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Atawey : « Le plan hydrogène va nous faire changer d'échelle »
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Jean-Michel Amaré cofondateur et président d'Atawey Atawey : « Le plan hydrogène va nous faire changer d'échelle »

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Fondateur avec Pierre-Jean Bonnefond de l’entreprise Atawey, basée au Bourget-du-Lac (Savoie), qui conçoit, fabrique et commercialise des stations de recharge d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau, Jean-Michel Amaré salue les 7 milliards d’euros du plan hydrogène annoncé par le gouvernement dans le cadre de son plan de relance.

Pour le président d'Atawey, Jean-Michel Amaré (à gauche), les 7 milliards d'euros dédiés à la filière hydrogène vont permettre de construire une filière française capable "de peser au niveau international" — Photo : DR

Le gouvernement a présenté le 3 septembre son plan de relance doté de 100 milliards d’euros. Sept milliards d’euros sont dédiés au soutien de la filière hydrogène. Quelle est votre réaction face à cet appel d'air majeur ?

Jean-Michel Amaré : C’est une très bonne nouvelle qui conforte le choix de l'hydrogène comme une technologie du présent et plus seulement "du futur". L’hydrogène n’est plus un sujet de R&D mais fait l'objet d'un véritable déploiement. Ce soutien nous emmène vers une accélération des projets et permet aux entreprises et à la filière de s’engager dans une véritable industrialisation. Chez Atawey (CA 2019 : 3 M€ / 26 salariés), cela nous encourage à changer d’échelle.

Prévoyez-vous déjà de revoir vos objectifs à la hausse en termes de déploiement de stations ?

Nous doublons de taille et d’activité tous les ans. Le Covid a cependant imposé un temps d’arrêt. Si nous bouclons un exercice 2020 en croissance, nous ne doublerons pas cette année, malgré quatre ans de très forte progression. Cependant, ce plan hydrogène va nous permettre de retrouver la même dynamique que celle que l’on connaissait et d’envisager à nouveau des perspectives de forte croissance. Le premier effet du plan de relance va être de sortir de la phase d’attentisme et de prudence que vivait la filière ces derniers mois. Nous sommes désormais dans une phase de construction de filière afin de peser au niveau international. Cela évitera d’aller acheter des équipements à l’étranger et cela favorisera par appel d’air la production d’électricité verte issue d’énergie renouvelable.

Regrettez-vous l’absence de moyens directs au développement des énergies renouvelables qui interviennent dans le processus d’électrolyse de l’eau pour la production d’hydrogène vert ?

L’enjeu du plan suit la logique de produire l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Il faut arrêter d’utiliser de l’hydrogène issu du craquage du gaz pour lequel vous dégagez 10 kg de CO2 pour produire 1 kg d’hydrogène. Nous devons absolument sortir de ces technologies de l’hydrogène gris pour aller vers de l’hydrogène vert. C’est l’enjeu majeur pour structurer la filière et l'inscrire dans la transition énergétique.

Ensuite, si l’origine de l’électricité qui alimente les électrolyseurs provient du renouvelable, ce serait le nec plus ultra ! Lors de l’installation de nos stations de recharge hydrogène, les contrats d’approvisionnement sont issus d’énergie verte produite sur le Rhône, dans des barrages hydroélectriques ou sur des fermes photovoltaïques.

De l’hydrogène vert produit via de l’électricité issue du nucléaire, est-ce pertinent ?

Même si l'on alimente nos stations avec de l’électricité bas carbone provenant du nucléaire, c’est déjà une très bonne chose puisqu’on limite fortement l’émission de CO2 dans l’atmosphère. Ce plan de relance porte sur la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, c’est le principal enjeu à retenir. L’idéal est bien sûr de la faire à partir d’énergie renouvelable. Et ça existe ! Les fermes éoliennes ou solaires fonctionnent selon des modèles déjà industrialisés. Les porteurs de projets d’énergie renouvelables recherchent des débouchés pour leur énergie verte. En accompagnant les systèmes de production d’hydrogène par électrolyse comme le prévoit le plan de relance, on amène des débouchés à ces électrons verts.

Sans oublier la nécessité de développer les véhicules hydrogène ?

Il faut évidemment soutenir le déploiement des véhicules hydrogène pour gommer leur surcoût. Ils deviendront alors plus compétitifs face à des véhicules thermiques. Avec à la clé un cercle vertueux qui se profile : le développement des véhicules hydrogène appellera le déploiement de stations d’hydrogène vert et soutiendra l’investissement dans des fermes solaires ou éoliennes qui sont déjà rentables.

Savoie # Production et distribution d'énergie # Capital # Politique économique