La digitalisation des espaces portuaires est un véritable challenge dans le contexte d’incertitude lié au Brexit et l’hypothèse d’une absence d’accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne à la date fatidique du 29 mars 2019. Évoquant cette perspective lors du CIMer à Dunkerque, le Premier ministre Édouard Philippe rappelait que dans ce cas : « il faudra construire des installations pour la police aux frontières, faire en sorte que les douaniers soient présents au rendez-vous et puissent travailler dans de bonnes conditions, avec des zones de stationnement de taille conséquente et des renforts en matière de contrôles phytosanitaires ».
Étendre l'expertise à toutes les typologies de marchandises
Dans tous les cas de figure, les ports normands seront largement concernés par la nouvelle donne dans les échanges transmanche. Cette perspective a conduit le havrais Soget, spécialiste des systèmes d’information portuaires (Port Community system), à lancer une solution pilote baptisée « EasyBrexit » destinée à gommer la frontière logistique entre les rives de la Manche. Avec les principaux ports normands et nordistes déjà équipés de ses solutions technologiques, Soget « souhaite transformer l’inquiétude des futures obligations du Brexit en opportunités stratégiques via notre nouvelle plateforme neutre et communautaire d’échanges sécurisés d’informations », explique Hervé Cornède.
En fait, le système d’information de Soget gère déjà les mouvements des armements rouliers transmanche au Havre, à Caen-Ouistreham et à Calais. Avec EasyBrexit, l’entreprise havraise étend son expertise du traitement numérique du conteneur à toutes les typologies de marchandises, et notamment aux camions. « Le partage des informations liées aux marchandises dans EasyBexit permettra de franchir sans contrôle physique systématique les postes frontières portuaires », assure Olivier-Jean Degauchy, directeur de Soget Innovation.
Accélérer la chaîne logistique
Une importante étape dans le processus de digitalisation portuaire a été récemment franchie au Havre, avant de s’étendre à tout l’Axe Seine. En effet, le logiciel de gestion d’escale S-WING utilisé par la Capitainerie du Port pour suivre en temps réel toutes les opérations liées à l’accueil des navires est désormais compatible avec le logiciel Port Community System S) ONE développé par Soget. Cette plateforme d’échange d’informations accessible à tous les acteurs de la chaîne logistique permet de faciliter le transport international de marchandises.
Fin octobre, une escale du MSC-Mirjam opérée par l’entreprise Terminaux de Normandie sur son site de Port 2000 a servi de démonstration lors de la présentation du système développé par Soget. « Sur l’Axe Seine, le Port Community System S) ONE concerne 450 entreprises – soit 4 000 utilisateurs - exerçant une vingtaine de métiers », a précisé Hervé Cornède, président du directoire de Soget. « L’avenir est à la digitalisation des espaces portuaires », souligne de son côté Antoine Berbain, DG délégué d’Haropa. Celui-ci y voit « un enjeu de taille pour offrir un passage de la marchandise toujours plus rapide, efficace, intelligent, et sécurisé ».
