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Liébot et Fineiral investissent 30 millions d'euros dans une fonderie d'aluminium recyclé
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Liébot et Fineiral investissent 30 millions d'euros dans une fonderie d'aluminium recyclé

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Les groupes vendéens Liébot et Fineiral s’allient moyennant 30 millions d’euros d’investissement pour créer une fonderie de recyclage de l'aluminium. L’ouverture de la fonderie, baptisée Coralium, est prévue à l’automne 2024 à Sainte-Hermine (Vendée) pour une capacité de traitement de 20 000 tonnes par an et 60 emplois créés.

Les principaux dirigeants des groupes vendéens Liébot et Fineiral, le 9 juin à Sainte-Hermine, lancent une fonderie pour recycler l'aluminium baptisée Coralium — Photo : Thibault Dumas

"Nous devons tous réduire notre empreinte carbone, clame Bruno Léger, directeur général de Liébot. Les produits qui affichent la plus faible émission, pour ne pas dire zéro, sont ceux qui ont déjà vécus. En France, il n’y a pourtant pas de capacité industrielle qui peut fondre de l'aluminium de seconde vie en quantité importante." Liébot, le fabricant de fenêtres et de façades, basé aux Herbiers (4 000 salariés, 700 millions d’euros de chiffre d’affaires), annonce ainsi son alliance avec Fineiral, spécialiste de l’extrusion de profilés en aluminium (160 salariés, 40 millions d’euros d’activité).

De cette union entre les familles Liébot et Corre, va naître la première fonderie de déchets d’aluminium, en France. Son nom : Coralium. Elle sera d’une capacité de production de 20 000 tonnes par an. L’ouverture du bâtiment de 9 000 m² est prévue à l’automne 2024 sur un terrain identifié à Saint-Hermine, le long de l’A83 Bordeaux-Nantes, où Fineiral est déjà implanté. L’investissement total est de 30 millions d’euros, financé à égalité par les deux groupes. Au sein de Coralium, l’actionnariat se répartira à 60 % pour Liébot et 40 % pour son partenaire. Soixante embauches sont prévues à terme, avec une grande part d’automatisation. "Nous y pensions chacun de notre côté. À deux on est plus forts et plus rapides. Cela fait un an que nous travaillons dessus alors que, seuls, nous aurions mis 5 ou 6 ans ", estime Régine Corre, co-gérante de Fineiral. La transformation en billettes d’aluminium bas carbone débouchera sur un alliage 6060 ou 6063, qualité bâtiment.

La source de la rénovation des bâtiments

À ce jour, la France compte seulement deux fonderies produisant des billettes pour le secteur du bâtiment, uniquement à partir d'aluminium brut/" blanc ", à Lucé (Eure-et-Loir) et Puget-sur-Argens (Var). "Il y a une énorme urgence à avoir des capacités. Aujourd’hui, les déchets s’en vont à l’étranger, surtout en Europe et parfois beaucoup plus loin, en Asie", pointe Bruno Léger. L’innovation majeure est que tout le tri se fera sur site le plus finement possible, réduisant l’empreinte carbone liée au transport en camion. Les sources seront des déchets provenant de l’extrusion, les chutes des usines de fabrication, ou bien l’aluminium en fin de vie du bâtiment rénové souvent laqué et avec parfois des barrettes de polyamide. Le bâtiment représente aujourd’hui 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France, selon le ministère de la Transition écologique.

"L’immense avantage de l’aluminium, c’est qu’il est recyclable à l’infini, avec un métal identique à une première fusion. Avant d’aller chercher les jantes de voitures, les canettes de boisson, il faut d’abord qu’on prenne en charge nos produits en fin de vie", lance le directeur général du groupe Liébot, qui possède 10 entreprises, dont la plus connue du grand public demeure le fabricant de fenêtres alu K-Line. "Nous devons nous adresser en priorité aux clients qui posent et déposent des fenêtres. Tous les consommateurs peuvent être touchés par le fait que l’on utilise de l’alu recyclé (mais non labellisé faute d’une norme existante, NDLR), " complète Thierry Corre, co-gérant de Fineiral.

L’ "alu valley" vendéenne

La production de la fonderie Coralium ne sera pas fléchée uniquement vers les gammes du groupe Liébot – qui a ouvert sa propre usine d’extrusion en 2021 – mais destinée aussi à toute la concurrence. Avec un fort débouché potentiel dans ce que l’on surnomme "L’alu valley" qui s’étend des Herbiers à Fontenay-le-Comte en passant par La-Roche-sur-Yon. Soit près de 80 entreprises vendéennes de fabrication de fenêtres/véranda employant environ 5 000 personnes. Les plus fameuses s’appellent Akena, Concept alu, K-Line, Ouest alu, Seralu ou Véranda Rideau. Les Pays de la Loire pèseraient d’ailleurs pour 60 à 70 % de la consommation française d’aluminium primaire, selon les professionnels, majoritairement importé aujourd’hui de Chine, de Russie, d’Inde ou du Canada.

Figure tutélaire du secteur, André Liébot, président du groupe du même nom, alerte : "Si on ne maîtrise pas l’amont, on passera sous les fourches caudines de ceux qui nous approvisionnent. Nous devons gagner notre indépendance." Alors que l’instruction du dossier ICPE (Installation classée protection de l’environnement) de la fonderie bas carbone Coralium suit son cours, Bruno Léger, directeur général de Liébot, reconnaît aussi "une collaboration très étroite avec les services de l’État. La dépendance française aux métaux critiques est une préoccupation du gouvernement. "Le cours de l’aluminium a bondi au fil de la crise sanitaire puis de l’invasion russe en Ukraine pour atteindre un maximum de 3 983 dollars (3 756 euros) la tonne début mars, soit une multiplication par deux en deux ans. Il est depuis redescendu à 2 765 dollars (2 607 euros) la tonne.

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