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Né il y a 100 ans, le groupe nantais Lambert poursuit le développement de son activité autour du fil d’acier
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Né il y a 100 ans, le groupe nantais Lambert poursuit le développement de son activité autour du fil d’acier

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Le groupe nantais Lambert perpétue depuis un siècle son activité autour du fil d’acier. La quatrième génération aux manettes de la PME familiale a toutefois transformé l’outil industriel, à l’origine centré sur la production d’ouvre-boîtes pour les conserves de poisson et de clous, pour résister à la concurrence étrangère. Pour accroître sa résilience, le groupe s’est également diversifié dans le négoce de clôtures métalliques.

Carine Chesneau rejoint en 2002 l’entreprise fondée par son arrière-grand-père — Photo : Groupe Lambert

En 1924, le port de Nantes tourne à plein régime. Il alimente une active industrie de la conserverie pour le poisson et, notamment, la sardine. C’est dans ce contexte que Paul Lambert crée son entreprise. La société Lambert fabrique des clés ouvre-boîtes pour les conserves, ainsi que des pointes pour les caisses à poisson en bois, dans ses ateliers installés rue Lamoricière, dans le centre de Nantes.

Un groupe, deux activités

Un siècle plus tard, son arrière-petite-fille Carine Chesneau est à la barre du groupe Lambert. Toujours indépendant, celui-ci réalise 30 millions d’euros de chiffre d’affaires à travers ses deux filiales. Lambert Manufil (10 M€ de CA, 35 salariés) perpétue l’activité industrielle de l’entreprise autour du fil d’acier. Lambert Clôtures (20 M€ de CA, 35 salariés) porte l’activité, plus récente, de négoces de clôtures métalliques pour les espaces verts. Au total, le groupe emploie 80 salariés. Cet effectif inclut les activités supports installées depuis juillet 2023 dans un bâtiment tertiaire flambant neuf de 500 m², qui a pris place sur le site industriel de 6 hectares acheté par le groupe, à Couëron, à l’ouest de Nantes, en 1990.

Passage de témoin

Cette transformation de l’entreprise ne s’est pas faite sans crises et aléas. En 2002, à 27 ans, Carine Chesneau rejoint l’entreprise familiale dirigée par son père Jean-Pierre Sautejeau. Après des études de gestion et de finance, puis un parcours professionnel qui l’a menée d’un cabinet de fusion-acquisition au groupe de transport Calberson, elle connaît bien le milieu de l’entreprise. Détenant une action de la PME familiale, elle a participé à ses assemblées générales. "À l’époque, l’entreprise employait 60 personnes et fonctionnait bien. Mais c’était le jour et la nuit avec le grand groupe dont je venais. Il y avait beaucoup de choses à structurer en termes de RH, de système informatique, de démarche commerciale, d’automatisation de la production… J’ai eu de la chance. J’avais plein d’idées et mon père m’a laissée les mettre en œuvre", confie la dirigeante.

Crise de croissance

Celle-ci a moins de chance, en revanche, quand elle reprend la direction de l’entreprise en 2009 à l’occasion du départ à la retraite de son père. "J’ai accédé à la direction de l’entreprise en pleine crise économique et financière. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a plongé de 57 % et ma première décision de cheffe d’entreprise a été de mettre en place du chômage partiel. C’était la première fois que cela se produisait depuis la création de l’entreprise. Il fallait le faire mais, humainement, cela a été très dur à vivre", se souvient Carine Chesneau. Cette crise met en évidence la fragilité de l’activité industrielle du groupe dans un environnement très concurrentiel. Ce qui amène la nouvelle dirigeante à prendre des décisions stratégiques qui préfigurent l’actuelle configuration de l’entreprise.

Un réseau de 6 agences de négoce

En 1970, celle-ci avait commencé, sous la marque Lambert Clôtures, à distribuer du grillage métallique auprès des quincailliers, puis des paysagistes à partir des années 1990. Cette activité mobilisait cinq personnes au moment de la crise de 2009. "Pour compenser notre vulnérabilité industrielle, nous avons décidé de continuer à développer l’activité avec les paysagistes en étendant notre réseau par capillarité", indique Carine Chesneau. Une première agence est ainsi ouverte à Rennes en 2009. Suivront Vannes en 2010, Caen en 2016, puis Le Mans en 2021. Le rachat, en 2017, de la société Koch permet de dupliquer le modèle en Île-de-France. Fort de ce réseau de six agences, la filiale Lambert Clôtures contribue pour les deux tiers au chiffre d’affaires du groupe.

Gamme de produits en propre

"Notre stratégie consiste à continuer à étendre notre réseau d’agences, en nous appuyant sur un partenariat fort avec Betafence, une marque belge leader sur son marché et sur nos liens de proximité avec les paysagistes", explique Carine Chesneau. Lambert Clôtures a également développé une gamme de produits en propre, comme le panneau végétalisable Bipalis. "Nous lançons des produits qui répondent aux problématiques de nos clients en y mettant de l’innovation, notamment grâce à mon père qui continue à imaginer des produits pour nous. Et nous les fabriquons ensuite dans nos ateliers ou trouvons des partenaires", précise la dirigeante.

Made in France et RSE

Ces ateliers fabriquent des fils en acier et des produits en fil et, notamment des pointes dont Lambert Manufil est l’un des derniers producteurs en France. Ils sont confrontés depuis les années 1980 à un problème de rentabilité, face à la concurrence des pays à bas coûts de main-d’œuvre. "Il nous est apparu que notre métier était en danger. En 2012, nous avons lourdement investi dans ces machines plus performantes pour gagner en productivité et sauver notre atelier", raconte Carine Chesneau.

Malgré ces efforts, la dirigeante a été contrainte de réduire l’activité de l’atelier pointerie qui travaillait pour les fabricants de palettes et de se concentrer sur les négociants dans le bâtiment. "Lambert Manufil a toujours su se réinventer depuis les clés pour la conserve, en passant par les pointes pour le marché de la reconstruction après-guerre ou les arceaux pour les maraîchers nantais. Aujourd’hui, nous trouvons de nouveaux débouchés en fournissant des fils pour cercler les balles de déchets aux centres de tri, aux recycleurs, à la grande distribution…, tout en continuant les fabrications historiques", avance la dirigeante.

L’activité industrielle du groupe Lambert a bénéficié d’un coup de pouce avec la crise du Covid qui a fait revenir beaucoup d’acheteurs vers le Made in France pour sécuriser leurs approvisionnements et améliorer leur bilan carbone. "Nous-mêmes avons engagé notre transition écologique. Depuis cinq ans, nous avons basculé vers de l’acier recyclé, utilisons des huiles bio, travaillons sur les énergies renouvelables…", expose Carine Chesneau. Une stratégie couronnée de succès, puisque le groupe Lambert a terminé l’année 2023 sur une progression de 17 % de ses volumes.

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