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Le groupe Devillé veut mettre le cap vers les États-Unis
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Le groupe Devillé veut mettre le cap vers les États-Unis

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Dans le secteur très exigeant des pièces de sécurité pour l’automobile, le groupe Devillé, basé à Baugé-en-Anjou, est devenu un acteur majeur, travaillant en rang un ou en rang deux pour de nombreux constructeurs. En 2024, il va franchir un cap, avec une implantation industrielle prévue aux États-Unis.

Expert des pièces automobiles de sécurité, le groupe Devillé prévoit pour 2024 une acquisition outre-Atlantique pour attaquer le marché américain — Photo : © Charlotte DEFARGES

Érigé sur les bases de la société Pradines, installée à Baugé-en-Anjou (Maine-et-Loire) depuis 1959, le groupe Devillé est aujourd’hui un acteur important dans le secteur de la pièce automobile de sécurité, qui représente les deux tiers de son business global. En 2024, il prévoit une acquisition aux États-Unis pour passer un cap et s’imposer sur le marché américain.

106 millions d’euros de CA

Avec 850 collaborateurs, dont plus de la moitié à Baugé (Maine-et-Loire), le groupe Devillé revient en 2023 à un chiffre d’affaires de 106 millions d’euros, celui qu’il atteignait en 2019, avant la crise sanitaire qui a fortement affecté la construction automobile. " Le secteur sort tout juste de la crise, complète Cédric Picard, PDG. du groupe Devillé. Le retour à ce chiffre d’affaires s’explique à la fois par une augmentation des volumes et par une hausse des prix. Nous avons gagné des parts de marché. Nous avons environ 18 millions d’euros de business supplémentaire en 2023." D’autant que ce marché a chuté de 40 % en Europe, continent dans lequel le groupe baugeois assure 90 % de son chiffre d’affaires, le reste étant réalisé en Asie et en Amérique. Spécialiste de la fabrication de composants, il fabrique plus précisément des sous-ensembles aux normes exigeantes, pour les air bags, les ceintures de sécurité, les colonnes de direction, les radars… Des pièces que l’on retrouve dans les automobiles et les camions.

Acier et plastique

Le groupe Devillé, qui fêtera ses 90 ans en 2024, s’est lancé dans le secteur automobile en 1978, avec des fixations pour les ceintures de sécurité. Initialement spécialiste de l’acier avec la fabrication de sécateurs sous la marque Pradines, activité qu’il a cédée en 2021, il s’est ouvert à la plasturgie en 2014, en reprenant les usines de Beaucouzé (Maine-et-Loire), Chasseneuil-du-Poitou (Vienne) et Jihlava (République tchèque) du groupe Altia. Les trois sites emploient respectivement aujourd’hui environ 30, 50 et 150 collaborateurs. "Cette maîtrise des deux univers de l’acier et du plastique nous rend assez uniques, confie Cédric Picard. Nous développons nos propres process de fabrication et fabriquons nos outils et nos moules, avec une centaine de personnes dédiées. Nous sommes à 25 % sous-traitants de rang un pour deux constructeurs et à 75 % en rang deux pour beaucoup d’autres fabricants automobiles, en travaillant directement avec les équipementiers." Outre son unité de Baugé-en-Anjou et ses 450 collaborateurs, la plus importante du groupe répartie sur deux sites distincts, Devillé compte aussi une unité de production en Pologne, à Poznan, créée en 2000 et qui emploie actuellement 200 personnes.

Sécurité automobile

Éléments pour le freinage, ancrages de ceintures, supports de radar ou encore boîtiers d’airbag, depuis peu des éléments pour la transmission : les pièces fabriquées par le groupe Devillé, le plus souvent cachées dans le véhicule, répondent à des normes exigeantes et sont conçues et fabriquées pour des durées de vie importantes. Les deux tiers du business global du groupe gravitent autour des éléments de sécurité. " C’est pourquoi nous avons développé une culture zéro défaut, indique Cédric Picard. Notre positionnement nous permet de travailler en codéveloppement avec nos clients, comme apporteur de solutions." L’équipe R & D du groupe peut répondre à des demandes clients, et son savoir-faire et son expérience dans l’automobile lui permettent aussi d’ouvrir son champ d’action à d’autres secteurs, comme le médical ou les machines industrielles, qui représente aujourd’hui 10 % de son activité. " Nous allons probablement nous développer vers ce nouveau type de marchés, confie Cédric Picard, en allant à terme vers une proportion de 60 % dans le secteur automobile et de 40 % dans d’autres segments industriels."

Cap sur l’Amérique

Dans le domaine automobile, Devillé travaille à près de 15 % pour des constructeurs de camion. Le secteur est en pleine mutation, avec l’arrivée de nouveaux types de motorisation liés à la transition énergétique, qui affecte peu les marchés du groupe baugeois, même s’il travaille par exemple sur des pièces nouvelles, comme des supports de batterie pour véhicules à hydrogène. "Il n’y a pas réellement de technologie de rupture dans le domaine de la sécurité, ajoute Cédric Picard, ce sont plutôt des évolutions par petites touches."

Son savoir-faire éprouvé, si le groupe baugeois a su l’imposer en Europe, il compte bien maintenant l‘exporter outre-Atlantique. Y construire une usine pour y apporter ses compétences prendrait du temps. Aussi, Deville a-t-il opté pour un projet d’acquisition ambitieux qui devrait se concrétiser prochainement. " Notre stratégie est claire depuis longtemps, explique Cédric Picard, et nous avions lancé le sujet en 2022, lorsqu’est arrivée la crise énergétique. Nous le réouvrons aujourd’hui. L’objectif est de devenir fournisseur global sur l’Europe et l’Amérique. Pour cela, nous sommes dans une phase de rapprochement afin d’acquérir une structure aux États-Unis, qui travaille dans l’automobile avec un référentiel de haute qualité."

Un projet prévu au premier semestre 2024

L’acquisition prévue pour cette année permettra au groupe de s’attaquer à une clientèle d’Amérique du Nord et du Mexique, important pays de construction automobile. Devillé veut s’y implanter pour s’ouvrir des marchés, en apporter à ses clients équipementiers automobiles actuels, acteurs le plus souvent mondiaux, et pour suivre ceux qui sont déjà présents sur la place.

"Nous voulons répliquer le succès européen, poursuit Cédric Picard, où le marché est actuellement déflationniste, en Amérique où notre activité est traditionnellement très intégrée aux constructeurs mais où nous pouvons apporter une vraie plus-value. Cette future entité américaine sera la plus autonome possible sur cette région. L’objectif est donc de reprendre un acteur de taille conséquente, avec plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires et le mettre à niveau, pour développer nos produits et nos process." L’acquisition n’est pas encore arrêtée mais le dirigeant du groupe baugeois prévoit qu’elle interviendra au cours du premier semestre 2024.

Avec ce développement aux États-Unis et les performances que Devillé réalise sur le continent européen, le groupe de Baugé-en-Anjou table sur une forte croissance dans les années à venir. " Dès 2025, assure Cédric Picard, avec l’acquisition et grâce aux prises de commandes entrées en 2022 et 2023. À l’horizon 2026 nous devrions aussi avoir une forte croissance organique. " En attendant cette implantation aux États-Unis, le groupe, en retrouvant ses 106 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2023, a enregistré une croissance de 19,2 %. " Nous surperformons dans un marché qui a baissé de 40 % en Europe ", se réjouit son dirigeant.

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