Nouvelle-Aquitaine
Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine : "Nous voulons toucher le maximum d’entreprises possible"
Interview Nouvelle-Aquitaine # Collectivités territoriales

Andréa Brouille vice-présidente de la Région Nouvelle-Aquitaine en charge du développement économique "Nous voulons toucher le maximum d’entreprises possible"

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Fin mars, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine doit soumettre au vote le règlement d’intervention de sa feuille de route économique 2022-2028. Il fait évoluer les conditions d’attribution des subventions régionales. Andréa Brouille, vice-présidente en charge du développement économique, en explique les grandes lignes.

Andrea Brouille, vice présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge du développement économique — Photo : Région Nouvelle-Aquitaine/F.Roch

Vous sortez d’une tournée de présentation dans les 13 départements du SRDEII (Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation). Quels en sont les grands axes ?

Le premier est d’accélérer les transitions, autrement dit d’aider les entreprises à réduire leur consommation d’énergie, favoriser la transmission des savoir-faire et des compétences pour maintenir les emplois sur nos territoires ou encore faire évoluer les sociétés vers des achats plus locaux.

Le second est de renforcer notre souveraineté par l’innovation, qui pèse quasiment 25 % du budget du pôle économique de la collectivité (500 M€ par an et 150 M€ de plus de crédits européens). Notre programme phare, l’usine du futur, démontre que l’innovation n’est pas que technique mais aussi sociale, et que nous sommes capables d’accompagner les entreprises pour qu’elles améliorent leur compétitivité tout en agissant sur les conditions de vie au travail de leurs salariés afin de les fidéliser et de pouvoir recruter.

Le troisième est de consolider les atouts des territoires pour développer leur attractivité, attirer des entreprises et les maintenir. Cela passe notamment par la mise en adéquation de l’offre de formation et des besoins des entreprises. Par ailleurs, on sait très bien que le foncier ne suffit plus et que lorsqu’une entreprise vient s’installer, il faut aussi s’occuper des salariés et de leurs familles ou faire en sorte d’éviter de potentiels problèmes de sous-traitance ou de partenariats qu’elles pourraient passer.

Fin mars, vous allez présenter au vote un nouveau règlement d’intervention visant l’attribution des subventions d’aide au développement économique des entreprises. Les critères d’attribution vont-ils évoluer ?

Oui. Ils évoluent car le contexte sanitaire et les crises sont passés par là. Beaucoup d’entreprises intéressent leurs salariés aujourd’hui, notamment via des dividendes. On ne souhaite évidemment pas pénaliser ça, mais plutôt rappeler que la subvention accordée à l’entreprise ne devra pas servir à payer des actionnaires. Elle doit constituer un vrai effet de levier dans l’investissement et le projet de la société. D’autre part, les conditions d’accès aux aides régionales sont basées sur des critères sociaux et environnementaux qui s’appliqueront à tous ceux qui y prétendent. Notre objectif est de pouvoir continuer à anticiper toutes les crises et accompagner dans une démarche de progression l’ensemble des bénéficiaires des aides. Cela doit préparer les entreprises aux nouvelles réglementations qui arrivent, comme la directive européenne CSRD sur le reporting extra-financier. Nous sommes convaincus que les règles vont se durcir avec le temps et nous voulons garder un temps d’avance et aider ces entreprises à se préparer.

Concrètement, comment ces conditions évolueront-elles ?

Nous proposerons au vote et à l’arbitrage un montant de seuil de 200 000 euros d’aides. En dessous de ce montant, nous élaborerons avec l’entreprise une charte d’engagement avec une grille simple d’actions à mener. Au-dessus, ce sera plutôt une sorte de contrat avec des perspectives d’amélioration sur différents critères, comme un engagement sur le maintien des emplois. En réalité, ces mesures s’appliquent déjà, mais il faut formaliser et démontrer que l’économie fait déjà cet effort, notamment du côté industriel. Ça ne doit pas être une usine à gaz. Je préfère que les agents de la région soient aux côtés des entreprises pour monter des dossiers et accompagner leur projet plutôt qu’elles vérifient derrière elles si elles ont réussi à atteindre leurs objectifs…

Ces conditions seront remises en cause tous les deux ans avec les entreprises concernées. À quelle fin ?

Deux ans, c’est en général la durée d’un projet de développement économique. Ce sera l’occasion de faire un bilan sur les différents critères, savoir lesquels ont aidé ou non et si on veut aller un peu plus loin sur ceux qui ont fonctionné. Si on veut embarquer tout le monde et montrer aux entreprises qu’on est capable de se remettre en question, il faut cette souplesse-là. Le but, c’est qu’on touche le maximum d’entreprises possible et ne pas leur faire peur. L’écosystème économique néoaquitain est constitué en majorité de TPE et de PME qui n’ont pas forcément d’ingénierie ni le temps de monter des dossiers. Il ne faut pas que les entreprises en viennent à avoir l’impression que ces aides sont inaccessibles. Les rendre claires, c’est aussi l’objectif.

Nouvelle-Aquitaine # Collectivités territoriales # Réseaux d'accompagnement # Capital