Fabienne Derain a fondé Yzytek il y a cinq ans. Basée à Mazingarbe (Pas-de-Calais), cette jeune entreprise propose des solutions ergonomiques d’aménagement des postes de travail pour les bureaux, ateliers et dans le domaine de la manipulation de charges lourdes. Une activité qui lui a fait prendre la crise sanitaire de plein fouet, puisque du jour au lendemain, Yzytek s’est trouvée dans l’incapacité d’accéder aux locaux de ses clients, situés essentiellement dans les Hauts-de-France. L’activité s’est donc arrêtée de manière brutale. « Je n’ai jamais connu ça. Nous avons fait face à un arrêt net dès le premier jour du confinement. Tous nos rendez-vous, que nous avions pourtant confirmés la semaine précédente, ont été annulés en cascade », relate la dirigeante.
De l’achat à la location
Loin de se laisser abattre, Fabienne Derain a profité de cette pause forcée pour revoir la stratégie de l’entreprise. « La vraie problématique de cette crise, c’est de naviguer dans le brouillard. Il faut apprendre à piloter une entreprise de cette manière », commente-t-elle. La dirigeante a notamment travaillé à la mise en place d’un autre modèle économique, celui de la location des équipements, qui n’étaient jusque-là proposés qu’à la vente. « C’est quelque chose que nous avions en tête depuis quelque temps, mais que nous n’avions pas pris le temps de développer », explique-t-elle. Face aux investissements gelés chez ses clients, « la location peut être une aide à la décision. Une manière pour eux de tester le matériel, avant de basculer vers un achat ». Yzytek envisage donc ce nouveau modèle économique, ce qui signifie « une nouvelle façon de gérer la trésorerie et de nouveaux partenaires à trouver. Nous y réfléchissons, nous nous y préparons ».
Savoir se réinventer
Si l’entreprise a redémarré dès le déconfinement, la reprise n’est encore que partielle. « Nos clients sont en mode de fonctionnement minimum et ne font pas forcément entrer les personnes extérieures dans leurs locaux. Cela reste donc compliqué pour les essais et les démonstrations ». Là encore, l’entreprise a adapté sa façon de faire. « Nous réalisons en interne des vidéos, pour accompagner le client dans l’utilisation et le réglage des équipements ». Fabienne Derain a également profité de cette pause pour travailler le sourcing et rechercher des fournisseurs capables de nous apporter des équipements à base de matières recyclées et recyclables. Enfin, la dirigeante a profité de cet arrêt forcé pour travailler avec ses fournisseurs sur la vision du marché. « Il faut savoir se réinventer, dans le respect de l’ADN de l’entreprise, affirme-t-elle. On nous a récemment proposé de faire des cloisons et parois antibruit et antivirus. Pourquoi pas. En revanche, des produits comme des visières, ce n’est pas notre métier ».
« Selon moi, l’activité va stagner jusqu’à la fin de l’année, avec un redémarrage en 2021 », note la dirigeante. Celui-ci ne permettra toutefois pas d’atteindre les 550 000 à 600 000 euros de chiffre d’affaires prévus à la prochaine clôture, en mars 2021. Pour faire face, Fabienne Derain a eu recours au chômage partiel pour son unique salarié, au report d’une embauche, ainsi qu’au prêt garanti par l’État. Elle n’a en revanche pas fait appel au report de charges, estimant que « c’est reculé pour mieux sauter ».
