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Le groupe InVivo veut relancer le site Furst 1 de Neuhauser à Folschviller
Moselle # Agroalimentaire # Investissement

Le groupe InVivo veut relancer le site Furst 1 de Neuhauser à Folschviller

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Le directeur général d’InVivo, propriétaire du groupe Soufflet et de son boulanger industriel Neuhauser basé à Folschviller (Moselle), a annoncé le 18 mai aux 250 salariés lorrains que leur ancien site Furst 1 allait rouvrir avant la fin d’année. Un accord avec Lidl a été trouvé, de nouveaux volumes sont annoncés, et des négociations salariales s’apprêtent à être lancées.

L’union de coopératives agricoles InVivo, dirigée par Thierry Blandinières, a repris le groupe Soufflet (propriétaire de Neuhauser) en décembre 2021 — Photo : Lucas Valdenaire

Près de trois ans après sa fermeture, le site Furst 1 de Neuhauser à Folschviller (Moselle), qui comptait encore à l’époque plus de 180 salariés, devrait finalement renaître de ses cendres. Le directeur général de l’union des coopératives agricoles InVivo (CA : 10 Md€ ; 13 000 collaborateurs) qui a absorbé en décembre 2021 la société agroalimentaire de Nogent-sur-Seine (Aube) Soufflet, propriétaire du boulanger industriel mosellan Neuhauser (CA 2021 : 336 M€ ; 1 600 collaborateurs), est venu annoncer la nouvelle lui-même aux salariés mosellans ce 18 mai 2022. Près de 200 d’entre eux ont fait le déplacement pour écouter leur nouveau patron, entraînant, de fait, l’arrêt des lignes pendant plusieurs heures. Plusieurs représentants syndicaux en ont profité pour rappeler leurs inquiétudes quant à l’avenir de la société, aujourd’hui largement déficitaire.

Furst 1 fermé en 2019

Car le climat social reste lourd dans cette usine de Moselle Est, plus grosse unité de production des onze sites français de Neuhauser, où sont fabriqués pains et viennoiseries sur quatre lignes de production à destination de la grande distribution comme Lidl, Leclerc, Carrefour ou Casino et où se multiplient, depuis plusieurs années, les débrayages et les mouvements de grèves. Les salariés dénonçant de mauvaises conditions de travail et des licenciements injustifiés, réclamant des hausses de salaires et davantage de sécurité au quotidien. Un climat encore plus orageux depuis l’annonce de la fermeture en août 2019 des ateliers de Furst 1 (Neuhauser dispose encore aujourd’hui d’un site de production Furst 2 rassemblant près de 250 salariés, sans compter la centaine de collaborateurs œuvrant au siège social de l’entreprise basé, là aussi, à Folschviller). Après d’intenses négociations, un plan social concernant 185 personnes, avait finalement été validé. Alors qu’une partie des salariés avaient été licenciés, d’autres avaient été transférés de l’autre côté de la rue dans les ateliers restants de Furst 2 dédiés aux surgelés (ceux de Furst 1 étant consacrés à l'époque aux viennoiseries fraîches).

Plan de relance

Mais depuis le rachat du groupe Soufflet par InVivo, en décembre 2021, et l’arrivée du dossier Neuhauser sur le bureau de son directeur général Thierry Blandinières, la donne a changé et un nouveau projet a vu le jour. Ce dernier a donc fait le déplacement en Lorraine ce 18 mai pour l’annoncer aux élus et aux salariés lorrains qui s’attendaient plus à des suppressions de postes qu’à la relance de leur deuxième site historique. "Quand j’ai repris le sujet en janvier 2022, la question principale était que Neuhauser perdait beaucoup d’argent. C’était le cas avant et c’est encore le cas aujourd’hui. À l’époque, j’avais dit qu’il fallait qu’on se donne jusqu’au mois de juin pour réfléchir à un plan d’action. Ainsi, pour donner de la force à Neuhausuer, il fallait un alignement entre les moulins, les ingrédients et les céréales. L’objectif était que Neuhauser puisse dire à ses clients : 'je vous garantis une filière tracée et durable à 100 %'. C’était possible avec Soufflet, et ça l’est encore plus avec InVivo, compte tenu du poids que nous avons sur la collecte de céréales en France." La clé est alors trouvée en allant négocier chez Lidl, représentant près de 60 % du chiffre d’affaires du boulanger industriel. Un accord commercial annuel est signé dès le début 2022 entre les deux partenaires : le premier garantit une filière "durable" et le second accepte l’augmentation des volumes et des prix pour remplir ses rayons boulangerie et viennoiserie.

Consolider l’emploi

"Une fois la bonne nouvelle confirmée et les équipes étoffées, nous nous sommes dit qu’il fallait en parler aux salariés, confie Thierry Blandinières. Dans cette entité, et principalement ici à Folschviller, il y a un passif de relations sociales que nous devons solder. Et ce n’est pas facile. Nous avons donc décidé de présenter aujourd’hui notre plan de relance : non seulement, nous confirmons des volumes additionnels sur Furst 2. Et surtout, nous allons rouvrir Furst 1 à la fin de cette année. À ce propos, j’ai refusé qu’on vende les lignes car nous avons compris qu’il y avait un potentiel et qu’il fallait le remettre au goût du jour."

Considérant que Furst 2 est actuellement en sureffectif, l’objectif du directeur général est de transférer une partie des salariés dans leurs anciens locaux, sans pour autant annoncer de nouveaux recrutements. Sans, non plus, préciser les types de produits qui sortiront de ces ateliers promis à la réouverture. Même si quelques viennoiseries perdues en août 2019, comme les pains au raisin ou les chaussons aux pommes, pourraient être de retour. "Les salariés doivent revenir sur leurs lignes pour optimiser la compétitivité des deux sites, déclare le chef d'entreprise. Cela permettra de ne pas faire de restructuration et donc de consolider l’emploi sur la région."

Négociations à venir

Encore faut-il que les principaux concernés soient d’accord. C’est en ce sens que de nouvelles discussions doivent s’ouvrir dans les prochaines semaines entre la direction et les salariés. Thierry Blandinières le promet : les questions relatives aux conditions de travail, aux salaires et aux investissements seront abordées. Sur ce dernier point, il assure ne pas avoir estimé la somme totale qui pourrait être débloquée pour relancer Furst 1. Des précisions chiffrées devraient être apportées courant juillet. "Nous avons besoin d’unité et nous avons besoin que tout le monde soutienne le projet, conclut le directeur général d’InVivo. L’objectif est aussi de dire au client qu’une l’harmonie sociale a été retrouvée. C’est important pour la confiance. Voilà le défi qui s’annonce et nous n’en sommes qu’à la première étape".

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