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Dirigeant de la PME sarthoise CMG, Régis Vian prend le départ de la régate Cap Martinique
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Dirigeant de la PME sarthoise CMG, Régis Vian prend le départ de la régate Cap Martinique

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Ce 14 avril 2024, la régate sans escale Cap Martinique s’élancera de La Trinité-sur-Mer pour rallier Fort-de-France. Parmi les vingt concurrents en solitaire, Régis Vian, dirigeant du fabricant d’ossatures métalliques CMG. Pendant quatre semaines, le patron confie sa PME à ses 45 salariés.

Régis Vian aime conjuguer vie de famille, direction d’entreprise et passion pour la voile. Un triptyque qui a nécessité patience et organisation — Photo : Cap Martinique / Jean-Marie Liot

Régis Vian prend le large. Ce dimanche 14 avril, le dirigeant sarthois de 52 ans va s’élancer pour une solitaire à la voile direction les Antilles. La régate sans escale Cap Martinique quitte La Trinité-sur-Mer, longe l’île de Madère au Portugal avant une traversée de l’Atlantique. Il s’agit de la deuxième édition de cette course amateur qui rassemble soixante équipages dont vingt en solo sur des voiliers de dix à douze mètres.

Le bateau de Régis Vian arbore un sponsor pour la bonne cause : l’école Jules Verne, du quartier des Glonnières au Mans. L’établissement appartient au réseau Espérance Banlieues qui lutte pour l’égalité des chances dans les quartiers prioritaires et l’insertion des enfants dans la société quelle que soit leur origine sociale. "C’est une manière de leur amener de la notoriété, pour trouver plus facilement des financements", explique le skipper amateur. La rencontre avec ces écoliers remonte à l’édition 2022 : certains n’avaient jamais vu la mer alors que notre homme en fait son terrain de jeu régulier. Un lien s’est créé.

Une diète numérique

Régis Vian avait déjà participé à une vingtaine de régates. Les courses au large en solitaire sont ses favorites. "Être seul avec soi-même, se retrouver seul face aux éléments… : ces expressions ne me conviennent pas vraiment, je n’ai jamais ressenti cela. Je dirais plutôt que la voile me change des sollicitations quotidiennes. Elle me permet de faire une diète numérique", explique le dirigeant. Les skippers peuvent être connectés sur le bateau, pour imprimer les cartes météo et le GPS par exemple. "Mais le débit est lent, alors on ne le fait pas beaucoup. Et surtout, on le fait quand on veut ! Par contre, il y a d’autres formes de sollicitations : la mer, le vent changent… Cela demande de la concentration, de l’observation, une capacité d’adaptation", poursuit Régis Vian.

De la mauvaise impression à la passion

Quarante ans plus tôt, le petit garçon dans son Optimist n’avait sans doute pas le même regard. "J’ai découvert la voile à onze ans, dans la Sarthe, sur l’étang de Sillé-le-Guillaume, avec l’école. La première journée a été une catastrophe, je ne voulais pas y retourner. Mon institutrice m’a poussé à revenir. Le lendemain, cela s’est beaucoup mieux passé." Depuis, Régis Vian nourrit une passion pour la voile.

Dans les années qui suivent, il continue de se perfectionner. D’abord près de Granville (Manche) où ses parents emmènent la famille en vacances. "J’y faisais des stages de voile. Après, quand j’étais étudiant, je sautais sur toutes les occasions pour monter sur un bateau, celui d’amis ou à La Baule aussi, en hiver, lorsque les skippers cherchaient des équipiers pour préparer le bateau avant la saison. C’est là que j’ai découvert la régate. Et c’est toujours resté dans un coin de ma tête."

Des croisières en attendant les régates

Mais l’envie de compétition a vite été ravalée par les responsabilités du jeune homme, le début de la vie professionnelle et de la vie familiale. Plutôt que de rester au port, Régis Vian embarque sa femme et ses quatre enfants pour les vacances. "On a fait pas mal de croisières d’une ou deux semaines. On louait un bateau là où on allait. En Suède, en Grèce, en Angleterre, en Irlande, dans les îles anglo-saxonnes, en Bretagne, en Corse…"

Le vent tourne. Les enfants grandissent — le dernier a aujourd’hui 18 ans. En 2018, Régis Vian possède son entreprise depuis une bonne dizaine d’années. Le dirigeant s’autorise alors une première course : la Transquadra. Comme son nom l’indique elle est réservée aux équipages âgés de plus de quarante ans. Il la fera en duo.

Depuis cette première expérience, le Sarthois fait préparer ses voiles par le skipper breton Frédéric Duthil, sponsorisé par Le Journal des Entreprises en 2022 sur la Solitaire du Figaro. "Je ne prends pas de modèle standard. Il fait en fonction de ce qui m’intéresse, comment je fais pour manœuvrer, comment le bateau réagit… Je lui explique que j’aimerais plus ci ou ça, un peu comme un pilote de Formule 1 discute avec ses ingénieurs", explique Régis Vian.

Quatre semaines en mer

L’entrepreneur limite son appétit pour la compétition. Pas plus de quatre à cinq fois par an. "C’est une passion, mais il ne faut pas qu’elle devienne dévorante. Il faut trouver un équilibre entre la voile et la famille le week-end", dit-il.

Entre avril et mai, lorsqu’il voguera vers les Antilles, Régis Vian va néanmoins laisser sa famille à quai durant quatre semaines. Ainsi que sa PME de 45 salariés basée à Saint-Calais. "Je boucle des dossiers importants avant de partir et je m’appuie sur cinq personnes à des postes clés avec qui on prépare cette période."

"Quand on ne voit plus la terre, les seules sollicitations viennent de la mer, du vent… On fait une diète numérique", raconte le dirigeant sarthois — Photo : Régi Vian

Et puis, glisse le dirigeant, "je ne pars que quatre semaines… Ce n’est pas beaucoup plus que des vacances d’été de trois semaines."

Une préparation d’équipe

Ces "postes clés" se situent à l’administratif, au bureau d’études, au suivi des travaux, à l’atelier, à la logistique et transports – CMG peut construire et expédier des ossatures métalliques de 25 mètres par exemple.

"Je suis mieux préparé que pour mon premier départ en 2018", confie le patron de la PME. "Depuis, j’ai structuré l’encadrement et mieux défini les missions de chacun. Cela a permis aussi de légitimer les cadres de l’entreprise vis-à-vis des équipes."

Le dirigeant précise : "Les cadres et moi, nous nous formons avec un intervenant extérieur au management. C’est un travail de cohésion d’équipe. Que je sois là ou pas. Ce n’est pas le chef qui fait tout, il faut voir où se situe la valeur ajoutée de chacun."

Habitué aux vagues et aux coups de tabac, Régis Vian sait s’adapter et prendre du recul. Et a foi en ses salariés. "Cela ne me semble pas incongru que les salariés puissent vivre sans dirigeant. C’est même sain. Cela signifie que l’entreprise fonctionne bien, et qu’elle pourrait continuer de vivre face à l’absence inattendue ou soudaine du dirigeant. C’est un gage de solidité."

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