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En Finistère, les difficultés pour recruter des saisonniers persistent
Enquête Finistère # Industrie # Ressources humaines

En Finistère, les difficultés pour recruter des saisonniers persistent

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Avec 7,5 % de taux de chômage et des intentions d’embauche en progression de 8,8 % sur un an, l’emploi renoue avec les niveaux d’avant-crise dans le Finistère. Une embellie attendue de pied ferme, mais qui n’est pas sans poser des problèmes de recrutement, notamment pour les emplois saisonniers.

En Finistère, les postes de serveurs sont les plus difficiles à pourvoir, avec 1881 projets de recrutements en 2019 — Photo : © Isabelle Jaffré

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, était en visite dans le Finistère fin avril. Chez le fabricant d’électronique Novatech (320 salariés, 36 M€ de CA), à Pont-de-Buis, elle a signé le Pacte régional d’investissement dans les compétences, avec le président de Région, Loïg Chesnais-Girard. L’État va en effet investir 216 M€ sur la période 2019-2022, et la Région 356 M€, pour former 91 000 personnes. Les pouvoirs publics mettent les grands moyens pour permettre aux entreprises de recruter.

Dans ce domaine, l’industrie aussi a sorti l’artillerie lourde avec un job dating géant aux Capucins, à Brest, début mai, organisé par l’UIMM Bretagne : plus de 80 entreprises présentes, 18 000 postes à pourvoir et 5 000 demandeurs d’emploi mobilisés par Pôle Emploi, sans compter la présence des écoles.

Des besoins de main-d’œuvre en augmentation

Car Pôle Emploi est en première ligne face à cette pénurie de main-d’œuvre généralisée. Comme chaque année depuis 2008, l’établissement public a dévoilé son enquête sur les besoins en main-d’œuvre. Pas de surprise, les difficultés de recrutement persistent en Finistère, comme ailleurs : 36 730 intentions d’embauches ont été recensées pour 2019. « C’est en constante augmentation : +16 % entre 2017 et 2018, indique Sophie Rogery, directrice de Pôle Emploi Finistère. Depuis que nous faisons cette étude, nous voyons que 80 % des intentions d’embauche se sont transformées en emplois. On s’aperçoit même qu’un tiers des entreprises ont sous-estimé leur besoin. »

La particularité finistérienne : l’emploi saisonnier. « 45 % de ces intentions sont liées à des emplois saisonniers : tourisme, hôtellerie-restauration, agriculture. C’est plus que la Bretagne en général (37,4 %, NDLR) », souligne la directrice. Davantage d’entreprises indiquent également que leurs recherches sont difficiles : 53,6 %, soit plus de la moitié désormais. « Elles attirent l’attention sur le manque d’adéquation entre l’offre et la demande. Les compétences sont au cœur de leur problématique. »

Tourisme et vente en tête des intentions d'embauche

En Finistère, ce sont les fonctions liées au tourisme et à la vente qui recrutent le plus (37 % des projets). Le secteur de l’hôtellerie-restauration représente à lui seul 14 % des intentions d’embauches, soit plus de 5 000 projets annoncés. Avec 60,5 % des intentions d’embauche et une progression de 28 % par rapport à l’année précédente, les services sont loin devant l’industrie, qui affiche, tout de même 4 641 projets (12,4 %). Et là aussi, on retrouve de la saisonnalité : Meralliance (670 salariés, 190 M€ de CA) à Quimper procède, par exemple, à 150 recrutements prévus pour des contrats de 8 à 9 mois.

Les métiers les plus recherchés dans le département restent les serveurs de cafés, de restaurants, y compris les commis avec 1 881 projets de recrutements et les agriculteurs salariés/ouvriers agricoles avec 1 795 projets. Des métiers avec un fort taux de saisonniers : 72 % pour les premiers, 84 % pour les seconds. « Selon moi, c’est lié », explique Sophie Rogery. En ces temps de pénurie de main-d’œuvre, un saisonnier est encore davantage difficile à trouver qu’un employé en CDI.

Selon l’étude de Pôle emploi, les besoins en main-d’œuvre sont aussi très marqués par leur territoire. Les zones plus touristiques comme Concarneau, Pont-l’Abbé, Douarnenez, mais aussi Brest, sont dominés par le besoin de serveurs. Ailleurs, on retrouve plutôt l’agriculture et les ouvriers. Avec une exception notable à Carhaix, ou le premier secteur en recherche d’employés est le spectacle ! « Ces chiffres-là sont un peu faussés par les besoins du festival des Vieilles Charrues », sourit la directrice de Pôle Emploi.

Recruter grâce à l'attractivité et la marque employeur

Le manque de saisonniers ne pourra pas se régler avant celui des besoins structurels en main-d’œuvre. Mais comment alors, dépasser ces difficultés ? Première piste soufflée par Pôle Emploi aux entreprises : la recherche de profils différents. « Nous faisons de plus en plus de recrutements avec des mises en situation. » Une solution adoptée par Novatech à Pont-de-Buis. « On a par exemple recruté une ancienne coiffeuse », explique Jocelyne Madec, PDG du fabricant d’électronique.

« Les sociétés qui réussissent leur recrutement sont celles qui se sont réinventées. »

« Chaque secteur, chaque entreprise, doit aussi s’interroger sur ses propres pratiques de recrutement », note Sophie Rogery, qui cite l’exemple de Cadiou Industrie à Locronan. « On voit que les sociétés qui réussissent leur recrutement sont celles qui se sont réinventées. Il faut soigner les sites web par exemple, car c’est là que les candidats potentiels vont chercher leurs informations. Dans le cas de Cadiou, il y a aussi eu toute une réflexion sur l’organisation du travail pour, d’abord, conserver les talents. »

Une question d’image qui passe par un concept : celui de la marque employeur. « On voit qu’il y a une prise de conscience des dirigeants de l’importance de l’image renvoyée par l‘entreprise pour recruter. C’est un bouleversement profond mais c’est positif », remarque Hervé Lelarge, directeur de Bpifrance Bretagne, partenaire du 'job dating' géant de l’UIMM.

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