Vendée
Le fabricant de menuiseries K-Line déploie la RSE sur toute la ligne
Vendée # Industrie # RSE

Le fabricant de menuiseries K-Line déploie la RSE sur toute la ligne

S'abonner

Fer de lance du groupe vendéen Liébot, K-Line dévoile sa feuille de route pour lutter contre le changement climatique. Au cœur de la stratégie RSE du fabricant de fenêtres, de portes d’entrée et de baies coulissantes, un "plan de transition environnementale" et un investissement de 42 millions d’euros dans son usine d’aluminium recyclé Coralium.

Mickaël Onillon, responsable environnement K-Line, Christophe Klotz, directeur RSE du Groupe Liébot, Olivier De Longeaux, directeur général de K-Line et Jean-Pierre Liébot, président du Groupe Liébot lors de la présentation du Plan de transition environnementale K-Line Planet — Photo : David Pouilloux

L’endroit n’est encore qu’un champ écrasé par la chaleur de septembre. Sa surface est rabotée par des pelleteuses et ne dit rien de ce qui l’attend. Mais bientôt, sur un terrain de 70 000 m², s’élèvera un bâtiment de 9 600 m², la prochaine usine du recyclage et fonderie d’aluminium de K-Line baptisée Coralium. Le champion vendéen de la menuiserie, fabricant de fenêtres, de portes d’entrée et de baies coulissantes, investit 42 millions d’euros ici, avec le vendéen Fineiral, spécialiste de l’extrusion de profilés en aluminium, pour produire jusqu’à 40 000 tonnes d’aluminium recyclé. Ici, nous sommes à Sainte-Hermine, et Jean-Pierre Liébot, qui a pris en janvier dernier la présidence du groupe du même nom, vient de planter un acacia doré pour inaugurer ce chantier gigantesque de cette filiale du groupe familial. "Cet arbre est un symbole. L’acacia est capable de repousser indéfiniment, explique le dirigeant vendéen. C’est à l’image de l’aluminium que l’on peut recycler à l’infini. Coralium sera la première usine de ce type en France. Elle produira de l’aluminium bas-carbone, à partir d’aluminium de menuiseries en fin de vie qui sera recyclé sur place, en Vendée, au lieu de partir à l’étranger."

Plan de transition environnemental

Plantation d’un acacia, sur le site de l’usine Coralium de K-Line et Fineiral, à Sainte-Hermine, en Vendée. Ce projet, à 42 millions d’euros, a bénéficié d’une aide de l’État de 9 millions d’euros — Photo : David Pouilloux

Quelques heures plus tôt, dans une salle climatisée, Jean-Pierre Liébot était accompagné du directeur général de K-Line, Olivier de Longeaux, et du directeur de la RSE du groupe familial, Christophe Klotz. Ces deux hommes ont dévoilé le "plan de transition environnementale" de K-Line. Cette filiale compte 1 800 salariés, autrement dit environ la moitié du personnel d’un groupe qui en compte 3 500. En matière de RSE, elle est le fer de lance d’un groupe qui se définit comme une entreprise "responsable et engagée" dans un secteur gourmand en carbone. "Le secteur du bâtiment a un rôle majeur à jouer dans la transition écologique, estime Olivier de Longeaux. Il représente à lui seul en France 18 % des émissions de gaz à effet de serre, soit le troisième secteur après ceux du transport (29 %) et de l’agriculture (21 %)."

"On n’a pas le choix. On doit suivre les recommandations des accords de Paris"

Le réchauffement climatique, les vagues de chaleur, les épisodes de canicules qui se répètent, les alertes à répétition du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont impulsé un changement d’état d’esprit chez les industriels, et imposé un éventail de nouvelles normes de construction pour les économies d’énergie (RE 2020) et pour les productions industrielles (REP, ou responsabilité élargie des producteurs). "Nous avons décidé de faire confiance aux experts, aux scientifiques, indique Christophe Klotz, le directeur de la RSE du groupe Liébot. Le programme K-Line Planet ambitionne de réduire de 30 % nos émissions de gaz à effets de serre dès 2030, puis de 80 % en 2050. On n’a pas le choix. On doit suivre les recommandations des accords de Paris. Aujourd’hui, un Français émet par sa consommation et ses déplacements entre 10 et 11 tonnes de CO2 par an. Il faudra être à 2 tonnes par personne en 2050."

10 à 11 millions de fenêtres

Olivier De Longeaux, directeur général de K-Line — Photo : David Pouilloux

L’effort est considérable. D’où l’ambition nécessaire du groupe industriel qui évolue dans un écosystème amené à faire beaucoup mieux. Pour avoir une idée du marché sur lequel prospère cette entreprise, il est à noter que chaque année, entre 10 et 11 millions de fenêtres sont posées en France, dont 70 % pour de la rénovation de bâtiment et 30 % en neuf. Et que 90 % de ces fenêtres sont fabriquées en France. "Nous sommes leader en France, note Jean-Pierre Liébot, tout en gardant secret le volume de production de sa filiale phare K-Line. Et dans le top 5 européen." Une place que le groupe vient d’ailleurs de renforcer avec l’acquisition de l’allemand PaX.

