Les ports de Strasbourg (Bas-Rhin) et de Kehl (Bade-Wurtemberg) voient passer à eux deux près de 11 millions de tonnes de marchandises chaque année (dont 7,6 millions de tonnes à Strasbourg). Petite originalité dans le monde plutôt fermé des établissements publics : ils cultivent des liens historiques, puisque depuis leur création chacun est représenté au sein du conseil d’administration de son homologue. Ces échanges facilitent aujourd’hui l’harmonisation de leurs projets stratégiques respectifs. La construction d’un partenariat est ainsi en cours, pour renforcer la cohérence des actions et notamment réaliser des investissements communs. Objectif : aboutir à un plan d’action avant la fin de l’année.
Des actions de communication communes
La démarche engagée par les deux autorités portuaires se concentre sur cinq thématiques : la transition écologique, l’adaptation au changement climatique – en particulier la multiplication des basses eaux, qui réduisent la capacité et la fiabilité du transport fluvial -, la décarbonation des transports et des activités portuaires, le franchissement de la frontière par le mode ferroviaire et la vocation de centre logistique et économique des deux ports. Strasbourg et Kehl rassemblent en effet quelque 15 000 salariés sur leur territoire et ont la même volonté d’ouverture et de transparence vis-à-vis du public. "Nous souffrons de la même méconnaissance des riverains et des élus. Kehl est aujourd’hui le septième port intérieur allemand, mais nous avons du mal à préserver l’usage économique des terrains situés le long de l’eau", indique le directeur du port allemand de Kehl, Volker Molz.
Une coopération faite de petits pas
Pour améliorer la perception de la zone portuaire auprès du grand public, des visites en bateau des installations de Kehl et de Strasbourg sont organisées. Le Port de Strasbourg a également mis sur pied, au mois de mai dernier, un forum de l’emploi dédié à la féminisation des métiers fluviaux, "Les elles du Rhin", auquel son homologue allemand a été convié. Ce type d’évènement devrait être reconduit. Les deux ports prévoient également de réaliser un support de communication commun. "L’objectif est de construire ce partenariat pas à pas, en s’appuyant sur des réalisations concrètes", note Claire Merlin, directrice générale des Ports de Strasbourg.
Enjeu pour les deux partenaires : ne pas s’essouffler au passage. Dans les dossiers de coopération de grande envergure, les délais administratifs sont en effet vite rédhibitoires. "Le projet de valorisation de la chaleur produite par l’aciérie BSW de Kehl pour le chauffage urbain strasbourgeois a plus de 30 ans !", rappelle ainsi Volker Molz. D’autres discussions concernent le développement de la filière hydrogène et la nécessité de planifier la construction de capacités de stockage communes. De par les contraintes qu’elles induisent en matière de sécurité, ces installations pourraient en effet mettre en péril l’activité économique dans les ports. Citons également la problématique réglementaire en matière ferroviaire, qui rend le passage des trains entre Strasbourg et Kehl (et inversement) très compliqué.
