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[Brexit] Groupe Bert : « Nous avons créé une société de droit britannique »
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Philippe Balair directeur du développement international du groupe Bert [Brexit] Groupe Bert : « Nous avons créé une société de droit britannique »

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Transporteur et logisticien drômois, le groupe Bert (CA 2020 : 205 M€ ; 1 800 salariés ; 3 100 cartes grises) s’attèle à développer son activité à l’international depuis quelques années. Avec l’accord sur le Brexit, le directeur du développement international compte exploiter la société de droit britannique créée fin 2018 pour faciliter les flux de ses clients entre la France et son voisin anglais.

— Photo : DR

Quelles sont les relations du groupe Bert avec le marché britannique ?

Philippe Balair : La Grande-Bretagne fait partie des trois premiers pays desservis par Bert aux côtés de la Belgique et de l’Allemagne. On s’appuie pour cela sur nos clients existants. D’ici cinq ans, nous souhaitons tripler notre chiffre d’affaires international. Aujourd’hui, nous réalisons 10 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’international, soit 5 % du chiffre d’affaires du groupe (CA 2020 : 205 M€). Nous connaissons bien le marché britannique puisque nous disposons d’un fort réseau sur place, ce qui nous permet d’aiguiller nos clients sur les démarches à accomplir.

Que change l’accord conclu le 24 décembre entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne ?

Philippe Balair : L’accord est positif puisqu’il permet d’alléger les formalités douanières. Si l’on avait eu un no-deal, nous aurions connu des complications comme celles qui existent avec un État tiers.

Comment comptez-vous vous déployer sur le marché britannique ?

P.B. : Nous avons créé fin 2018 une société de droit britannique, Bert Logistics UK, basée dans la région de Birmingham dans le cadre d’un contrat avec un client. Lorsque le Brexit est arrivé, nous avons mis cette société en sommeil le temps des négociations. Nous allons désormais réactiver cette société pour développer le trafic entre nos deux pays. Cette entreprise qui facture en Livre Sterling permet de limiter les écarts de change avec l’euro. Nous avons également mis en place des partenariats avec un transitaire calaisien disposant d’un parking sous douanes qui limite fortement les déclarations douanières. Nous avons aussi d’autres partenariats avec des sociétés anglaises. Cela permet à nos clients de dédouaner plus facilement leurs marchandises une fois en Angleterre. Nous sommes organisés depuis le 1er janvier pour accompagner nos clients dans l’ensemble de leurs démarches à destination du Royaume-Uni.

Quel est le volume concerné par les échanges avec le Royaume-Uni ?

P.B. : En termes de chiffre d’affaires, le Royaume-Uni concentre 20 % de notre chiffre d’affaires international. Sur les 7 800 camions destinés à l’international, l’Angleterre représente 1 200 camions par an. Sous deux ans, nous souhaitons plus que doubler ce chiffre.

Comment imaginez-vous la situation du marché dans les prochains mois ?

P.B. : Il va y avoir un fléchissement des échanges sur les premiers mois de 2021. De moins en moins de transporteurs souhaitent se rendre en Grande-Bretagne en raison de l’allongement des formalités. Pour pallier ce repli, il va falloir réinventer la manière dont nous acheminons en Grande-Bretagne. Il va, par exemple, falloir reprendre la technique du "Roll On/Roll off" pour laquelle les remorques sont acheminées vers un roulier et qui sont ensuite prises en charge sur le marché de destination par un transporteur local. Cela va entraîner un vrai manque de véhicules sur place et donc une hausse des prix. Nous pouvons estimer que les tarifs vont augmenter de 15 à 20 %. Cette situation ne durera qu’un temps avant de retrouver d’ici la fin d’année des volants d’affaires identiques à ceux que nous connaissions avant le Brexit. Ceux qui auront la maîtrise des moyens de transport en Angleterre pourront profiter d’un développement plus fort. C’est pourquoi nous travaillons dessus grâce à notre entreprise anglaise et nos réseaux sur place.

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