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Lebronze Alloys se mobilise pour remettre en service son marteau-pilon à Custines
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Lebronze Alloys se mobilise pour remettre en service son marteau-pilon à Custines

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Le groupe sidérurgique marnais Lebronze Alloys va devoir injecter plusieurs centaines de milliers d'euros pour remettre en production son marteau-pilon, un outil industriel très puissant installé sur son site de Custines (Meurthe-et-Moselle), arrêté depuis fin 2019 suite aux plaintes des riverains.

En attenant de pouvoir redémarrer son nouveau marteau-pilon, le site Lebronze Alloys de Custines est contraint d'utiliser un outil moins puissant — Photo : Archives - Le Journal des Entreprises

Sur le site du groupe sidérurgique marnais Lebronze Alloys (CA : 250 millions d'euros ; effectif : 850) à Custines, en Meurthe-et-Moselle, l'heure est à la mobilisation pour remettre en production le marteau-pilon. L'outil industriel d'une puissance de 40 000 kilogrammètres, installé en novembre 2019, devait être capable de forger des pièces pesant jusqu'à 900 kilos.

Un investissement compris "entre 4 et 5 millions d’euros", qui devait conforter la société sur ces marchés, et notamment "le ferroviaire", précise Frédéric Bois, responsable du site de Custines, spécialisé dans le laminage circulaire, la forge et l'estampage à chaud, cette technique consistant à déformer une pièce rapidement en donnant des coups très puissants grâce à un marteau-pilon.

Des solutions techniques à évaluer

Mais dès les premiers essais du nouveau marteau-pilon, les riverains se plaignent, puis montent un collectif contre les nuisances dues au bruit et aux vibrations. "À proprement parler, le nouveau marteau n’a jamais rien produit", se désole Frédéric Bois. Suspendue le 12 décembre 2019, la production est totalement arrêtée le 24 septembre 2020, "après que des essais ont été autorisés en journée pour les besoins des expertises nécessaires à la compréhension des nuisances et à la recherche de solutions", précisent les services de l’État dans un communiqué.

Une société tierce vient d’être mandatée à la demande de la préfecture de Meurthe-et-Moselle pour évaluer les solutions techniques imaginées pour faire cesser les nuisances : le capitonnage de l’installation, l’encoffrement du bâtiment, l’isolation phonique des ouvrants ainsi que la mise en place d’amortisseurs chargés d’absorber les vibrations de l’installation. Des travaux chiffrés à "plusieurs centaines de milliers d’euros" par Lebronze Alloys, qui pourront être lancés seulement si l’avis de l’expertise tierce, attendu pour octobre 2021, est favorable.

Patient et déterminé, Frédéric Bois sait que la remise en service du marteau-pilon n’est pas pour tout de suite : "Une fois que nous aurons réalisé les travaux, il faudra encore démontrer que nous respectons toutes les normes pour obtenir l’autorisation définitive", rappelle le chef d’établissement. Mais le groupe Lebronze Alloys reste "mobilisé". "La volonté est de redémarrer mais en pleine et entière légitimité vis-à-vis de la réglementation et des indications de la préfecture, mais aussi avec l'acceptation des riverains", rassure Frédéric Bois.

Enjeux économiques

Pour l’instant, toutes les commandes liées à l’utilisation de ce nouveau marteau-pilon sont suspendues. Au sein du groupe Lebronze Alloys, qui intègre des activités allant de la forge à l'usinage, aucune machine similaire ne permet d’assurer le travail. "Plus le temps passe et plus la capacité à retrouver de la clientèle s’érode, explique Frédéric Bois. Parce que les clients ont cherché, et probablement trouvé des solutions, en se fournissant ailleurs. Donc il va falloir les convaincre de revenir chez nous." Employant actuellement 48 personnes, le site de Custines devait embaucher 15 personnes pour conduire la nouvelle installation.

La stratégie du groupe est de décaler dans le temps le début de l’amortissement de l’investissement : "Ce n’était pas un coup sur deux ou trois ans, insiste Frédéric Bois. C’est un outil qui s’amortit sur des dizaines d’années." Un outil qui bénéficie de toute l’attention des services de l’État, car "il y a des enjeux économiques au niveau du bassin d’emploi mais aussi pour la France, plaide le directeur. Des machines qui fabriquent des pièces en estampage, ce n’est pas très courant. Et il y a un marché intérieur stratégique."

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