Après le temps des investissements lourds est venu celui de l’optimisation. En 2015 et 2017, le groupe américain Crown (11,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires ; 26 000 salariés) a engagé 120 millions d’euros dans la conversion de son unique usine française de canettes, installée à Custines en Meurthe-et-Moselle. Les trois lignes de production de boîtes boissons en acier ont laissé la place à deux lignes produisant chaque année près de 1,9 milliard de canettes en aluminium. Une matière première dont les prix ont flambé, sans pour autant pénaliser lourdement les résultats du groupe : les contrats signés avec les embouteilleurs contiennent une formule de révision indexée sur la cotation de l’aluminium sur le marché des métaux de Londres.
Récupération de la chaleur fatale
Aujourd’hui solidement installé sur son marché, avec une part de marché de 30 % en France, Crown Bevcan continue à optimiser ses process de production. "Début 2022, nous avons investi 800 000 euros pour récupérer la chaleur fatale dégagée par des compresseurs d’air installés sur le process, pour la réinjecter dans les bacs de lavage des boîtes boissons", détaille Damien Neboit, le directeur de l’usine de Custines, qui a bouclé l’exercice 2021 sur un chiffre d’affaires de 164 millions d’euros, contre 133 millions d’euros en 2020.
Autre projet pour l'usine, qui emploie 206 salariés : l'installation d'ombrières solaires sur le parking, pour un montant d'un million d'euros. "Cela nous permettra d'être en conformité avec la Loi d'orientation des mobilités, sans consommer plus d'électricité", souligne Damien Neboit. Ce texte de loi prévoit en effet qu'en 2025, tous les parkings des bâtiments non résidentiels devront réserver 20 % de leurs places à des véhicules électriques, avec une borne de recharge par tranche de 20 places. L'énergie produite par les panneaux solaires du parking ne rentrera pas dans le process de fabrication des boîtes boissons, mais devra participer aux efforts du groupe pour réduire son empreinte carbone.
Réduction des émissions de 50 % d’ici à 2030
"Notre objectif est de réduire nos émissions sur les scopes 1 et 2 (émissions directes et émissions liées à la production des énergies, NDLR) de 50 % d’ici à 2030", détaille Sandrine Duquerroy-Delesalle, directeur des affaires extérieures et de la durabilité chez Crown Bevcan pour la zone EMEA. Le groupe travaille aussi sur le "scope 3", qui englobe l’ensemble des émissions liées à l’activité, et veut réduire leur niveau de 16 % d’ici à 2030, en consommant notamment 75 % d’électricité provenant de sources renouvelables.
À côté de ces efforts, Damien Neboit travaille aussi sur le futur de la boîte boissons. Objet industriel largement utilisé par les embouteilleurs, qui lancent 36 % de leurs nouvelles boissons dans des canettes, les parois d’une boîte boisson atteignent aujourd’hui une épaisseur de moins de 100 microns, soit un cheveu humain. "Pourtant, nous devrons aller encore plus loin", estime Damien Neboit, qui se retrouve contraint par un problème de place. Le procédé utilisé pour descendre encore l’épaisseur de la paroi des boîtes boisson nécessite d’allonger les lignes de production et donc de consommer de l’espace.
