liaison à près de 120 000 euros signé MA Industrie à Saint-Étienne-lès-Remiremont (Vosges). "Il faut bien que la vallée vive, confie le directeur commercial et marketing. C’est peut-être plus cher mais au moins, nous ne pouvions pas trouver plus près pour la maintenance."

Même si les process se ressemblent fortement, la fabrication d’un masque FFP2 reste beaucoup plus complexe que celle d’un sac aspirateur. Le premier nécessite dix couches de matière quand le deuxième n’en compte que trois. Sans oublier les élastiques fournis par la société Plymouth Française à Feyzin (Rhône) et les barrettes nasales originaires des ateliers voisins de chez Hallpack à Rambervillers (Vosges). Dernière étape primordiale : le contrôle qualité. Une machine à 80 000 euros permet de tester toutes les demies heures la respirabilité et la filtration des protections.

En 2x8, ce sont environ 40 000 masques FFP2 qui sortent chaque jour de cette ligne de production à 1 million d’euros — Photo : Lucas Valdenaire

En 2021, Fackelmann France a ainsi fabriqué 10 millions de masques FFP2 à destination du marché français. Avec un carnet de commandes rempli à ras bord, excepté pendant l’été. Un essoufflement de mauvaise augure pour le long terme ? "Nous ne sommes pas inquiets car nous constatons une récurrence de la demande notamment des médecins et des dentistes, se rassure Philippe Bothier. D’ailleurs, nous privilégions le milieu médical car nous savons qu’ils en auront besoin encore longtemps." C’est pourquoi le fournisseur de matériel médical et chirurgical Robé à Saint-Étienne-lès-Remiremont fait partie de ses premiers clients. Les banques, les administrations publiques et même l’Assemblée nationale ont, elles aussi, déjà passé commande. Quid de l’exécutif pressé par plusieurs professions et notamment les enseignants ? "A ce jour, le gouvernement ne s’est pas manifesté, glisse Philippe Bothier. C’est vrai que c’est étonnant sachant que nous sommes référencés parmi la vingtaine de producteurs de masques FFP2 en France. Et, à ma connaissance, nous sommes les seuls en Lorraine."

Déjà six recrutements en six mois

En ce début d’année 2022, la demande est telle que la direction a décidé de passer ses équipes en 3x8. L’objectif est de passer de 900 000 à 1 250 000 unités par mois. Pour suivre le rythme, les effectifs sont en constante augmentation. Déjà six personnes (soit 10 % des effectifs) ont été recrutées sur les six derniers mois. Parmi elles, figure un responsable numérique. L'entreprise a, en effet, l'intention de renforcer sa stratégie de vente sur Internet et l’ambition d'y réaliser d’ici trois ans 20 % de son chiffre d’affaires (contre 5 % aujourd’hui). Les statistiques du moment sont encourageantes puisqu’une récente mise en lumière médiatique sur de grandes chaînes de télévision a fait exploser le nombre de visites sur Internet, d’une petite dizaine à quelque 2 500 connexions permanentes. "Surtout, le taux de transformation oscille désormais entre 15 et 20 %, contre 3 % en temps normal", se félicite Philippe Bothier.

L’usine de Bussang est le seul site français du groupe Fackelmann qui en compte neuf autres dans le monde : une en Pologne, deux en Allemagne, deux en Inde et quatre en Chine — Photo : Lucas Valdenaire

Et ce n’est pas le prix qui semble freiner les clients puisque le masque made in Vosges de Fackelmann France ne dépasse pas les 60 centimes d’euros à la vente. "Certes, on trouve toujours moins cher mais encore faut-il être certain de sa qualité", tient à souligner le cogérant qui doit aussi faire face à une hausse significative des coûts de production. À l’automne dernier, les tensions sur les matières premières étaient telles qu’il a fallu arrêter les machines pendant un mois. Aujourd’hui, les stocks sont de nouveau remplis mais les bobines de non-tissé restent à un tarif largement supérieur à ce qu’il était il y a encore un an.

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