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Somanity veut lever 2 à 3 millions d’euros pour industrialiser son exosquelette
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Somanity veut lever 2 à 3 millions d’euros pour industrialiser son exosquelette

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Il fallait oser. Lancer le pari de faire marcher des personnes atteintes de handicap moteur avec un exosquelette imprimé en 3D et vendu, à terme, à moins de 10 000 euros. Mathieu Merian ne s’en est pas privé. Basée à Sophia Antipolis, sa start-up, Somanity, intéresse aussi le spatial et la défense. Pour accélérer vers l’industrialisation, elle veut lever 2 à 3 millions d’euros dans l’année.

Mathieu Merian a fondé Somanity — Photo : Lora Barra

Le prototype de l’exosquelette est là, dans les bureaux de Somanity à Sophia Antipolis. Futuriste mais bel et bien réel. Son design final, élaboré à la suite d’ateliers d’écoconception avec l’Association des Paralysés de France, sera dévoilé dans les semaines à venir, avant d’être présenté dans une version "mécaniquement fonctionnelle" fin mai au salon Vivatech à Paris.

15 à 20 fois moins cher

Sur le corps entier, les jambes, les bras ou seulement les mains, un exosquelette est un squelette mécanique externe, une structure mécanique articulée, comparable aux os du corps humain. Ils sont déjà utilisés dans certains hôpitaux auprès de patients paraplégiques et hémiplégiques. Ils sont aussi utilisés plus couramment dans l’industrie, la logistique, l’agroalimentaire, le BTP ou l’agriculture pour soulager le port de charge ou la répétition de gestes.

Somanity a conçu un exosquelette pour permettre aux personnes handicapées de marcher — Photo : Somanity


Avec son exosquelette doté d’intelligence artificielle, Somanity veut "faire marcher des gens qui n’en ont pas les moyens". Au sens propre comme au figuré. Parce qu’ils sont handicapés mais aussi parce que les dispositifs similaires existant coûtent entre 150 000 et 200 000 euros. Son fondateur, Mathieu Merian, veut les vendre dans un premier temps à 40 000 euros et, à terme, à moins de 10 000 euros. "Nous priorisons certains éléments, nous ne faisons pas d’over engeneering, c’est-à-dire que nous faisons juste ce qu’il faut en optimisant les coûts, explique l’entrepreneur de 22 ans. Nous avons une réflexion tellement globale dans notre R & D, que nous gagnons énormément à la fin. Et puis nous imprimons en 3D, en plastique recyclé, et les batteries sont sourcées sur des véhicules automobiles et trottinettes électriques."

Sur le marché en 2026

À 17 ans, Mathieu Merian avait déjà fondé My3D, entreprise d’impression additive, avant de lancer Somanity dans l’idée d’aider un ami atteint de sclérose en plaques à remarcher un jour. Cette deuxième start-up, qui vit notamment grâce à l’activité de la première, à des subventions et des victoires à divers concours, compte une douzaine de collaborateurs. Des rêveurs à qui on "a souvent ri au nez", mais qui s’attachent à montrer que l’utopie peut devenir réalité. "Nous visons la certification "dispositif médical" fin 2025 pour une commercialisation en 2026. Nos clients seront les CHU et les centres de rééducation. Mais si le cœur de notre activité est le médical, nous adressons aussi le spatial, pour lequel nous avons la même philosophie de réduction des coûts. Là, nous sommes encore exclusivement en R & D. Nous sommes incubés par l’ESA, l’Agence Spatiale Européenne. Nous allons pouvoir aussi adresser la formation, en couplant à de la réalité virtuelle. Des ingénieurs dans le nucléaire pourront ainsi être formés, d’autres encore avant d’être envoyés sur des plateformes pétrolières. Cela pourra aussi intéresser la Défense, et même à terme, le secteur des jeux vidéo."

Micro-usine déjà prête

Pour accélérer vers l’industrialisation de son exosquelette, recruter (pour être une vingtaine d’ici fin 2024), acheter du matériel, Somanity veut lever entre 2 et 3 millions d’euros. "Tout est déjà calibré. Tout ce qui est imprimable en 3D est aussi injectable. Nous avons déjà sourcé nos fournisseurs. Les moules peuvent être prêts sous un mois. Nous avons prévu des modules de montage dédiés permettant à un technicien de monter un exosquelette en moins de quatre heures. Dès qu’on nous donnera le feu vert, nous pourrons mettre en place une micro usine. Mais pour cela, il nous faudra bien sûr de très nombreuses commandes, une dizaine par mois."

En attendant, les premiers tests seront effectués dans les semaines à venir et devraient être réalisés par l’ami de Mathieu Merian, que la sclérose en plaques a privé quasi complètement de l’usage de ses deux jambes et d’un bras, et qui pourrait donc, une fois équipé, se lever et marcher à nouveau.

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