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Retards de paiement plus longs et plus fréquents : les petites entreprises plus impactées
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Retards de paiement plus longs et plus fréquents : les petites entreprises plus impactées

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82 % des entreprises ont accusé des retards de paiement, souvent plus longs et plus fréquents, indique une étude de la Coface. De quoi tendre les trésoreries et conduire à une nette augmentation des défaillances d’entreprises.

82 % des entreprises ont subi des retards de paiement de leurs clients au cours des 12 derniers mois, indique la Coface — Photo : Andrey Popov

C’est une pratique française bien ancrée. La quasi-totalité des entreprises (97 %) accordent des délais de paiement à leurs clients. Une habitude qui touche l’ensemble des secteurs de l’économie et toutes les tailles d’entreprises. D’en moyenne 48 jours, ce délai est supérieur à la pratique allemande (32 jours) mais bien inférieur aux usages en Asie (66 jours), en Chine en particulier (81 jours).

Les TPE et PME en première ligne

Malgré tout, la dernière étude menée par la Coface indique que les retards de paiement sont monnaie courante : "82 % des entreprises ont subi des retards de paiement de leurs clients au cours des 12 derniers mois". Les TPE et PME sont les premières impactées : 70 % d’entre elles ont constaté un allongement de ces retards, contre 53 % des ETI et des grandes entreprises. Plus l’entreprise est petite, plus le décalage est important : 42 jours pour les TPE, 38 jours pour les PME et "seulement" 26 pour les entreprises de plus grande taille.

Accélération des défaillances d’entreprises en France

41 % estiment que ces retards sont délibérés dans un objectif de gestion des flux de trésorerie. Face à la fin de l’euphorie post-Covid, à l’inflation, à une demande plus limitée et un accès au crédit bancaire resserré, "il apparaît que les délais de paiement représentent une variable d’ajustement pour des entreprises dont les marges se tendent", décrypte Carine Pichon, directrice générale de Coface.

Cet allongement des délais de paiement n’est donc pas sans conséquences. "La moitié des TPE estiment que les retards de paiement ont un impact très important ou critique sur leur trésorerie", selon l’expert en assurance-crédit. Le nombre de défaillances d’entreprises a même retrouvé son niveau d’avant Covid en fin d’année dernière, avec 39 098 défaillances enregistrées sur les 9 premiers mois de l’année (en hausse de 34 % par rapport à 2022 et de 4,5 % par rapport à 2019). Une tendance qui se confirme tous secteurs confondus et qui devrait se poursuivre.

Nouvelle réglementation européenne

Dans ce contexte, la Commission Européenne veut s’attaquer aux délais de paiement des transactions commerciales entre les entreprises. À travers une proposition de règlement, elle propose de les limiter à 30 jours. Manière de surmonter "l’asymétrie du pouvoir de négociation entre un client important et un fournisseur de plus petite taille", et donc de préserver les PME. "La démarche part d’une bonne idée pour protéger les plus petits. Mais nous constatons que nous sommes face à des pratiques de marchés. Essayer de normer cela au niveau européen pourrait potentiellement créer des difficultés", prévient Carine Pichon.

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