Medef Lyon-Rhône : "La stratégie politique et celle des entreprises doivent se combiner en bonne intelligence"
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Gilles Courteix président du Medef Lyon-Rhône "La stratégie politique et celle des entreprises doivent se combiner en bonne intelligence"

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Élu en janvier 2021 à la tête du Medef Lyon-Rhône, Gilles Courteix parle peu. La crise sanitaire a mis sous cloche les réunions et rencontres collectives avec les chefs d’entreprise du territoire. À la tête d’une entreprise de gros œuvre dans le bâtiment, l’homme qui a présidé la fédération du BTP du Rhône puis la fédération bâtiment Auvergne Rhône-Alpes prône de la coordination et du dialogue entre élus politiques et décideurs économiques.

L'entrepreneur du BTP Gilles Courteix a été élu président du Medef Lyon-Rhône en janvier 2021 — Photo : Medef Lyon-Rhône

Comment percevez-vous l’horizon en termes d’activité économique ?

Je veux voir le côté positif des choses : nous sortirons plus forts de ce que l’on traverse. Et je parie sur un effet rattrapage. La consommation est un des facteurs importants de la reprise et les Français qui ont constitué une épargne vont, je l’espère, se remettre à consommer. Fin avril, le bâtiment - secteur le plus résilient - accusait une basse de -5 points par rapport à une année hors Covid, tandis que l’industrie perd 9 points et les services 10 points. La vraie reprise interviendra dès lors que nous aurons davantage de visibilité sur l'issue de la crise sanitaire.

À quelles conditions se fera cette reprise ?

Il faut garder le bon rythme des vaccinations et ne pas négliger les freins que fait peser la hausse des prix des matières premières. Aujourd’hui, l’enjeu de la reprise c’est aussi l’accompagnement presque cousu main des entreprises les plus en difficulté. C’est le sens de notre démarche collective "Bol d'air" conduite avec l’Ordre des avocats, des experts-comptables, la CCI, la CPME, le CJD, la CMA, la Direction du travail et le tribunal de commerce de Lyon. Cet appui consiste à tendre la main aux entrepreneurs qui n’iraient pas au tribunal de commerce, à dédramatiser la prise de parole et la demande d’aide. À ce jour, nous n’avons pas encore beaucoup de visiteurs mais cela me semble normal, il faut laisser le temps faire son œuvre.

Quel regard portez-vous sur l’initiative de Lyon Métropole qui entend rendre les marchés publics plus accessibles aux PME locales à travers le Schéma de Promotion des Achats Responsables ?

L’accessibilité aux marchés publics est une de nos priorités. Que soient pris en compte d’autres critères que celui du mieux disant, c’est évidemment une bonne chose. La RSE, par exemple, figure déjà dans les critères d’attribution. Que d’autres soient modifiés ou ajoutés, pourquoi pas, mais nous restons vigilants, attendons de voir les retombées. Pour l’instant, nous ne constatons pas de grosses différences dans la manière de travailler par rapport à l’ancienne majorité.

Le nouvel exécutif métropolitain favorise la qualité et le cadre de vie des habitants. Comment jugez-vous cette vision au Medef ?

Il y a forcément une corrélation entre l’économie locale, l’emploi et le niveau de vie des citoyens. Au Medef, nous défendons le fait que l’expression "développement durable" contient le mot "développement". Plus un seul dirigeant d’entreprise ne s’oppose à l’idée de défendre l’environnement. Mais les innovations qui vont se créer en faveur d’une meilleure préservation de notre climat et de notre qualité de vie, c’est bien l’entreprise qui les crée. Ce qui serait très contraignant serait de nous imposer des normes, des obligations sans que nous ayons le temps de nous y plier, ce ne serait pas une bonne solution. La stratégie politique des élus et celle des entreprises qui assurent l’emploi sur le territoire doivent se combiner en bonne intelligence.

Parmi les différentes actions menées par l’exécutif lyonnais, l’emploi vous paraît-il encore une priorité ?

L’emploi nous rattrapera toujours. La collectivité ne va pas prendre en charge les jeunes avec du RSA : à un moment donné il faudra bien qu’ils trouvent de l’emploi, sinon ils quitteront les territoires. Il faut dès aujourd’hui porter une attention particulière à notre jeunesse et l'aider à intégrer le monde professionnel. Je crois à un travail en binôme entre économie et politique. La politique doit s’intégrer dans un écosystème.

Demain, le visage de la Part-Dieu ne sera plus celui d’un quartier d’affaires. Le regrettez-vous ?

Ce n’est pas vraiment une inquiétude, c’est un point important sur lequel nous sommes vigilants. Je comprends que le nouvel exécutif pourrait avoir une vision de l’implantation des entreprises de façon à davantage mailler le territoire, arrêter de densifier, si j’ai bien compris. Pourquoi pas, même s’il faut le temps que cela se mette en place. Quant à la politique générale d’accueil des entreprises, je dirais qu’une entreprise qui veut s’installer à Lyon n’a pas besoin de la métropole. Ce qui serait dommageable, c’est que les entreprises qui souhaitent grandir sur le territoire, avec plus de surface pour agrandir une usine par exemple, ne puissent pas le faire.

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