Lancée en 2016 par Damien Bratic, Antoine Noël et Amélie Blondeaux, Japet Medical (30 salariés) entre dans une phase de montée en puissance, commerciale et industrielle. La start-up développe et commercialise des exosquelettes permettant de limiter les efforts physiques au travail. Un dispositif médical, d’abord imaginé pour la rééducation en milieu hospitalier, avant de trouver des débouchés dans l’industrie, la logistique ou encore, l’artisanat. Et son marché ne cesse de croître.
"L’exosquelette se normalise. Jusque-là, les entreprises commandaient un appareil, pour tester. Nous voyons désormais, arriver des commandes en volume, de 50 exosquelettes à la fois. Il y a eu un effet post-Covid. Les nouvelles générations refusent de s’abîmer le dos au travail. Pour les entreprises, il y a donc un double enjeu : conserver des salariés qui vieillissent mais qui sont difficiles à remplacer, et attirer de nouvelles recrues, en leur offrant des garanties en termes de santé au travail", expose Antoine Noël, le dirigeant de la start-up, qui ne communique pas son chiffre d'affaires.
Une usine pour 2025
Pour suivre la demande et gagner en compétitivité, Japet Medical va se doter d’un outil industriel, dès 2025. Ses exosquelettes, qui mêlent textile et électronique, sont pour le moment fabriqués en petite série, sur son site de Loos dans le Nord. "Notre atelier a une capacité maximale de 80 pièces par mois, et nous tournons plutôt autour de 50 pièces, avec quatre personnes. D’ici trois ans, nous devons pouvoir multiplier ces volumes par cinq", se projette le dirigeant.
Des prospections sont en cours pour trouver un local disponible, d’environ 3 000 m² toujours sur le parc Eurasanté, dans l’écosystème qui a vu naître la start-up. En parallèle, le bureau de R & D planche sur une simplification des modèles, pour faciliter leur production en grande série et faire passer leur prix de vente de 6 500 euros à "2 000 ou 3 000 euros", plus abordable pour les petites structures. "Les grands groupes ont été très prescripteurs mais aujourd’hui les PME s’équipent de plus en plus, et un tiers de nos clients sont des artisans, qui veulent préserver leur outil de travail," détaille Antoine Noël.
L’ensemble de l’opération aura un coût : l’équipe de production va doubler, et Japet prévoit "entre 2 et 3 millions d’euros" d’investissement pour équiper son site de production.
Atteindre la rentabilité pour lever des fonds
Pour les trouver, une nouvelle levée de fonds est envisagée par Japet, dont un tiers du capital est déjà détenu par des fonds régionaux, comme l’IRD, Nord France Amorçage, ou Finovam. Mais cette fois, il faudra passer par une étape préalable : atteindre la rentabilité. "C’est l’objectif pour la fin 2024", pose Antoine Noël. "C’est un impératif aujourd’hui pour lever des fonds. Nous sommes en croissance de 70 % par an depuis le début, il faut désormais stabiliser l’entreprise et montrer que nous pouvons financer de l’investissement", pointe le dirigeant. Qui n’exclut pas, au besoin, de repasser par du crowdfunding pour se financer, après avoir levé 2 millions d’euros auprès de particuliers, en 2023.
Japet se muscle aussi commercialement : Damien Bratic ayant souhaité partir pour d’autres projets, Pierre Lelard a pris le poste de directeur général de la start-up. Ce profil aguerri, très orienté distribution, est en train de rationaliser les mécanismes de vente de Japet, et son approche commerciale en diversifiant les cibles, dans le milieu de la santé notamment… mais du côté des soignants cette fois, pour les personnels devant porter de lourdes charges.
