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L’Hydroptère 2.0 devient une plateforme R&D du maritime et de l’aéronautique
Nantes # Industrie # Innovation

L’Hydroptère 2.0 devient une plateforme R&D du maritime et de l’aéronautique

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Gabriel Terrasse a ramené en mars dernier l’Hydroptère, trimaran le plus rapide en mer dans le monde, d’Hawaï à Chantenay (Nantes). L’entrepreneur souhaite faire de ce bateau un véritable laboratoire à ciel ouvert pour tester les innovations du maritime et du secteur aéronautique en conditions extrêmes. Entreprises et universités ont déjà manifesté leur intérêt.

Gabriel Terrasse a ramené l’Hydroptère dans le quartier du Bas-Chantenay à Nantes — Photo : Benjamin Robert

Rien de moins que le voilier de haute mer le plus rapide du monde. Ramené d’Hawaï par Gabriel Terrasse, l’Hydroptère est depuis mars en pleine rénovation sous un hangar de Seco Marine dans le quartier du Bas-Chantenay à Nantes. Le bateau, imaginé par Alain Thébault et Éric Tabarly et signé du cabinet d'architecture navale VPLP, y est transformé en véritable laboratoire au service des recherches menées par les industriels et universités de deux secteurs : le maritime et l’aéronautique.

Un concentré de technologies

Il faut dire que les frontières technologiques entre ces deux mondes sont minces, et ce voilier, qui vole au-dessus de l’eau, en est un des exemples les plus frappants : une partie est directement inspirée de la poutre ventrale de l’A 340, et les foils sont issus d’une technologie des Mirage 2 000. Grâce à ces technologies, l’Hydroptère a dépassé en 2009 les 55 nœuds (103 km/h) en mer. Un record qui tient toujours. "Le train avant des avions Rafale est soumis à des efforts de 30 tonnes, là où les pièces de l’Hydroptère font face à des contraintes d’environ 60 tonnes. Tester des matériaux à bord permet de les soumettre à des conditions extrêmes, car c’est le seul bateau capable d’encaisser ces efforts-là", complète Gabriel Terrasse, qui a créé pour ce faire la société Hydroptère 2.0 en 2021. Composée aujourd'hui d’une dizaine de salariés dont quatre temps plein, l'entreprise propose aussi du sponsoring aux entreprises qui souhaitent profiter de la visibilité d’un bateau mondialement connu. "Suivant les événements, cela peut toucher autant le grand public, le secteur du luxe, ou les spécialistes de l’ingénierie navale lors de salons B to B", témoigne Gabriel Terrasse. Ce dernier envisage un chiffre d’affaires situé entre deux et trois millions d’euros d’ici trois ans.

De nombreuses pièces de l’Hydroptère sont en titane, carbone ou Kevlar, et sont inspirées de l’aéronautique — Photo : Benjamin Robert

Trois spin-off à venir

Le navire sera mis à contribution pour tester la solidité de matériaux, de pièces spécifiques, ou encore de matériel électronique. "Outre la résistance engendrée par l’eau, les innovations doivent faire face à la corrosion de l’environnement salin", détaille Gabriel Terrasse. L’Hydroptère se pose ainsi en alternative aux expériences aéronautiques par décollage d’avions, qui nécessitent de longs délais réglementaires. "Pour nous, les seules contraintes sont de ne pas faire prendre de risques à l’équipage, ni de casser le bateau. Autrement, toutes les technologies peuvent être testées rapidement". L’Hydroptère devrait être remis à l’eau en 2024. En attendant, la société a acquis l’Hydroptère. Ch. Plus petit, ce catamaran suisse va permettre à la société de débuter les expérimentations dès septembre. "Une expérimentation est déjà planifiée avec une grande entreprise du naval", ajoute le fondateur.

L’Hydroptère est actuellement en pièces détachées. Il devrait être remis à l’eau en 2024 — Photo : Benjamin Robert

En parallèle de ces prestations, l’Hydroptère 2.0 mène ses propres recherches. Elle a, par exemple, noué des partenariats avec l’École polytechnique fédérale de Lausanne, autour d’hélices à haut rendement, et de l’optimisation des opérations d’écopage (remplissage en eau des Canadair). Ces deux projets de recherche déboucheront sur la création de deux spin-off d’ici la fin d’année. "Les investisseurs choisissent ainsi de se positionner sur tel ou tel projet selon leurs critères", justifie Gabriel Terrasse. Pour accélérer ces recherches, l’entreprise a d’ailleurs émis une offre de rachat des actifs de Lisa Airplanes, qui avait développé des foils permettant à un hydravion de se poser sur l’eau même en cas de fortes houles. Puis, une troisième spin-off devrait suivre, autour d’un projet mené avec l’IETR (Institut d’électronique et des technologies du numérique) de Rennes. À terme, l’Hydroptère 2.0 se rêve ainsi en véritable usine à start-up.

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