Finistère
Maison Le Gall veut imposer sa marque à l’étranger
Finistère # Commerce # International

Maison Le Gall veut imposer sa marque à l’étranger

S'abonner

La laiterie quimpéroise Le Gall, filiale de Sill Entreprises, est en pleine croissance grâce à son positionnement sur le beurre de tradition. Grâce à une refonte de son image, l’entreprise souhaite aujourd’hui accélérer à l’international sur les marchés américains, asiatiques et du Moyen-Orient.

Maison Le Gall produit majoritairement du beurre — Photo : F.BETERMIN

Pour ses 100 ans, la laiterie Le Gall (47 salariés, 69 M€ de CA) s’est réinventée. "Nous avons commencé le travail marketing il y a un an et demi déjà pour être prêts pour cet anniversaire", explique Frédérick Bourget, le directeur général. Exit la laiterie Le Gall et l’ancien logo avec une laitière. "Nous avons adopté le nom Maison le Gall, plus adapté à l’export avec la signature "maison fondée en 1923", plus valorisante", poursuit-il. Le nouveau logo, en noir et or, vise à rappeler le luxe à la française pour attaquer les marchés à l’étranger.

Structuration à l’export

"L’export va devenir clairement un axe de développement majeur dans notre stratégie. Au vu de l’état du marché en France, il nous faut aller chercher une meilleure valorisation à l’étranger", note le directeur général. Pour accélérer à l’export, Le Gall va s’appuyer sur sa maison mère, Sill Entreprises (1 500 salariés, 610 M€ de CA). Le groupe dispose de plusieurs bureaux à travers le monde pour vendre les produits des différentes filiales de Sill (Le Gall, Malo, Petit Basque, etc.) : Singapour pour l’Asie, Dubaï pour le Moyen-Orient. “Cela nous permettra d’aller plus vite sur certains marchés. Aux États-Unis, nous allons cependant essayer de nous imposer par nous-même car ce marché nord-américain est particulier. Nous y avons placé un permanent.” L’entreprise mise aussi sur le marché européen et celui des Dom-Tom.

Frédérick Bourget, directeur général de Maison Le Gall — Photo : Isabelle Jaffré

Depuis 2012, la marque Le Gall est déjà implantée au Japon dans certains magasins. "Aujourd’hui, nous sommes entre 5 et 7 % de l’activité à l’export en retail et 10 % sur les produits professionnels et industriels", indique le dirigeant. Son objectif est de grandir sur ces marchés très différents pour commercialiser des produits en grandes surfaces comme en restauration. “Avec notre positionnement sur des produits à haute valeur ajoutée, les chefs étoilés sont notre vitrine, notamment à l’étranger. Nous essayons de passer par eux”, assure Frédérick Bourget. L’entreprise participe également à des salons comme le Fancy Food à New York en juin.

Plus de trois millions d’euros investis

Arrivé en 2009 à la tête de la laiterie, le directeur général a contribué à relancer l’entreprise grâce au positionnement haut de gamme de la marque Le Gall. La laiterie a en effet été rachetée en 1998 par le groupe Sill à Entremont alors que le marché du beurre était en pleine chute. Le chiffre d’affaires de la société est passé de 30 millions d’euros en 2009 à 69 millions d’euros en 2022.

Pour continuer à aller de l’avant, la laiterie investit régulièrement. Deux millions d’euros ont été investis pour une nouvelle ligne de production de plaquettes de beurre. “Notre fournisseur avait pris du retard à cause du Covid. Notre nouvelle ligne de production a été installée à Plouvien, sur le site de Sill, il y a cinq mois.”, précise Frédérick Bourget. Maison Le Gall est en effet installé à Quimper mais possède une implantation au siège de sa maison mère. “Cela nous permet de sécuriser la production, même si ce sont les produits pour l’industrie, comme les poudres, qui sont davantage produites à Plouvien, ajoute-t-il. Il y a aussi une mise en commun des moyens de production avec Sill pour éviter des doublons.”

À Quimper, l’entreprise a également investi 1,4 million d’euros dans le cadre de son plan d’actions face aux enjeux du développement durable. Labellisée PME + (label des entreprises indépendantes françaises ayant des pratiques éthiques et responsables), Le Gall a cherché à réduire sa consommation énergétique. L’investissement a été injecté dans un système d’amélioration de la puissance frigorifique de son site, notamment via de la récupération de chaleur pour chauffer l’eau. L’objectif est de supprimer la consommation de gaz pour la production d’eau chaude sanitaire. Le système devrait être opérationnel fin 2023 et permettra de réaliser une économie de 759 MWh sur l’année.

“L’effort sur ce sujet de l’environnement est porté par la technologie, mais aussi par des adaptations de notre façon de travailler”, constate Frédérick Bourget. La laiterie a ainsi rallongé ses “runs” (temps d’un même produit sur une ligne) pour optimiser sa production. “Nous faisons aussi naturellement très attention à notre consommation d’eau. Ce qui n’est pas simple étant donné les exigences de propreté et d’hygiène.”

Maison Le Gall est spécialisé dans la fabrication de beurre en baratte — Photo : F.BETERMIN

L’entreprise modernise son site régulièrement. “Nous pensons aussi aux conditions de travail même s’il est impossible de tout faire en même temps. Au fil du temps, nous avons mécanisé les étapes de production pour réduire la pénibilité même si notre activité reste traditionnelle avec des maîtres beurriers. Nous essayons de dialoguer avec les salariés pour expliquer ce que l’on fait”, insiste le directeur général.

S’adapter au marché

Si Maison Le Gall regarde désormais vers l’international, la laiterie n’en oublie pas pour autant le marché national. Même si celui-ci est actuellement en repli, il reste un marché important. De janvier à mars 2023, la consommation de beurre en France atteint 31 800 tonnes pour un marché à 320 millions d’euros. Le Gall en produit 13 000 tonnes par an sur une des deux laiteries dont 5 500 tonnes à Quimper, davantage tourné vers le retail. Le beurre représente 85,8 % des volumes de Le Gall qui produit également de la crème (12 % des volumes), du lait (2,1 % des volumes) et du fromage dans une moindre mesure.

Le beurre connaît une forte baisse avec moins 8,1 % de ventes, mais le beurre en plaquette est en hausse de 5,2 %. L’entreprise quimpéroise a donc décidé de lancer une nouvelle plaquette de 200 grammes pour s’adapter au marché, en plus de proposer du beurre moulé, des portions et même des mottes de 3 kg pour les professionnels.

Avec 50 % de production en bio, la laiterie a également subi la baisse de ce marché. “Mais nous nous sommes lancés dans le bio en 1992. Pour nous, ce n’est pas nouveau et ce n’est pas la première crise. Nos produits bio sont majoritairement distribués en magasins spécialisés avec notre marque Grandeur Nature et nous sommes donc un peu moins impactés que la GMS. Mais la situation reste tendue”, reconnaît le dirigeant.

Finistère # Commerce # Distribution # Agroalimentaire # International
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise SILL ENTREPRISES