Où sont les travailleurs saisonniers en France ?
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Où sont les travailleurs saisonniers en France ?

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La France comptait un peu plus d'un million de travailleurs saisonniers entre avril 2018 et mars 2019, selon une étude du ministère du Travail. Leur répartition sur le territoire français dépend autant de la période de l'année (été ou hiver) que de leur domaine d'activité (agriculture et tourisme, principalement).

Le tourisme est l'une des filières qui a le plus recours aux emplois saisonniers, en particulier dans la restauration et l'hébergement — Photo : © comité régional du tourisme de Bretagne

Le travail saisonnier reste très lié à certains territoires. Si la période de l’année influence, par définition, la nature de ce type d’emplois, une analyse de la Direction des études du ministère du Travail (la Dares) met en lumière son fort ancrage dans un nombre limité de départements de l’Ouest (Gironde en tête), du bassin méditerranéen et des Alpes (Savoie et Haute-Savoie).

Pour parvenir à cette cartographie, la Dares s’est penchée sur le cas des 1 050 000 travailleurs saisonniers, recensés, en France, entre avril 2018 et mars 2019. Un nombre possiblement sous-estimé, admet Émeline Limon, l’auteure de la note, car fondé sur le seul critère du contrat de travail, tel qu’il remonte dans les déclarations sociales nominatives. C'est sur cette base toutefois qu'elle fait la distinction entre deux catégories de travailleurs saisonniers : ceux des filières agricoles, et les autres.

L’agriculture, terreau favorable au travail saisonnier

L’agriculture plébiscite l’emploi saisonnier : la filière a engagé 270 000 personnes sous cette forme de contrat sur la période étudiée, ce qui représente un tiers de l’emploi salarié du secteur. Deux pics d’activité se dégagent naturellement pour ces travailleurs : juillet-août, avec les récoltes de fruits et légumes, et septembre, dominé par les vendanges.

La viticulture pèse d’ailleurs lourd dans le recours à cette main-d’œuvre temporaire : à elle seule, elle embauche 36 % des saisonniers agricoles. Pas étonnant, dès lors, que la carte de leur implantation en France présente quelques similitudes avec celle du vignoble français.

• Une pratique répandue dans les régions viticoles et le sud de la France

La Gironde (pour le vin de Bordeaux) et la Marne (pour le champagne) sont ainsi les deux territoires qui mobilisent le plus de saisonniers pour les vendanges (respectivement 17 % et 14 %). De ce fait, ils figurent parmi les six départements où la filière agricole, prise dans son ensemble, recourt le plus à ces emplois. À leurs côtés : le Maine-et-Loire, le Gard, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.

Mais, plus largement, c’est l’agriculture de toute la moitié sud de la France qui s'avère en être friande : « Les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur concentrent à elles seules plus de 50 % du volume de travail saisonnier annuel de la filière agricole », précise la Dares. À l’autre bout du spectre, la Normandie, l’Ile-de-France et la Corse en font le moins usage.

Répartition du volume de travail saisonnier agricole entre avril 2018 et mars 2019 — Photo : Dares

L’agriculture n’est cependant pas le seul secteur à faire appel aux saisonniers, mais il est le plus homogène : ses travailleurs y sont plutôt des hommes âgés, ouvriers non-qualifiés à 90 %, et, dans 58 % des cas, n'exerçant que sous ce statut. Dans les filières non-agricoles, en revanche, leur profil est plus diversifié, tout comme leurs domaines d’activité.

Le tourisme, l’autre moteur du travail saisonnier

Dans les filières non-agricoles, la Dares distingue deux grandes catégories d'employeurs à la saison : les activités liées au tourisme (restaurant, hébergement et divertissement) d’une part, le commerce et la fabrication (grande distribution, commerce de détail, etc.) d’autre part.

Les premières représentent les deux tiers de ces effectifs saisonniers, avec 520 000 personnes sous ce statut entre avril 2018 et mai 2019 (25 % dans la restauration, quasiment autant dans l’hébergement). En outre, dans toutes les régions de France métropolitaine, la proportion de ces activités touristiques dans le volume de travail saisonnier non-agricole dépasse les 50 % – et même les 70 % en Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse. Autant dire que la répartition sur le territoire français de ces travailleurs se confond, cette fois, avec la carte… des vacances.

• Des saisonniers surreprésentés sur le littoral et en altitude

« Les départements situés en bord de mer, dans les zones de montagne et en Ile-de-France représentent plus de 60 % du volume de travail saisonnier », note ainsi la Dares. En région, cette géographie évolue au fil du temps.

En automne-hiver, la Savoie et la Haute-Savoie concentrent 23 % des saisonniers français. Cette proportion retombe à 7 % aux beaux jours. Suffisant néanmoins pour maintenir les deux territoires alpestres dans le peloton de tête.

Répartition du volume de travail saisonnier non-agricole sur la période automne-hiver, entre avril 2018 et mars 2019 — Photo : Dares

Car, sur la période printemps-été, le recours à l’emploi saisonnier est plus diffus. Il s'étend notamment sur une bonne partie du littoral français : le bassin méditerranéen en accueille 25 % (6 % sur le seul Var), la côte Atlantique et la Bretagne 21 %.

Répartition du volume de travail saisonnier non-agricole sur la période printemps-été, entre avril 2018 et mars 2019 — Photo : Dares

Enfin, moins répandu, le travail saisonnier dans les activités commerciales et de fabrication est, lui, plus stable tout au long de l’année. Il représente autour de 15 % des contrats non-agricoles, été comme hiver. Il est toutefois un peu plus présent dans l’Ouest (Pays de la Loire, Bretagne, Normandie) et les Hauts-de-France.

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