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Résistex investit sur la valeur de ses salariés
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Résistex investit sur la valeur de ses salariés

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Rentabilité, croissance, recrutement… tout sourit à Résistex. Spécialiste de l’éclairage, l’entreprise familiale azuréenne est non seulement portée par une impérative sobriété énergétique mais aussi par la vision globale de son dirigeant basée essentiellement sur la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises.

Bernard Alfandari dirige la société familiale Résistex, créée en 1937 — Photo : Olivia Oreggia

2023 sera encore une belle année pour Résistex. Et même une année "assez exceptionnelle" selon son dirigeant, Bernard Alfandari. Située à Saint-André-de-la-Roche à l’est de Nice, l’entreprise familiale conçoit, fabrique et distribue des dispositifs d’éclairage innovants destinés aux bâtiments tertiaires et résidentiels. Elle a enregistré une croissance de 13 % en 2022, clôturant l’année à 19 millions d’euros de chiffre d’affaires, et passant de 50 à 60 collaborateurs en un an. Elle peut même se targuer d’avoir reçu l’été dernier la note maximale dans la cotation de la Banque de France (qui mesure la "capacité de l’entreprise à honorer ses engagements financiers à trois ans "), soit 1 +. "Rentabilité, croissance… il n’y a jamais eu un tel alignement des planètes. Tout le monde veut de la led, tout le monde veut rénover les bâtiments !" Au-delà de la sobriété énergétique, la réglementation européenne nourrit elle aussi l’activité des acteurs de l’éclairage puisqu’elle interdit dès ce mois de février 2023, la mise sur le marché des lampes et tubes fluorescents et oblige à remplacer progressivement ceux en fin de vie. Cela représente des centaines de millions de points lumineux en France.

Un siège social plus grand et rénové

Résistex s’apprête par ailleurs à investir pas loin de 10 millions d’euros pour rénover et agrandir son siège, passant à l’horizon 2024, de 5 000 à 7 500 m2. Un projet mûri depuis des années et renforcé par la crise sanitaire de 2020. "Pour pallier les difficultés d’approvisionnement et de délais, nous avions décidé d’investir le PGE, près de 4 millions d’euros, dans la constitution de stocks de sécurité afin de maintenir la qualité de service au client. Mais nous n’avions pas d’espace pour les stocker…"

Dans un peu plus d’un an, l’entreprise bénéficiera donc de plus grands volumes de stockage, ainsi que de bureaux et d’ateliers, mais pas seulement. Plus qu’une entreprise, Bernard Alfandari a imaginé un "forum, au sens romain du terme". Le dirigeant voit un tiers lieu où sera dispensée de la formation, qui abritera une pépinière autour de l’énergie et de l’éclairage, un espace pour les artistes régulièrement accueillis en résidence chez Résistex, ou encore une conciergerie, "pour qu’en venant travailler, on vienne régler ses problèmes. Avec pourquoi pas une mini-crèche, des légumes frais livrés par des producteurs du coin, son linge sale apporté au pressing, sa salle de gym… Je souhaite qu’au lieu d’opposer vie professionnelle et familiale, l’entreprise soit une réponse d’épanouissement pour le salarié et, au-delà, pour le territoire. L’entreprise industrielle n’est pas sale, polluante ou bunkérisée. Je veux que les salariés soient heureux de venir travailler. Je veux prendre mon entreprise comme un exemple pour faire de l’utopie une réalité et je pense être sur la voie, vu le sourire de mes collaborateurs tous les jours."

Entreprise à mission

Bien au-delà de l’aménagement des locaux, cette vision globale guide le dirigeant depuis de longues années. Ses convictions sont inscrites dans la stratégie de l’entreprise. Chantre de la RSE, ambassadeur Global Compact France (pour suivre et promouvoir les objectifs de développement durable de l’ONU), Bernard Alfandari a fait de Résistex l’une des premières entreprises à mission en 2020, ayant intégré sa raison d’être dans ses statuts dès 2018 : "Fournir au plus grand nombre un éclairage de qualité énergétiquement efficace". La sobriété énergétique donc, bien avant que cela devienne une nécessité économique telle qu’elle l’est aujourd’hui pour chacun. "Notre objectif est de faire baisser les émissions de CO2 mais aussi de faire en sorte que l’énergie contribue à alléger les factures des utilisateurs. Nous avons des bailleurs sociaux parmi nos clients. Les occupants des bâtiments sont souvent en précarité énergétique. La lumière y a un rôle sociétal, lié à la santé, à la dignité. Nous ne vendons pas des produits mais ce pour quoi ils ont été conçus, de l’usage, nous sommes en plein dans l’économie de la fonctionnalité. Si j’arrive à embarquer mes collaborateurs dans ces réflexions-là, c’est gagné."

Lutter contre la routine

Et c’est ce qui explique, selon le dirigeant, que son entreprise ne peine pas, ou si peu, à recruter, contrairement à tant d’autres aujourd’hui. "Tout cela nous rend plus attractifs car les jeunes sont en recherche de sens. La RSE est la progression des relations avec les parties prenantes. Et la partie prenante prioritaire, avant les clients, ce sont les salariés. Ils constituent la richesse immatérielle de l’entreprise. Ce qui fait la vraie valeur économique de l’entreprise, c’est l’engagement des collaborateurs. Comment l’obtenir ? En plus de la confiance, de la sincérité, de la considération, la valeur suprême c’est le changement, car ce qui démobilise, c’est la routine." Alors pour éviter que ses collaborateurs ne se mettent sur pilote automatique, Bernard Alfandari s’emploie à les sortir de leur zone de confort, à les déstabiliser. "Il faut démolir en permanence. La question est : comment faire autrement ce qui va bien ?" Cela passe par exemple par des mobilités professionnelles, des changements de métier à l’intérieur de l’entreprise, soutenus par de la formation et du coaching individuel. Cela passe encore, dans un autre genre, par l’art. "Il y a eu beaucoup de réactions quand les premiers artistes d’art contemporain sont venus en résidence dans l’entreprise. Les salariés n’ont pas immédiatement compris. Et maintenant, ils se battent pour faire partie du jury de sélection des artistes en résidence."

Réparer et recycler

Cette singularité, cultivée et assumée, porte ses fruits. Résistex peut ainsi se permettre d’afficher des objectifs non pas quantitatifs mais qualitatifs. "Nous ne voulons pas faire plus, mais mieux, et si possible avec moins." Et cela ouvre un nouveau chapitre dans les perspectives de développement de la PME née il y a 86 ans. Celle-ci se positionne en effet comme un acteur de l’économie circulaire et pionnière de l’éclairage réalisé à partir de récupération de luminaires en fin de vie. "L’idée est d’arriver à vendre des produits qui ne soient pas issus d’une exploitation des ressources naturelles mais de la transformation, de la réparation ou de la requalification de produits existants." Pour que récupérer des produits aux quatre coins de France afin de les réparer puisse être rentable, la stratégie vise à s’associer avec des acteurs de l’ESS, l’économie sociale et solidaire. Si le chantier n’en est encore qu’à ses balbutiements, Résistex avance ses pions, travaille avec la CRESS PACA, la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, a lancé un partenariat avec la Fondation de Nice pour trouver une organisation, localement, pour réparer et recycler. Elle construit également un site internet pour proposer à ses clients des pièces détachées et des réparations. De tout petits pas pour démarrer sur ce chemin. Utopique peut-être, mais Résistex veut être, d’ici 2030, le premier fabricant français de luminaires recyclés.

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