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REF 2023 : Élisabeth Borne veut rassurer les patrons lors de la rentrée du Medef
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REF 2023 : Élisabeth Borne veut rassurer les patrons lors de la rentrée du Medef

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La REF (rencontre des entrepreneurs de France) du Medef s’est ouverte sur une joute verbale entre l’exécutif et l’organisation patronale sur la question des impôts. Le nouveau président du Mouvement Patrick Martin a profité de la séance d’ouverture pour dénoncer devant l’exécutif le projet gouvernemental de report de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). L’occasion pour la cheffe du gouvernement d’entériner sa suppression définitive d’ici 2027.

La première ministre Élisabeth Borne lors de la REF 2023 à l’hippodrome de Longchamp : "Il n’y aura pas de hausse d’impôt". Mas pas autant de baisse que prévu non plus, puisque la disparition de la CVAE a été reportée — Photo : DR

"Il n’y aura pas de hausse d’impôt", notamment pour les entreprises a assuré Élisabeth Borne devant le parterre de patrons réunis à l’Hippodrome de Longchamp, ce lundi 28 août, lors de la grand-messe de rentrée du Medef, La Rencontre des entrepreneurs de France (REF). "Certains craignent que les entreprises soient moins soutenues et peut-être davantage taxées", "je le dis et le redis, il n’en est pas question". La cheffe du gouvernement a ainsi confirmé que la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) serait supprimée définitivement avant la fin du quinquennat en 2027 "au rythme le plus rapide possible", précisant que celui-ci tiendrait compte de "la nécessité de tenir notre trajectoire de maîtrise de nos finances publiques". Aux patrons froissés par l’annonce qui avait été faite par Bruno Le Maire jeudi 24 août d’étaler jusqu’en 2027 la suppression de cet impôt de production, la Première Ministre a rétorqué que "si on ne le faisait pas, je pense que tous les chefs d’entreprise le savent, cela aurait un impact immédiat sur les taux d’intérêt et donc sur notre activité économique ", a-t-elle ajouté.

"Don’t Stop Me Now"

Pour Patrick Martin, le nouveau président élu en juillet dernier à la tête du Medef, cette suppression, qui avait été annoncée pour 2024 doit "intervenir en temps et en heure" car les entreprises l’avaient d’ores et déjà intégré dans leurs " business plans, en termes de décisions d’investissement et d’embauche", a-t-il plaidé. Entré sur un morceau de Queen "Don’t Stop Me Now" - "c’est la chanson qui rend le plus heureux selon le Feel Good Index" et également "un appel à la vitalité, un appel à l’action et à l’optimisme", a-t-il expliqué -, le nouveau patron de patrons a prévenu Élisabeth Borne : "Outre qu’il altérerait la confiance des entrepreneurs dans la parole de l’Etat - car oui l’Etat s’y était engagé, la loi a été votée - un nouvel étalement de la suppression de la CVAE serait un très mauvais signal". Ajoutant que "nos entreprises, singulièrement nos entreprises industrielles, ont un impérieux besoin de cette suppression immédiate, au moment où la concurrence internationale s’intensifie et où nous devons investir massivement sur la décarbonation". Reconnaissant l’état des finances publiques mais rappelant que les entreprises ont "ces dernières années contribué non au creusement des déficits et des dettes" mais "à des surcroîts de recettes", le nouveau patron des patrons a insisté sur le fait qu’il serait "infondé" que les entreprises contribuent "plus encore à l’effort fiscal et social".

Assurance maladie à la charge des entreprises

Ce premier jour du grand rendez-vous de rentrée de l’organisation patronale a également été pour le Medef l’occasion d’exprimer son inquiétude sur la mise à la charge des entreprises de "certains arrêts maladie dont elles ne sont essentiellement pas responsables". Pour rassurer les chefs d’entreprise, la cheffe du gouvernement leur a certifié qu’il n’y aurait "pas une décision unilatérale descendante de la part du gouvernement qui tomberait sur les entreprises" en matière d’indemnités journalières. Dans un message vidéo préenregistré, Emmanuel Macron a lui aussi voulu se montrer rassurant. "Pour gagner la bataille du plein-emploi et de la réindustrialisation", "j’ai besoin de vous", a-t-il ainsi martelé à plusieurs reprises à l’attention des chefs d’entreprise. "Dans le moment où nous vivons", marqué par de multiples incertitudes géopolitiques, "je suis absolument convaincu que l’unité doit prévaloir".

Politique de l'offre

Se félicitant de la "politique pro-business" menée par le gouvernement depuis 2017, la Première Ministre a, elle aussi, rappelé sa confiance dans les entreprises et dans les entrepreneurs et sa volonté de poursuivre une "politique de l’offre". Une politique économique que Patrick Martin a appelé de ses vœux : "Les résultats ont été là à chaque fois et le seront à nouveau tant que la politique de l’offre perdurera", faisant notamment référence aux embauches, au recrutement massif d’apprentis, aux investissements, au "verdissement de l’offre des entreprises et de leurs modes de production" et au partage de la valeur dans les entreprises.

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