L’entreprise d’insertion rennaise Trocabi (17 salariés), à la tête de trois magasins de vêtements solidaires situés dans les quartiers prioritaires de la ville de Rennes (aux Champs Manceaux, Maurepas et Le Blosne), a baissé définitivement le rideau le 19 juillet. La société était endettée à hauteur de 450 000 euros et avait été placée en redressement judiciaire en mars dernier. Faute de repreneur, le tribunal de commerce de Rennes a acté sa liquidation. "Un crève-cœur", déplore dans un communiqué son propriétaire, le groupe coopératif d’insertion rennais Ressources T-Envie (260 salariés dont 160 en insertion, 12 M€ de CA). Un reclassement d’une partie de ses salariés auprès de ses autres structures d’insertion est en cours d’examen.
Maillon pour l’insertion
Créé en 1983, Trocabi a favorisé pendant quarante ans l’entraide et la solidarité en proposant dans ses boutiques des vêtements de seconde main à petit prix. Ses magasins étaient aussi des lieux d’échange. L’entreprise a démontré "qu’elle était un maillon essentiel pour l’insertion, l’économie sociale et solidaire, la lutte contre la pauvreté, le développement durable, la transition écologique, le développement social local, l’égalité femmes hommes, l’impact économique et l’emploi dans les quartiers prioritaires de la ville", souligne le groupe coopératif breton, acteur majeur de l’accompagnement des personnes vers un retour à l’emploi durable.
La société coopérative d’intérêt collectif, connue pour son activité de recyclage et vente d’appareils électroménagers dans différents endroits en Bretagne, avait repris Trocabi en mars 2020, pour répondre à une sollicitation de Rennes Métropole. Malgré des travaux de modernisation, "la situation a continué à se dégrader", souligne-t-elle. En cause, l’explosion des charges liées à l’inflation et une contraction des recettes pour ses boutiques du Blosne et des Champs-Manceaux, en raison de la fermeture d’autres commerces environnants.
"Modèle précaire"
Les collectivités locales (le Département d’Ille-et-Vilaine et Rennes Métropole) et l’État ont accompagné pendant plusieurs années le modèle économique "précaire" de Trocabi. Jusqu’au dernier plan de redressement où les parties prenantes n’ont pas réussi à trouver les aides suffisantes pour la poursuite de l’activité. "On pensait jusqu’au bout qu’on trouverait une solution, regrette Edwige Mansier, directrice adjointe du groupe Ressources T, c’est très frustrant. Les clients de nos magasins étaient les habitants des quartiers, ce sont eux qui vont pâtir le plus de cette fermeture."