Le chantier RSE, pour K-Line, concerne en réalité tout le cycle de vie de ces produits (fenêtre, baie vitrée, porte d’entrée, etc.), de la matière première (aluminium, verre, PVC, bois…), jusqu’à sa fin de vie et le recyclage. La première chose à faire, avant de construire un plan bas carbone pour 2030 et 2050, consistait ainsi à savoir d’où partait K-Line niveau carbone. "K-Line est la première entreprise dans le secteur de la fenêtre à avoir réalisé et diffusé sur le site de l’Ademe son bilan carbone 2019 accompagné de son plan de transition, explique Mickaël Onillon, responsable environnement K-Line. Pour son bilan, notre entreprise a pris en compte toute sa chaîne de valeur, en y intégrant ses activités amont et aval, pour évaluer au plus juste ses émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes."

A l'issue de cette première étape, K-Line a été sélectionnée par l'ADEME pour participer à l'expérimentation Expedite afin de tester une méthode de décarbonation des consommations énergétiques de l'industrie française. Et en 2022, cette filiale de Liébot a ainsi fait partie des 2 seuls industriels français retenus par l'ADEME pour évaluer la pertinence des actions menées au regard des objectifs de réductions fixés avec la méthodologie ACT Pas à Pas.

Aluminium bas carbone

Christophe Klotz, directeur RSE du Groupe Liébot — Photo : David Pouilloux

"Notre bilan carbone nous a permis de voir que 80 % de nos émissions de carbone provenaient de l’amont et de l’aval", explique Christophe Klotz. L’amont, ce sont principalement les matières premières qui servent à fabriquer l’aluminium et le verre, dont la production représente à elle seule 86 % des émissions de gaz à effet de serre. L’aval, c’est la déconstruction des bâtiments et le recyclage des menuiseries en fin de vie, ainsi que le transport vers les clients. Sur les 209 000 tonnes de carbone émis pour la production, le transport, l’installation, le retrait en fin de vie et le recyclage des produits K-Line, environ 31 000 sont liées aux activités propres de l’entreprise vendéenne. C’est sur ce constat que reposent les 7 axes du plan de transition environnemental : approvisionnement, fabrication, transport, mise en œuvre sur les chantiers, exploitation des bâtiments, déconstruction et fin de vie des produits.

Le premier axe est stratégique. Il concerne l’approvisionnement en matière première. "Dès 2025, l’utilisation de l’aluminium recyclé qui sera produit par Coralium, aluminium bas carbone, nous permet de réduire de 95 % nos émissions de CO2 sur le volet approvisionnement, se réjouit Christophe Klotz. Rien qu’avec cette donnée-là, on sera dans les clous pour le - 30 % d’émissions de CO2, pour 2030." L'aluminium primaire, issu des mines, en particulier chinoises, proviendra de la déconstruction des bâtiments et sera fourni par des recycleurs locaux.

"Nous tenons à nous engager sur l’éco-conception, avec des nouveaux produits qui afficheront un bilan carbone en baisse de 40 %"

"Le projet Coralium, d’un montant total de 42 millions d’euros, a obtenu des aides de l’État à hauteur de 9 millions d’euros (5,4 millions d’euros de subventions et 3,6 millions d’euros de prêts) dans le cadre de l’appel à projet métaux critiques de France 2030, glisse Bruno Léger, le directeur général du groupe Liébot. Cet appel à projet vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Un des volets concerne la décarbonation de notre industrie."

Au-delà de ce projet clé conduit par les familles Liébot et Corre, un autre axe de progrès concerne la fabrication des menuiseries dans les usines du groupe, moyennant plusieurs millions d’euros investis. Les plans d’action sont en cours : 100 % d’éclairage LED dans les bâtiments d’ici à 2025, remplacement à 100 % des chariots élévateurs à gaz par des chariots électriques, réduction de près de 30 % de la consommation de gaz, installation de 12 000 m² de panneaux photovoltaïques... "Une vingtaine de chantiers d’amélioration sont en cours, précise le directeur général de K-Line, Olivier de Longeaux. Nous tenons également à nous engager sur l’éco-conception, avec des nouveaux produits qui afficheront un bilan carbone en baisse de 40 %. Cela demande de l’innovation, mais c’est un défi que l’on veut relever. On s’engage par ailleurs à ce que 100 % de nos nouvelles fenêtres démontables et recyclables."

Améliorer la filière

Utilisation de biocarburant HVO pour le transport de ses menuiseries, recyclages des palettes, récupération des emballages, menuiseries intelligentes : les efforts pour réduire le bilan carbone touchent toutes les étapes de la vie des produits K-Line. Fortement impliquée dans la démarche Valobat (éco-organisme du bâtiment), K-Line a conscience que des efforts restent à faire. "Il y a des habitudes dans le bâtiment qu’il va falloir changer", résume le président du groupe Liébot, Jean-Pierre Liébot. "Il reste un énorme effort à faire du côté du recyclage des verres plats, qui sont l’autre composant essentiel de nos fenêtres et de nos baies vitrées, reconnaît Christophe Klotz. Aujourd’hui, 97 % de ce verre part à l’enfouissement." Il ajoute : "Notre plan d’action est ambitieux, mais tout n’est pas écrit. Il va falloir être innovant. Tendre la main à ceux qui veulent nous aider. L’important est de jouer collectif pour améliorer la filière et le monde de demain." La conclusion revient au directeur général du groupe Liébot, Bruno Léger : "Ces matières issues de la déconstruction du bâtiment sont un immense gisement. On ne sait pas assez à quel point le monde du bâtiment est en train de faire sa révolution. Demain, il n’y aura pas de place pour les matériaux qui ne seront pas biosourcés ou non bas-carbone."

Vendée # Industrie # RSE # Investissement industriel # Made in France
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise K. LINE