Le groupe CAL accélère dans le machinisme agricole avec deux nouvelles filiales dédiées
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Le groupe CAL accélère dans le machinisme agricole avec deux nouvelles filiales dédiées

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À l’échelle du groupe CAL, installé à Laxou à proximité de Nancy, c’est une petite révolution : la Coopérative agricole lorraine vient de scinder son pôle agroéquipement en deux filiales distinctes, dédiées à la vente et à la maintenance de machines agricoles.

Avec ses deux nouvelles filiales, le directeur général adjoint du groupe CAL, Didier Lemarquis, ne cache plus les ambitions du groupe — Photo : Jean-François Michel

Rassemblés en assemblée générale extraordinaire fin avril, les adhérents de la Coopérative agricole lorraine, le groupe CAL, basé à Laxou à proximité de Nancy, ont validé le processus de création de deux filiales à 100 %, opérant dans le machinisme agricole : Mecavista et ManutOne. Une nouvelle organisation, imaginée il y a plus de dix-huit mois, qui doit permettre au groupe de concrétiser ses ambitions : renforcer ses parts de marché sur son périmètre et réaliser jusqu’à 17 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les engins de manutention agricole. "Cette nouvelle organisation fait partie d’un projet avec pour objectif d’anticiper les évolutions du monde agricole en nous appuyant sur deux piliers : un pôle végétal et un pôle agroéquipement", détaille Didier Lemarquis, directeur général adjoint du groupe CAL.

30 % du chiffre d'affaires par le pôle agroéquipement

À côté de ses trois métiers de base que sont la collecte de céréales, l’approvisionnement pour les agriculteurs et l’élevage, le groupe CAL a développé depuis les années 50 une activité autour du machinisme agricole. "Par rapport à d’autres coopératives, nous avons un apport plutôt élevé de l’activité machinisme", souligne Didier Lemarquis. Sur les 250 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés par le groupe lorrain, 80 millions d’euros proviennent du pôle agroéquipement. Sur les 350 salariés du groupe, 170 sont occupés par la vente et la maintenance de machines agricoles. "Cette situation nous a posé un véritable problème parce que, dans la coopération, nous avons le droit de réaliser 20 % de notre chiffre d’affaires avec des TNA, des tiers non associés. Mais si vous êtes au-delà de ce niveau, vous avez le risque de faire sauter le statut coopératif. En effet, la coopérative n’est pas fiscalisée sur ses résultats quand on travaille avec des adhérents", détaille le directeur général adjoint du groupe CAL.

10 % de croissance par an

Concrètement, dans le modèle coopératif, les agriculteurs s’engagent à travailler avec leur coopérative agricole, sur la vente des céréales par exemple, où seuls les prix du marché ont cours. Une logique un peu moins vraie dans le machinisme agricole, où il devient nécessaire de négocier, de bâtir des plans de financement, avec des reprises de matériels. "De fait, nous travaillons beaucoup avec nos adhérents mais nous avons aussi développé l’activité avec des tiers non associés, des gens qui travaillent avec la coopérative mais qui n’ont pas de capital social, comme des collectivités", précise Didier Lemarquis.

Le décollage de l’activité machinisme date de 2008, avec le rachat de Secop (12 personnes, 6 millions d’euros de chiffre d’affaires), dans le nord de la Haute-Saône. En 2012, la CAL prend le contrôle du groupe Hennequin-Didelot (50 personnes, 20 millions d’euros de chiffre d’affaires), en Moselle. "Avec l’apport de ces deux structures, nous avons quasiment doublé notre chiffre d’affaires", analyse Didier Lemarquis. Depuis cinq ans, le groupe enregistre des croissances annuelles de 10 % sur la vente de matériel agricole : "Sur les 80 millions d’euros réalisés, on a gagné quasiment 10 millions d’euros sur les cinq dernières années", détaille Didier Lemarquis.

Une dynamique sur laquelle la nouvelle filiale, Mecavista, chargée de la distribution des agroéquipements de la marque John Deere, va pouvoir s’appuyer pour réaliser 70 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 164 salariés et 14 bases couvrant le territoire de la CAL, permettant d’assurer des opérations de maintenance. "Il faut être très clair, nous sommes leader du marché lorrain, avec un tracteur sur quatre vendu qui est un John Deere", insiste Didier Lemarquis, qui anticipe pourtant un plateau dans la croissance du fait de l’arrêt de certains mécanismes permettant de "subventionner à 40 % des équipements".

Un modèle basé sur le service

L’autre filiale, ManutOne, est chargée de la distribution et de la maintenance des engins de manutention du constructeur JCB. "Le marché de la manutention, à travers les télescopiques agricoles, est en plein développement et nous y faisons un peu plus de 30 % de part de marché", détaille le directeur général adjoint du groupe CAL. Une situation qui ne peut pas satisfaire Didier Lemarquis : l’activité de ManutOne pèse aujourd’hui environ 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et "les projections montrent que nous serons rapidement à 12 puis 14 millions d’euros", dévoile celui qui veut atteindre d’ici à trois ans une part de marché de 40 % et 17 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Toute notre stratégie est basée sur le service rendu au client", dévoile Didier Lemarquis. Les engins de marque JCB sont en effet surveillés à distance, un système permettant d’anticiper les pannes.

Capitalisées à hauteur de 28 millions d’euros, les filiales Mecavista et ManutOne doivent aussi permettre au groupe CAL de se positionner sur des perspectives plus lointaines. "Est-ce que, dans quinze ans, on trouvera encore des gens pour s’asseoir au volant d’un tracteur", questionne Didier Lemarquis, en évoquant l’arrivée de robots de traitement dans les vignobles.

De même, la gestion de l’eau et des 800 millimètres qui tombent chaque année en Lorraine aiguillent les réflexions du directeur général : "Aujourd’hui, vous pouvez avoir 400 millimètres de pluie à un moment où l’agriculteur n’en a pas besoin. On peut imaginer de l’irrigation intelligente pour certaines cultures". Autre piste de développement, l’énergie. "Demain, on peut imaginer, avec du matériel fonctionnant à l’hydrogène, avoir des exploitations capables de produire elles-mêmes leur énergie."

Dépassé par les installateurs de méthaniseurs dans un premier temps, le groupe CAL voit aujourd’hui revenir les agriculteurs avec des demandes liées à la maintenance. Pour Didier Lemarquis, l’enjeu est clair : "Nous devrons être capables d’amener des solutions globales d’équipement aux agriculteurs, en nous appuyant sur notre capacité à assurer du service".

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