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L'Atelier Larrieu raconte sa transformation en Scop
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L'Atelier Larrieu raconte sa transformation en Scop

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Jacques Regimbeau est devenu, il y a près de deux ans, le gérant d'Atelier Larrieu, une entreprise artisanale familiale de signalétique qui a basculé dans le monde des scops au moment du départ à la retraite de son dirigeant. Elle emploie 12 salariés pour 1 M€ de CA.

Spécialisée dans la signalétique et la communication extérieure pour les entreprises, la société toulousaine Larrieu est passée au statut Scop en 2014 — Photo : Larrieu

« Tout le mérite de cette mutation revient à Dominique Larrieu, le fils du fondateur de cette PME toulousaine spécialisée dans le marquage de vitrines, enseignes ou encore véhicules, où je suis arrivé au début des années 2000. D'emblée, il avait privilégié cette option et m'avait dit qu'il adorerait que nous reprenions l'entreprise, nous les salariés. Lorsque, proche de la retraite, il a reçu une proposition de rachat, nous nous sommes mis à discuter très sérieusement du principe des scops, à nous renseigner, car l'hypothèse d'une reprise ne nous enchantait guère. »

Quatre salariés ont sauté le pas

« Cette phase d'information a duré très longtemps, deux ans environ, à tel point que les gens de l'Urscop (Union régionale des scops) pensaient que cela ne se ferait pas ! En fait, c'était surtout par manque de temps. Finalement, sur les 12 salariés que nous étions dans l'entreprise, seuls 4 d'entre nous avons franchi le pas pour devenir sociétaires : moi, chef d'atelier directeur technique, un commercial, une commerciale sédentaire qui couvre aussi la gestion administrative et un graphiste, opérateur PAO. Et c'est moi qui suis devenu le premier gérant ; en effet j'avais déjà monté une Sarl dans les années 80. Dans le fonctionnement de tous les jours, je suis décisionnaire mais nous nous réunissons régulièrement tous les quatre pour les décisions plus importantes comme les embauches. Depuis le démarrage, nous avons procédé à deux embauches, une en remplacement d'un départ et l'autre pour suivre l'activité. »

Le défi du juridique

« Si le montage financier n'a relativement pas posé de problèmes car la société se portait bien (l'opération a été financée par emprunt bancaire complété par un compte courant laissé par le cédant et remboursable en 7 ans, ndlr), pour moi, la principale difficulté a été l'aspect juridique, la mise dans la boucle de notre cabinet comptable et de notre avocat avec l'Urscop. Même si nous avons tous suivi des formations. Pour nos clients, je ne pense pas que cela ait changé grand-chose. Toutefois leur typologie est en train d'évoluer, presque naturellement, un renouvellement dû au fait que ce n'est plus Dominique Larrieu qui assure le commercial. En matière de gestion commerciale, nous sommes peut-être moins souples et malléables que du temps de ce dernier. Notre chiffre d'affaires est resté stable (1 M€), par contre, le résultat s'est amélioré.»

Le personnel doit s'impliquer

« En interne, et même pour ceux qui n'ont pas souhaité devenir sociétaires, ce qui a changé, c'est qu'il est difficile de faire admettre que c'est maintenant notre boîte, que c'est elle qui paie les crédits d'acquisition ! Les nouveaux entrants sont obligés de demander à rentrer au capital au bout de deux ans de présence au risque de devoir partir, et les autres ont régulièrement une piqûre de rappel. D'ici à deux ans, j'ai bon espoir que l'on passe à 5 voire 6 sociétaires. En ce qui me concerne, tout cela me va très bien car cela correspond à des convictions et puis, nous avons pu garder notre boulot ! Nous avons conservé un fonctionnement harmonieux au quotidien, notamment grâce à une meilleure gestion des tâches dans le temps. Le fait que nous soyons contrôlés tous les ans par l'Urscop est pour moi un facteur d'équilibre. Nous payons peu d'impôt sur les sociétés grâce à l'accord de participation que nous avons mis en place et qui est déblocable pour tous au bout de 5 ans. Pour la 1re année, elle se montera à 1.900€. Si c'était à refaire ? Je le referais sans hésiter !»

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