Au bord de l’Escaut, les 90 000 m² de la friche Vallourec à Saint-Saulve (59) ne vont pas rester inoccupés longtemps. Dès le début 2024, l’ancienne tuberie, dont l’activité a progressivement cessé entre 2018 et 2022, va accueillir une nouvelle activité de logistique industrielle, portée par le Groupe Cochez. En effet le groupe valenciennois (450 salariés, 50 M€ de CA 2023) a remporté l’appel d’offres pour la reprise du site, face à une concurrence féroce, glisse son dirigeant Pascal Cochez, habitué des sauvetages industriels en tous genres.
"Il y a eu une grosse compétition pour le site, avec plusieurs acteurs internationaux. Notre projet a été retenu car c’était le seul qui maintenait l’intégrité des constructions, les autres voulaient tout raser", se félicite Pascal Cochez. L’industriel s’est entouré d’investisseurs privés pour réaliser "l’investissement le plus important depuis la création du groupe". Le montant de l’opération, englobant le rachat du site et des travaux d’aménagement, n’est pas communiqué.
Une plateforme multimodale
Si le Groupe Cochez s’est engagé à conserver l’existant c’est que justement, ce sont les infrastructures présentes sur le site qui ont en premier lieu attiré son attention. "Nous repartons d’une page blanche, comme quand j’ai repris l’usine de Valenciennes. Depuis deux ans, j’étais à la recherche d’un site équipé de ponts roulants pour continuer à développer mon activité de logistique industrielle, nous n’avons plus assez de place à Valenciennes. Mais ces équipements se font rares dans la région. Quand Saint-Saulve a été proposé à la reprise, je n’ai pas hésité. Le site est six fois plus grand que le nôtre," retrace Pascal Cochez.
Une large portion de l’ancienne tuberie va donc être transformée en une plateforme multimodale pour la logistique industrielle, approfondissant le sillon creusé par le Groupe Cochez à Valenciennes depuis 2008. Dans ses locaux, le Groupe stocke, pour le compte de clients industriels, tous types de matériels soumis à convoi exceptionnel - convois assurés par sa filiale spécialisée Sitca. Machines-outils, matériels divers, peuvent donc transiter par les entrepôts de Cochez plutôt que d’être conservés chez ses clients, qui manquent souvent de place. "Le site de Saint-Saulve nous offre une dimension supplémentaire, puisqu’il est embranché fer, et donne sur le port fluvial de Bruay-Saint-Saulve, avec le terminal opéré par Contargo. L’Escaut, relié demain au Canal Seine-Nord, nous emmène jusqu’aux grands ports de la côte belge," souligne Pascal Cochez, qui s’apprête à proposer un service d’expédition de colis lourds, sur des barges.
Un renouveau industriel
Cette position stratégique pourrait également intéresser d’autres acteurs, escompte Pascal Cochez, qui va ouvrir son site à des partenaires. Des industriels pourraient notamment y réimplanter une activité de production. "Nous sommes encore au tout début du projet, tout est à construire. Nous commençons à prendre des contacts, ce sont des domaines où les processus de décision sont très longs. La concurrence pour les implantations industrielles est rude dans la région, mais la dynamique entre nous et nos voisins, l’aciérie Saarstahl Ascoval et Contargo, nous place sur la carte au même niveau que Douai, Douvrin ou Dunkerque", affirme le dirigeant.
À terme, 500 emplois devraient être recréés à Saint-Saulve, dont environ la moitié serait liée à la seule activité du Groupe Cochez.
