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L’élevage régional poursuit son déclin
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L’élevage régional poursuit son déclin

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Les difficultés et le ras-le-bol s’accentuent dans l’élevage en Nouvelle-Aquitaine, comme le rapporte la chambre d’agriculture régionale dans son dernier bilan annuel. Face au recul de production dans l’ensemble des filières, les responsables craignent que ce contexte défavorable ne contribue à une perte de l’autosuffisance alimentaire nationale.

La collecte de lait de vache continue de baisser de 7 % par an — Photo : Thierry Ryo

Le déclin a beau être une tendance de fond qui court depuis plusieurs années, les derniers chiffres fournis par la chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine sur l’élevage restent préoccupants. La collecte de lait de vache continue de baisser de 7 % par an, le cheptel bovin a diminué de 15 % depuis 2010. Du côté des bovins viande, les dernières données évoquent la poursuite d’une "décapitalisation" : -3 % de vaches et -5 % de naissances. L’offre se réduit, elle aussi, avec une baisse de 8 % des abattages de vaches en 2023, entraînant une hausse des prix à la production et une baisse des exportations.

Le retrait des volumes d’abattage atteint -17 % en viande ovine, -5,3 % sur les porcs sur les premiers mois de l’année et de -11,5 % sur les volailles de chair au niveau national. Les abattages de canards, touchés par l’épidémie de grippe aviaire, restent inférieurs de 26 % à ceux de 2021 et 2022 malgré un redressement depuis mai et le début de la campagne de vaccination en octobre.

Une tendance qui inquiète

"C’est une tendance qui commence à inquiéter pour notre autosuffisance alimentaire, nous sommes en train de basculer dans une dépendance à l’importation", s’inquiète Luc Servant, président de la chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine. Le responsable rappelle aussi que la France est déficitaire en viandes depuis 2014 et que la dégradation du taux d’autosuffisance s’accentue pour atteindre 88 % prévus en 2023.

La hausse des importations est notamment visible pour les poulets ukrainiens, qui inondent le marché depuis la suppression des droits de douane, à des prix quatre fois plus bas que les coûts de production intérieurs, le tout dans des élevages bien plus vastes. "Il y a un ras-le-bol global des éleveurs par rapport au temps de travail, au capital investi, aux difficultés pour monter des projets, aux changements sociétaux et environnementaux et à l’image de la viande en général, sans compter les mises aux normes qui se multiplient. C’est dans le Limousin, par exemple, que nous avons la plus forte baisse du nombre d’exploitations et il n’y a pas de successions. La tendance est à l’extensification et les troupeaux se réduisent", poursuit le porte-parole de la chambre consulaire régionale.

Risque de décrochage

La Nouvelle-Aquitaine, qui a récemment perdu son statut de première région agricole de France au profit du Grand Est, fait face à de multiples obstacles : grippe aviaire, crise viticole et maladie hémorragique épizootique (MHE) touchant les bovins et arrivée d’Espagne vers les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et la Gironde avec 2 136 foyers recensés à date dans le Sud-Ouest. "À part la désinsectisation et la prévention, il n’y a pas vraiment de mesures de protection, seule la baisse des températures pourrait arrêter la propagation. Et la mortalité se situe plutôt à 5 % qu’à 1 %".

"Il y a une difficulté à comprendre qu’on doit faire évoluer nos pratiques et monter en gamme quand le marché n’est pas là, y compris sur le bio avec des coûts de revient trop élevés par rapport aux capacités du consommateur à acheter", ajoute Luc Servant. Au-delà de ces considérations, Luc Servant s’inquiète aussi des mesures prises par la région elle-même, qui a mis en place une éco-socio conditionnalité de ses aides aux entreprises, exploitations agricoles comprises. "Nous craignons une distorsion de concurrence avec d’autres régions voisines qui peuvent avoir des politiques plus souples. Il y a un risque de décrochage."

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